L'impact du commerce international vis-à-vis du fonctionnement des économies nationales est longtemps resté ignoré du fait de l'attitude protectionniste des pays industrialisés avant la seconde guerre mondiale. On ne constate en effet de véritable avancée des échanges internationaux que dans les années soixante, sous l'effet d'une augmentation de la production mondiale, et de la poursuite de la libération des échanges dans le cadre du GATT puis de l'OMC. Toutefois si l'on attribue volontiers cette augmentation des échanges aux modifications apportées à l'appareil productif de ces pays, il est plus délicat de mesurer l'impact des échanges internationaux sur le marché du travail des économies concernées.
Nombreuses sont les théories relatives à cette rétroactivité du commerce international sur le marché de l'emploi, sur sa répartition, la rémunération des salariés… Une crainte longtemps partagée par la plupart des pays développés -et qui demeure toujours- résidait dans la montée des nouveaux pays industrialisés qui, pour certains, auraient accaparé les emplois non qualifiés. Ou encore, on s'est interrogé sur la nécessité des pays engagés au sein de ces échanges à aligner leurs prix respectifs. Parfois exagérées, ces craintes s'accompagnent des préoccupations des économistes à vouloir cerner les conséquences de la libéralisation des échanges. On cite ainsi l'exemple de Ricardo qui observait à travers l'abolition des Corn Laws les manifestations de cette protection des importations sur la rémunération des travailleurs. Plus tard, ainsi qu'on le verra, Samuelson et Stolper mettent en évidence la réduction des salaires des travailleurs dans un contexte de libre échange.
Mais loin de se réduire à des conjonctures proprement économiques, le débat sur le commerce international et son impact sur le marché du travail concernent également certaines classes de salariés, préoccupés par la mondialisation, dont le commerce international n'est qu'un aspect parmi tant d'autres. Le commerce de marchandises reste malgré tout plus concret, observable que d'autres manifestations de la mondialisation, comme la globalisation financière. Cela en fait une composante essentielle du débat récurrent concernant l'impact du commerce international sur les salaires et l'emploi, un débat qui implique des parties soucieuses de leurs propres intérêts : on retiendra par exemple un personnage connu du public français, José Bové, militant en faveur de la paysannerie en France et dans le monde, pour qui « le monde n'est pas une marchandise ».
On ne peut donc évoquer ces deux notions fondamentales et interdépendantes de l'économie actuelle que sont le commerce international et le marché de l'emploi, sans faire allusion à différentes problématiques relatives au monde d'aujourd'hui : les conséquences du commerce international sur la sélection des firmes, l'évolution des spécialisations, les transferts d'emplois entre secteurs, les structures professionnelles, qui depuis les années 80 sont en profonde mutation consécutivement à la progression des échanges de services commerciaux, notamment… Enfin il serait dommage de ne pas aborder le thème de la régionalisation, née de la volonté des états à favoriser leurs relations commerciales, et qui n'est pas sans conséquences sur le marché de l'emploi des pays engagés.
[...] Certains disent qu'on a pu observer que durant les vingt dernières années, au sein des pays industrialisés, le marché du travail a été marqué par la croissance de disparités en termes d'emploi et de salaires. Parmi les responsables de ces disparités, le commerce international jouerait en cela un rôle considérable. Ainsi qu'on le disait dans les paragraphes précédents, la thèse néoclassique des échanges commerciaux attribue au commerce Nord Sud la responsabilité de l'affaiblissement des secteurs de main d'œuvre peu qualifiée dans les pays industrialisés. [...]
[...] Les répercussions exactes de la délocalisation ne sont donc pas mesurables. la délocalisation a pu permettre pour certaines entreprises de créer des emplois en favorisant les exportations. On définit ainsi le flux net d'une opération telle que la délocalisation par la différence entre les emplois perdus et les emplois créés sur le territoire national. On peut mesurer les incidences en comparant les chiffres des pertes d'emplois dans le monde (théorie de Gérard Lafay). Cette comparaison, ne permet de donner qu'un aperçu très global des conséquences de la délocalisation. [...]
[...] Ce sont essentiellement les pays à bas salaires qui profitent de ces transferts. Slaughter et Lipsey ont montré qu'il existe des élasticités négatives, bien qu'assez faibles, entre la demande de travail dans les maisons mères et l'emploi dans les filiales étrangères. Ils montrent également que ces élasticités sont nettement renforcées lorsqu'on considère les filiales situées dans les pays à bas salaires et les FMN de grande taille. L'ensemble de ces études montre qu'on ne peut négliger le rôle des délocalisations sur l'emploi. [...]
[...] Commerce international et marché du travail SOMMAIRE Introduction I. Evolution comparée du commerce international et des tendances du marché de l'emploi lors des cinquante dernières années Regard sur l'évolution du marché de l'emploi depuis Les théories néoclassiques expliquent la corrélation commerce-travail Remises en cause actuelles de ces théories II. L'effet de cette évolution du commerce international sur les firmes L'importance d'une taille critique traduit la loi du plus fort Renforcement concurrentiel et innovation technique Quelles sont les conséquences pour l'emploi de la multinationalisation et des délocalisations ? [...]
[...] Concrètement, cela signifie que la firme va tenter d'offrir une plus grande diversité de produits que les concurrents, d'accélérer leur renouvellement et de personnaliser le service qui les entoure. la réorganisation des fonctions au sein de l'entreprise : Une firme qui passe d'un appareil productif du type tayloriste à un appareil flexible modifie sa demande de travail. En effet, l'entreprise flexible a une organisation du travail dite multitâches au contraire de l'organisation mono tâche du système tayloriste. Or, l'accomplissement de plusieurs tâches requiert une compétence accrue de la part des travailleurs. On peut donc développer un modèle théorique justifiant une hausse de la demande de travail qualifié. [...]
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