Les crises financières se sont multipliées au cours des années 1990 touchant successivement des dizaines de pays dits « émergents ». Les crises qu'ont connu le Mexique en 1994, l'Asie en 1997, la Russie en 1998, le Brésil en 1998 et 1999 sont encore très présentes dans les esprits des économistes et des populations de ces pays-là. L'impact sur la sphère réelle a été considérable, toutes ces crises provoquant des récessions profondes.
Si leur multiplication peut surprendre, les crises financières ne sont cependant pas un phénomène nouveau. Si celle de 1929 a été la plus marquée, et n'a heureusement pas connu d'équivalent, ce n'était pas la première. La première crise financière connue remonte aux années 1630, au cours desquelles le prix des bulbes de tulipes en Hollande avait atteint des niveaux considérablement élevés avant que les prix ne s'effondrent soudainement. Plus près de nous, des crises du crédit aux Etats-Unis ont marqué les années 1960 et 1970, puis une crise inflationniste au début des années 1980 sans oublier le krach boursier de 1987.
Ces quelques exemples permettent de cerner une première caractéristique des crises financières: elles sont très diverses. En effet, sous le terme « crises financières », il faut entendre de nombreux types de crises: crises de change, crises bancaires, crises boursières, crises immobilières, crises obligataires, crises de la dette souveraine, crises des matières premières et métaux précieux, etc. Difficile dès lors de tenter d'en cerner les principales caractéristiques, même s'il est vrai que les crises financières mêlent souvent plusieurs de ces types-là.
[...] Deux types de dangers se conjuguent, faisant courir de grands risques de crises financières, et contre lesquels on peut difficilement lutter: des risques purement économiques, consistant en une course effrénée aux rendements et l'effet de levier, et des risques plutôt psychologiques avec des effets de mimétisme et de contagion des crises. Les dérives économiques d'abord La course aux rendements est au centre de toutes les crises des vingt dernières années. Un retour au fondamentaux est nécessaire pour bien cerner de quoi il s'agit ici. D'abord, à quoi servent les intermédiaires financiers et qui sont-ils ? Leur mission première est la collecte de l'épargne à court terme qui leur sert ensuite à financer des prêts à moyen terme aux investisseurs moyennant une rémunération. [...]
[...] Si certains facteurs de déstabilisation ne sont pas aisés à contrer, le mouvement de libéralisation pourrait quant à lui être encadré, et une réforme des institutions financières mondiales accompagnée de l'établissement de règles prudentielles strictes et appliquées partout limiteraient déjà considérablement la fréquence de ces crises. Il faudra sans doute beaucoup de temps avant que l'on en arrive là, les pays développés n'étant pas pressé de faire avancer les choses. Mais même eux nous ne sont pas à l'abri d'une crise financière, fût-elle latente, ce qui pourrait bien, un jour, précipiter les choses. [...]
[...] Au niveau national ou européen, c'est généralement la banque centrale qui joue ce rôle indispensable contre le risque systémique. Les critiques pointent le risque d'aléa moral, les investisseurs prenant plus de risque s'ils sont certains de l'intervention de la puissance publique en cas de problème. Il ne doit cependant pas être surestimé. Au niveau international, on songe immédiatement au FMI, mais les crises asiatiques ont montré que cette fonction du FMI était limitée, puisqu'il ne peut pas créer de monnaie et doit recourir aux Etats pour obtenir plus de moyens. [...]
[...] Les dérives psychologiques ensuite Le mimétisme constitue un exemple pur de folie psychologique humaine. On n'est plus du tout dans l'univers supposé rationnel de l'économie et de l'analyse financière mais bien dans un monde presque parallèle où les faits s'effacent devant les sentiments des hommes. Ainsi, les sacro-saintes informations pourtant tant attendues tous les jours par les marchés financiers telles que les perspectives de profits d'une entreprise ou les derniers indicateurs supposés renseigner sur la santé de l'économie d'un pays sont relégués au second plan. [...]
[...] Mais des problèmes surviennent lorsque cette activité transforme son rôle en une course aux rendements. La sphère financière devient alors de plus en plus indépendante de la sphère réelle, en totale déconnexion avec celle-ci, en prenant appui sur les possibilités de spéculation démultipliées par la mondialisation et la libéralisation internationale de la finance. Plusieurs grands spéculateurs ont bien exploité ces possibilités. Leur mission est simple : spéculer sur l'évolution des cours de nombreux produits financiers, qu'il s'agisse de l'évolution du prix d'actions, d'obligations, de monnaies, etc. [...]
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