Economies d'échelles - économies d'agglomération - rendements d'échelle croissants - concurrence imparfaite - Adam Smith - Banque Mondiale - Paul Krugman - villes - déséconomies - urbanisation
Le World Development Report 2009 de la Banque Mondiale, Reshaping Economic Geography, a trait aux disparités spatiales et politiques de développement. Son chapitre 4 est intitulé « Scale economies and agglomeration », et c'est celui que nous analyserons et débattrons dans ce travail. Il nous faut partir d'un constat factuel évident: le monde d'aujourd'hui connait des inégalités spatiales et économiques importantes. Des grandes villes, modernes et dynamiques, concentrent la plupart de l'activité économique, alors que des villes de moindre taille sont laissées de côté. L'activité économique est répartie de façon inégale sur le territoire et ce, dans quelque pays que ce soit. Quelques faits stylisés des systèmes urbains sont observables: les petites villes, rurales, se contentent souvent d'une production agricole, les villes moyennes se spécialisent dans la production manufacturière alors que les centres urbains les plus denses concentrent innovations, commerces, services et nouvelles industries. Cette répartition spatiale économique vient remettre en cause l'idée d'une concurrence parfaite avancée par Adam Smith, dans laquelle une production à petite échelle serait aussi efficace qu'une production à grande échelle, entrainant des rendements d'échelle constants et le fait que chaque foyer économique doive produire toute la gamme des biens et services. Empiriquement, tel n'est pas le cas, ce qui nous permet de dire que la concurrence pure et parfaite théorisée par Adam Smith n'est qu'un concept théorique artificiel. Et pourtant, ce même Adam Smith, dans « La Richesse des Nations », avançait déjà les gains tirés de la division du travail dans la fabrication d'épingles, ce que l'on appellera des économies d'échelle internes, à l'origine de rendements croissants. Ce n'est qu'à partir des années 1970 que l'idée d'une concurrence imparfaite est acceptée et il aura fallu attendre les années 1990 pour que se constitue un véritable corpus théorique visant à étudier les déterminants de la localisation géographique des activités économiques. Ces travaux s'inscrivent dans le courant la Nouvelle Économie Géographique, dont Paul Krugman (Prix Nobel en 2008) fait figure d'initiateur.
[...] Ensuite, les économies d'agglomération d'urbanisation proviennent des avantages tirés par une entreprise de la proximité géographique avec d'autres producteurs d'une gamme diverse de biens et services. Les centres urbains où la population est concentrée sont attirants pour les entreprises car c'est l'assurance d'un marché potentiel, de consommateurs et de travailleurs. Le diversité industrielle favorise la croissance de services spécialisés, dont la plupart des entreprises peuvent avoir besoin, à l'image du secteur bancaire, publicitaire ou de sociétés de conseil ou d'audit. Les services portent en eux une capacité de co-dépendance et d'agglomération importante. [...]
[...] En effet, une croissance des infrastructures routières parallèle à la croissance du parc de véhicules éviterait nombre de désagréments et de déséconomies d'agglomération en Asie du Sud-Est par exemple. Pour conclure, les économies d'agglomération (ou économies d'échelle externes), qu'elles soient de localisation ou d'urbanisation, constituent un élément central dans l'économie spatiale et urbaine. Il est largement reconnu que la proximité physique des firmes apporte des avantages supplémentaires à la production, expliquant ainsi la concentration parfois extrême des populations et de l'activité économique dans de grands centres urbains et par là-même, les inégalités économiques et spatiales constatées en introduction. [...]
[...] A présent, je souhaiterais apporter quelques réflexions et exemples personnels à ce travail. Tout d'abord, économies d'urbanisation et de localisation ne sont pas exclusives l'une de l'autre et peuvent cohabiter voire se succéder. Par exemple, dans ma région, Midi-Pyrénées, l'activité économique principale est la fabrication d'Airbus dans la ville de Toulouse. De potentielles économies d'urbanisation ont poussé les constructeurs à se fixer à Toulouse, grande agglomération présentant un bassin d'emploi important et la présence d'autres entreprises de services indispensables. Mais la fabrication de la plupart des pièces a été délocalisée à Tarbes, ville de taille moyenne ( habitants), historiquement spécialisée dans l'industrie aéronautique et l'industrie lourde (Alstom, Arsenal et Socata). [...]
[...] Ainsi donc, les entreprises effectuent un arbitrage entre coûts de transport et économies d'échelles, ce qui favorise la concentration et une organisation spatiale des activités économiques sur un modèle centre-périphérie. Cependant, on peut adresser des critiques au modèle présenté par Krugman, qui repose sur des hypothèses qui ne sont pas toujours validées, à savoir que seuls les travailleurs qualifiés sont employés dans l'industrie, ou qu'eux seuls sont mobiles et dépensent tous leurs revenus dans la zone dans laquelle ils les ont perçus. [...]
[...] En raison d'économies de localisation, les constructeurs se sont installés sur le site de l'aéroport de Tarbes-Lourdes, qui leur permet de partager les équipements et surtout les espaces. Et par la suite, de nombreuses entreprises du secteur aéronautique sont venues s'installer autour de l'aéroport, constituant la Zone d'Activités « Pyrène Aéropôle ». Cet exemple illustre bien le fait que les petites villes se spécialisent, accueillant les industries à mesure que celles-ci arrivent à maturité dans une grande ville et relocalisent leur fabrication, mais non leur siège social et administration. [...]
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