Jusqu'à ce qu'ils tombent brutalement en disgrâce en 1997, les pays touchés par la crise financière en Asie — la Corée, l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande — étaient admirés pour leurs exploits économiques et attiraient les investisseurs étrangers. Effectivement, le 2 juillet 1997, la crise asiatique éclate. Elle aura l'effet d'un "tsunami" et bouleversera tout le paysage financier asiatique.
Cette crise débute donc le 2 juillet 1997 avec la décision des autorités thaïlandaises de laisser flotter le baht qui va entraîner dans sa chute la roupie indonésienne, le ringgit malais et le peso philippin. Cet effet « boule de neige » ne va pas s'arrêter là puisqu'à l'automne, cette crise va s'étendre à la Corée, Taiwan, Singapour et Hongkong. On appelle cela "effet domino" car cela se caractérise par une suite de mouvements financiers qui engendrent une dépréciation globale de l'ensemble du réseau.
Par ailleurs, cette crise est caractérisée par l'effondrement des monnaies concernées, une chute du produit national, un ralentissement des échanges extérieurs et par un sursaut dans l'inflation. Ainsi, au plus bas de la crise, au cours du 1er semestre de l'année 1998, la situation est la suivante :
- une dépréciation par rapport au dollar US : 75% (Indonésie) ; 35% (Thaïlande, Malaisie, Philippines)
- la chute des cours boursiers : 50% (Corée) ; 45% (Malaisie, Indonésie) ; 30% (Thaïlande, Philippines, Hongkong, Singapour)
- le recul de l'activité économique: 20% (Indonésie) ; 15-20% (Thaïlande) ; 10-15% (Malaisie, Corée, Hongkong) ; 0-5% (Philippines)
Il ne s'agit pas de la première crise financière de l'histoire contemporaine, mais une comparaison avec les crises précédentes montre que la dépréciation du change a été équivalente. En revanche, le recul de l'activité et l'ajustement des paiements courants ont été plus importants.
Nous avons donc choisi d'étudier cet événement car il s'agit d'une crise contemporaine dont l'ampleur a bouleversé le paysage financier international. Beaucoup de leçons ont été tirées après cet événement. Nous allons donc essayer d'en comprendre les causes et conséquences de cette crise financière asiatique.
[...] Soulignons que les signes avant- coureurs de la fragilité financière à savoir un emballement des marchés immobiliers et un gonflement de la part des prêts non performants dans les bilans bancaires sont survenus antérieurement aux attaques sur le taux de change. Par exemple, en Thaïlande, il y a eu un krach boursier important 18 mois avant la rupture du change. Plusieurs facteurs explicatifs sont avancés : Mauvaise réaction des politiques monétaires faces aux entrées massives de capitaux des années 1993-1995. [...]
[...] Quant à Taiwan, ce pays a imposé aux banques l'achat de Bons du Trésor. Par ailleurs, pour rendre la stérilisation efficace, ces pays ont respecté l'équilibre budgétaire. Effectivement, tant que les liquidités existantes servent, de façon directe ou indirecte, à financer un déficit budgétaire, il n'y a pas de stérilisation possible. La plupart de ces pays ont donc rempli cette condition mais, en l'absence d'un arbitrage en faveur de l'éducation et de la construction d'infrastructures, les pays de l'ASEAN ont pris du retard dans ces domaines. [...]
[...] La masse monétaire au sens large, en termes réels, et le crédit ont poursuivi leur expansion, avec toutefois d'importantes fluctuations mensuelles liées aux sursauts de l'inflation. Ainsi, la situation monétaire a échappé à tout contrôle et les perturbations du marché ont persisté, créant un cercle vicieux. La situation ne s'est finalement stabilisée qu'au cours des derniers mois de 1998. L'expérience de ces pays donne à penser que le resserrement de la politique monétaire a été un moyen efficace de stabiliser la monnaie. [...]
[...] Les conséquences de la crise financière asiatique Fragilité financière Plusieurs facteurs ont pu contribuer au déclenchement et à la propagation de la crise asiatique, mais le principal a été, semble-t-il, la fragilité financière. Quatre aspects interdépendants retiennent particulièrement l'attention : beaucoup d'institutions financières et d'entreprises avaient contracté, sans couverture adéquate, des emprunts en devises qui les rendaient vulnérables à la dépréciation de la monnaie nationale; il s'agissait pour l'essentiel de dettes à court terme alors que les actifs étaient à plus long terme, d'où le risque d'une crise de liquidité aux effets semblables à ceux d'une ruée sur les guichets des banques; avant la crise, les prix s'étaient envolés sur les marchés boursiers et immobiliers, et une chute brutale des prix des actifs était donc à craindre; l'allocation du crédit était souvent déficiente, ce qui a contribué aux problèmes de plus en plus criants des banques et autres institutions financières. [...]
[...] La diffusion de certaines informations inquiétantes au plus fort de la crise asiatique a exacerbé la panique sur les marchés. Ces informations auraient dû être dévoilées plus tôt, à un moment où elles auraient plutôt contribué à ralentir les entrées de capitaux. En temps normal, l'amélioration des normes de diffusion des données et les mesures visant à accroître la transparence des politiques pourraient aider les marchés à mieux évaluer les risques, empêchant ainsi l'aggravation des déséquilibres et favorisant l'intervention en temps utile des décideurs pour corriger les vulnérabilités. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture