Etats-Unis, puissance américaine, Hubert Védrine, hyperpuissance, food power
The Rise and the Fall of the Great Power. Ce titre de Paul Kennedy révèle à lui seul à la fois l'existence passée et le déclin en cours de la toute puissance américaine.
Face à la désintégration de l'URSS en 1991 qui laisse un seul vainqueur par défaut, les Etats-Unis, qui sont actuellement la seule puissance complète et globale, l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine a utilisé la notion nouvelle d'hyperpuissance. En effet, si on accepte la définition selon laquelle la puissance d'un état se mesure à sa capacité à organiser le monde en fonction de ses intérêts, il apparait clairement qu'aucun état au monde ne correspond mieux à cette définition que les Etats-Unis en ce début du XXIème siècle.
[...] Leur modèle capitaliste fut précoce et efficace (économie de marché, interventionnisme sélectif de l'Etat, intérêt pour la recherche et le développement, concentration et multinationalisation des entreprises ) qui a servi de modèle pour le développement de la nouvelle économie mondiale. En outre, les Etats-Unis sont la première puissance financière au monde, et bénéficient du dollar, seule véritable monnaie internationale, pour organiser les échanges mondiaux. Ils disposent des places financières les plus puissantes au monde, qui drainent l'épargne mondiale vers les entreprises et fixent la majorité des cours des matières premières au monde (comme la Bourse des grains à Chicago). [...]
[...] On comprend dès lors l'incertitude qui nait face à cette qualification d'hyperpuissance américaine. Ce déclin se manifeste tout d'abord sur la scène économique. La part des Etats-Unis dans les exportations mondiales de produits High Tech passe de 31% dans les années 1980 à 16% aujourd'hui, celle des exportations de produits industriels passe de 30% dans les années 1945 à 12% aujourd'hui. Ces chiffres montrent qu'il y a bien une recrudescence de l'influence américaine sur la scène mondiale, leurs exportations, ie leurs productions apparaissant de moins en moins indispensables aux yeux du reste du monde. [...]
[...] Mais quoiqu'il en soit, les Etats-Unis demeurent la première puissance mondiale. Si par hyperpuissance, on entend celle qui influence et domine le monde, les Etats-Unis demeurent à ce jour, en dépit d'un certain déclin, les seuls capables de se voir attribuer telle qualification, faute de concurrent apte à prendre leur place. En dépit d'une recrudescence dans de nombreux domaines, les Etats- Unis ont su s'adapter à la nouvelle économie afin de continuer à influencer le monde. Le domaine de l'automobile est à cet effet très révélateur. [...]
[...] C'est d'ailleurs ce que montre André Fontaine dans son œuvre Les Etats- Unis, superpuissance au rabais ? A travers cet ouvrage, il cherche à relativiser cette théorie du déclin, trop largement utilisée, en démontrant que la supériorité des Etats-Unis reste écrasante pour trois raisons principales. Le pays dispose tout d'abord d'une supériorité technologique inégalée, résultat d'investissements en recherche colossaux. Son économie n'a jamais été aussi dominatrice, et enregistre une croissance d'environ 30% au cours de cette dernière décennie. Enfin, la culture américaine demeure : les films américains sont toujours les plus regardés, et les modes suivent encore le modèle américain. [...]
[...] Mais là ne sont pas les seules contestations quant à la puissance américaine, celle-ci est en effet de plus en plus perçue dans l'opinion mondiale comme l'Etat le plus menaçant de la planète, du fait d'une politique extérieure mal comprises et mal acceptée, que l'on accuse de déstabiliser l'équilibre du monde et de certaines régions (notamment Moyen Orient et Asie centrale), tandis qu'on leur reproche de ne pas se soucier suffisamment des questions environnementales et de réduction des inégalités. La toute-puissance américaine apparait donc comme fortement contestée, ce qui explique la remise en cause de son hyperpuissance. De plus, ils apparaissent comme une hyperpuissance concurrencée, fragilisée et décrédibilisée, ce qui explique la recrudescence dont ils font l'objet dans la mentalité mondiale. La montée de la concurrence mondiale est la première cause de la remise en question de l'hyperpuissance américaine. [...]
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