En 1955, le coup de tonnerre de Bandoung consacre l'existence du Tiers monde. Refusant l'alignement sur les superpuissances, Nehru, Nasser ou encore Zhou Enlai s'emploient à définir de nouvelles relations entre les états nés de la décolonisation - le Tiers monde - et les pays industriels, capitalistes ou communistes. La paternité du concept revient à Alfred Sauvy, qui le 14 août 1952, publie dans l'Observateur son article « Trois mondes, une planète » se terminant ainsi « car enfin ce Tiers monde, ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers état, veut lui aussi être quelque chose. » Les points communs de ces pays étant qu'ils sont alors exclus du développement et qu'ils n'ont pas voie au chapitre dans le concert des nations. Après avoir gagné l'indépendance, le Tiers monde cherchera ainsi à sortir du carcan du sous-développement dans le but d'intégrer l'économie mondiale : mais sur quoi mise-t-il ? Le contexte de Guerre Froide, ainsi que sa propre histoire, va orienter ses choix économiques et politiques, pariant sur l'extraversion ou sur l'indépendance nationale.
[...] Des pays du Tiers monde privilégient le développement économique au rôle politique tout en choisissant le camp libéral. Alors que les relations internationales s'organisent autour de la compétition est-ouest, de nombreuses nations, à l'aube de leur indépendance politique, ont voulu échapper à ce monde bipolaire et préserver leur identité. Les conférences du Tiers monde en témoignent de Bandoung à Alger. Mais la quête du développement les conduit à faire des choix idéologiques privilégiant la voie capitaliste ou la voie socialiste, même si certains ont tenté de concilier marché et stimulation étatique à l'image de l'Inde. [...]
[...] Cette stratégie répondue aux théories de l'échange international dont les fondements ont été exposés par David Ricardo en 1817 dans des principes de l'économie politique et de l'impôt, à savoir chaque nation a intérêt à se spécialiser dans l'activité pour laquelle elle détient un avantage comparatif. Dépourvus de ressources, des pays du Sud-est asiatique ont à proposer leur main-d'œuvre comme avantage comparatif ; ils s'insèrent dans la DITE en fournissant des produits industriels : stratégie d'extraversion, remontée des filières industrielles. [...]
[...] Mais, au vu des trajectoires multiples qui se dessinent, y il une place pour le Tiers monde dans l'ordre économique et géopolitique régi par l'affrontement est-ouest ? A Bandoung chefs d'État et de gouvernement afro-asiatique définissent l'unité du Tiers monde et les principes de leur coexistence avec les blocs il s'ensuit une volonté pour nombre d'entre eux de se dégager de l'influence des puissants par un développement autocentré ouvrant la voie à la souveraineté pleine et entière tandis que d'autres sont conduits à s'aligner sur des positions libérales pour gagner la bataille du développement L'irruption du Tiers monde sur la scène internationale . [...]
[...] L'enjeu pour le Tiers monde est de tirer profit des recettes d'exportation de leurs ressources. Dans les années cinquante et soixante, nombreux sont les pays du Tiers monde qui voient dans l'indépendance économique nationale se dessiner leur avenir au point de la revendiquer plus fort encore à Alger. Mais l'unité affichée n'est-elle pas que de façade ? mais ne convainc pas partout. Car la Guerre froide en a convaincu plus d'un à privilégier le développement à l'abri des puissances dominantes parce qu'ils misent sur leurs recettes d'exportations pour s'insérer dans les échanges renonçant à la puissance politique Certains pays ont fait le choix de l'exportation des produits bruts sans rupture avec le passé C'est le cas de la Côte d'Ivoire avec son modèle agro-exportateur : cacao, café, ananas, bois. [...]
[...] Devant une géopolitique si complexe, le Non-alignement est finalement rejeté de la déclaration finale en 1955. Mais il ne demeure pas moins vrai que les pays présents réclament un fonds des Nations Unies pour le développement et l'accroissement des prêts de la BIRD, ainsi que le développement des investissements étrangers sur leurs territoires. L'enjeu est de gagner des transferts de technologies et obtenir des aides financières des deux camps. Le Tiers monde ne se veut ni capitaliste, ni communiste revendiquant sa propre identité, celle de nations pauvres, mais décidées à s'insérer dans l'économie mondiale. [...]
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