Pourquoi le concept de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) a-t-il autant de difficultés à transformer l'économie mondiale ?

Thèmes abordés

RSE Responsabilité Sociétale des Entreprises, économie mondiale, autorégulation du marché, profit, éthique, devoir moral, dieselgate, greenwashing, pollution, pays développés, pays en voie de développement, fast fashion, multinationales, communication trompeuse

Résumé du document

La RSE, Responsabilité Sociétale des Entreprises, constitue une théorie bien loin de faire consensus parmi les économistes. En effet, elle renvoie à la conception du rôle de l'entreprise et de sa raison d'être au sein de la société. Ainsi, d'un côté, les théoriciens néoclassiques défendent, comme ils l'ont toujours fait, l'autorégulation du marché et récusent le fait d'imputer toute responsabilité sociale aux entreprises, dont le seul but doit rester celui de faire du profit. Malgré tout, de l'autre côté, des économistes que l'on qualifierait de plus "moralistes" prônent l'éthique et affirment que les entreprises possèdent une responsabilité morale à l'égard de la société. Ainsi, pour reprendre les principes du droit, l'attribution d'une responsabilité sociétale aux entreprises en ferait des personnes morales, capables de différencier le bien et le mal, le juste et l'injuste, et ayant donc un devoir moral d'agir de façon responsable.

Extraits

[...] On peut donc retenir de ce scandale que si la RSE a du mal à s'appliquer dans les pays développés, comment le pourrait-elle à l'échelle du monde ? On s'intéressait ici aux USA et l'Europe, où de nombreuses normes existent et contraignent les entreprises pour leur faire adopter cette démarche. Mais malgré tout, le dumping persiste, ici, il s'agit de greenwashing. Les entreprises ne cherchent donc pas à réduire leurs impacts sur la société : elles ne recherchent sans cesse que le profit. [...]

[...] D'ailleurs, un ancien ingénieur de Renault l'a affirmé : « on ne travaillait pas pour le Diesel Propre, mais on cherchait un moyen de contourner le système en dépolluant dans des conditions particulières, mais pas dans les conditions réelles. » Renault n'a donc que faire de l'environnement ou de la santé des habitants de cette planète. L'intérêt recherché était bien celui du profit, peu importe quoi. D'ailleurs, malgré leur irresponsabilité et l'ampleur du scandale, l'industrie automobile vit aujourd'hui ses plus belles années. Volkswagen est le n°1 mondial, comme si le scandale n'avait pas existé. [...]

[...] En effet, nous, citoyens des pays occidentaux, sommes heureux de bénéficier d'une mode à petits prix, de tee-shirts à 5 euros, de jeans à 20 euros signés Zara, H&M . Mais si cette « fast fashion » qui incite à la consommation ne nous pose pas de problèmes en termes de coûts, son coût est pourtant bien réel, mais se trouve ailleurs. En effet, nous ne sommes capables de bénéficier de vêtements si abordables que parce que des ouvriers et ouvrières asiatiques (en majorité bangladais) travaillent dans de mauvaises conditions, dans des usines insalubres, et pour un maigre salaire. [...]

[...] Si chacun agit en parfait égoïste, rien ne peut changer et la responsabilité des entreprises ne saura se faire une place dans notre système économique mondial. Ainsi, en conclusion, on peut dire que l'idéal d'un système économique éthique passe par la notion de RSE : l'entreprise se doit de démontrer qu'elle ne contribue pas, au travers de ses activités, à une dégradation des conditions de vie (environnementales, sociales, humaines mais qu'au contraire, elle apporte « sa pierre à l'édifice » dans la construction d'un monde plus équitable. [...]

[...] Ainsi, c'est une conclusion assez sombre que nous établissons ici, à l'heure où les multinationales ne cessent de grandir et d'affirmer leur toute-puissance. Cela explique en très grande partie le fait que la RSE ne parvient pas à s'implanter à l'échelle du monde. Les entreprises restent très friandes de profit et continueront à en faire leur objectif numéro quitte à contourner les règles ou exploiter toute faille du système qui vise à les restreindre, à leur imposer une responsabilité (pays développés). [...]