Dossier sur la place de la Chine dans l'OMC. Le 11 décembre 2001, la République populaire de Chine (RPC) devenait le 143ème membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) après plus de 15 ans de travaux préparatoires et mettait ainsi un terme à l'une des plus longues et difficiles négociations de son histoire diplomatique. Qualifiée par Mike Moore, le directeur général de l'Organisation, « de moment historique pour l'OMC, pour la Chine et pour la coopération économique internationale », cette accession, savamment orchestrée par les médias chinois, devait stigmatiser les attentes inouïes d'une puissance en devenir et en proie à une pression politique, économique et sociale sans précédent.
[...] Avec la création en 1980 de quatre Z.E.S. (zones économiques spéciales) situées dans les provinces maritimes de Guangdong et de Fujian, zones bénéficiant de politiques économiques préférentielles, les autorités se lançaient dans un programme d'expérimentation de l'économie de marché. Par la suite, la multiplication des zones franches a permis d'attirer un volume illimité d'investissements étrangers. Comme résultat d'une croissance économique exponentielle, et suite à son adhésion a l'OMC, la Chine se place en point de mire du champ d'observation des économistes, des politiciens et des observateurs de la scène internationale. [...]
[...] C'est dire l'importance de la dimension diplomatico-politique d'une question que l'on a parfois tendance à analyser uniquement sous l'angle économique. Déterminée à retrouver son statut de partie contractante originelle et à faire la lumière sur la position que Taiwan aurait toujours due occuper au sein de l'Accord, la Chine mit alors tout en œuvre pour accéder au GATT avant la création de l'OMC, comme en témoigne l'exigeant projet de protocole du 20 décembre 1994. Mais les ambitions de Pékin semblaient alors irréalistes car inadaptées à ses performances et à ses structures économiques réelles. [...]
[...] On se doit, pour mieux appréhender cette décision que d'aucun compare au lancement de la politique de réformes et d'ouverture de 1979, de la replacer dans l'histoire de la Chine populaire. En 1949, c'est la nécessité d'une alliance avec l'Union soviétique qui préoccupait une Chine désireuse de véhiculer le dogme marxiste, et non pas les considérations libérales d'un Accord provisoire naissant et incertain sur le commerce et les tarifs douaniers auquel la République de Chine, fraîchement réfugiée à Taiwan, ne souhaitait bientôt plus participer. Le politique et l'idéologique ont pendant longtemps prévalu et la Chine n'apprendra que bien plus tard à faire de l'économie une arme diplomatique. [...]
[...] Il va sans dire que ce risque existe en raison des multiples récriminations avancées ces dernières années du côté chinois (protectionnisme occidental) comme du côté américain ou européen (dumping chinois). Toutefois, l'on peut penser que de part et autre, afin justement d'éviter tout grippage au sein de l' OMC, les gouvernements joueront un rôle conciliateur et sauront à la fois médiatiser et atténuer les différends qui, immanquablement, devraient survenir ou qui sont d'ores apparus. Il est certainement encore plus complexe de répondre à la question de la transformation de la Chine par l'OMC. Certains disent que tout est question de présentation, de packaging comme diraient les commerciaux. [...]
[...] Les vingt dernières années de réforme ne sont pas, comme on peut parfois le lire, le résultat de décisions simples prises par un Etat fort, efficace et pragmatique mais le fruit de luttes internes au sein de la direction chinoise, de décisions politiques à la portée immense tant elles risquent de peser sur la stabilité sociale d'un pays déchiré entre croissance et sous-développement. Le pari de l'accession à l'OMC n'est donc pas encore gagné. CONCLUSION : Avec son adhésion à l'OMC, une ère nouvelle de conquêtes territoriales s'ouvre à la Chine. [...]
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