Malgré les habiles présentations comptables de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international, l'Afrique est le seul continent dont les indicateurs économiques, sanitaires et sociaux se dégradent avec constance. L'accent mis sur la libéralisation du commerce et la priorité donnée à l'exportation au cours de la décennie écoulée ont provoqué une croissance sans précédent du commerce mondial de marchandises, dont le rythme n'a cessé de dépasser celui de la production. En outre, la part du commerce dans le produit intérieur brut (PIB) africain (à l'exception de l'Afrique du Sud et du Nigeria) a également connu une certaine progression, passant de 45 % à 50,4 % entre 1980-1981 et 2000-2001. Pourtant, dans l'ensemble, la part de l'Afrique dans les exportations mondiales est tombée d'environ 6 % en 1980 à 2 % en 2002, et sa part dans les importations mondiales de 4,6 % à 2,1 % sur la même période.
Pourtant, il existe un paradoxe propre au continent africain : victime de la mondialisation, il n'y joue pas moins un rôle important, notamment comme réserve de matières premières. L'Afrique possède 99% des ressources mondiales de chrome, 85% de platinite, 68% de cobalt et 54% de l'or, pour ne citer que quelques exemples. Elle possède aussi d'importantes ressources de pétrole et de gaz. Le Nigeria et la Libye font partie du club fermé des pays producteurs de pétrole. De plus, l'Afrique est riche en diamants, bois et bauxite. Cependant c'est en partie cette richesse qui constitue la faiblesse du continent africain…
Le libre- échange qui régit la structure du commerce mondial en permet en effet le pillage officiel grâce à l'ouverture imposée des économies. Mondialisé, le continent africain n'en est pas mondialisateur : l'Afrique n'a pas les moyens d'agir en véritable acteur sur la scène mondiale et subit de plein fouet les conséquences d'un capitalisme qu'elle ne peut maîtriser. Le continent participe ainsi passivement à l'économie mondiale au profit des puissances, en particulier occidentales. La logique d'extraversion passive des économies et des sociétés, au bénéfice jadis du colonisateur, et aujourd'hui des bailleurs de fonds, se poursuit sous des formes nouvelles sans que la nature du processus ne change.
De la marginalisation de l'Afrique dans le commerce mondial découle sa dépendance économique. La dépendance sous-entend une relation de subordination et de soumission. Etre dépendant de quelqu'un ou de quelque chose nous prive de notre liberté d'action. Si à l'époque de la colonisation du continent africain, cette relation de subordination était claire, elle est aujourd'hui plus masquée et ambiguë mais bien présente. Peut-on encore parler aujourd'hui de dominant et dominé, de centre et d'une périphérie au service des puissances capitalistes, conformément aux théories économiques de la dépendance pour décrire le commerce mondial d'aujourd'hui ? La libéralisation imposée par les organisations internationales à l'Afrique n'est-elle pas paradoxalement une nouvelle forme de domination des pays riches et industrialisés sur le continent africain?
L'Afrique est dépendante du reste du monde. Le constat est sans appel. Reste à en expliquer et en analyser les causes. Si la colonisation a eu un rôle structurant sur le commerce africain, aujourd'hui encore pénalisé par son passé, les nouvelles règles du commerce international prônant la libéralisation économique semblent bel bien continuer à institutionnaliser une relation de dépendance en faveur des pays les plus riches de la planète.
[...] Les distorsions face à la théorie du libre-échange sont fortes dans ce domaine. La concurrence entre les pays riches et les pays pauvres est déloyale, les subventions accordées par ces premiers à ses producteurs faussant les règles du jeu. Dans ce domaine, c'est l'Union Européenne qui accorde le plus de subsides au monde, les Etats Unis arrivant en seconde position. Prenons l‘exemple du coton. (Le sucre, le cacao sont par exemple deux autres produits affectés par la même logique) Le Mali est le second producteur de coton de l'Afrique subsaharienne après le Burkina Faso. [...]
[...] L'échec de Doha n‘est-il pas finalement symptomatique d'un malaise plus large, celui de la crise de la gouvernance multilatérale ? Comme la Chine et certains pays d'Amérique latine l'ont démontré, il est possible de sortir d'une telle situation, mais l'Afrique peine à le faire. Pourquoi l'Afrique reste ainsi le seul continent à ne pas connaître d'améliorations dans quelque domaine qu'il soit ? L'Afrique n'est pas malade d'elle même comme de nombreux auteurs l'ont déclaré, soulevant l'indignation chez de nombreuses personnes ? [...]
[...] Les conséquences sur le développement humain sont immédiates : au Bénin, par exemple, la baisse du cours du coton en 2001) a entraîné une hausse de la pauvreté de 4%. Depuis 2003, le gouvernement du Mali, et avec lui du Bénin, du Burkina Faso et du Tchad (que l'on nomme le luttent à l'OMC pour mettre un terme aux subventions au coton ayant des effets de distorsions des échanges versées dans les pays industrialisés, qui font chuter les cours mondiaux. [...]
[...] Tout d'abord, tous les pays du Sud connaissent un retard de développement qu'il faut combler. Ces pays rencontrent, ensuite, dans leur tentative de développement, la domination des pays du centre qui leur imposent des règles qui les désavantagent. Cette théorie oppose un centre qui, en bloquant l'émergence d'une bourgeoisie nationale au Sud et en rapatriant l'essentiel des bénéfices au Nord, impose une exploitation postcoloniale à la périphérie, lui interdisant la réalisation d'un processus local d'accumulation du capital et par conséquent, entrave son développement. [...]
[...] La marginalisation et la dépendance économique de l'Afrique vis-à-vis de l'extérieur entravent le développement du continent africain. De plus, des causes internes sont aussi en jeu : le vide institutionnel, le manque de qualification de la main d'œuvre, la précarité des infrastructures et de la technologie et les conflits nuisent également au dynamisme économique du continent. L'Afrique constitue en effet une place peu attractive pour les investissements directs étrangers seulement des investissements directs étrangers sont réalisés en Afrique. Or, l'investissement constitue un volet important pour la compétitivité d'une économie. [...]
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