Quelques chiffres en préliminaire afin de mieux définir les contours du tissu industriel russe. L'industrie représente environ 35% du PIB et emploie 22% de la population active. Les principales industries sont héritées de la période soviétique. Les privatisations du début des années 90 et les opérations de « prêts contre actions » de 1995-1997 ont conduit au dépeçage de l'industrie russe au profit des oligarques. Depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, l'Etat russe essaie de remettre la main sur ces industries.
Ces dernières ont trait au secteur des ressources naturelles et de l'industrie lourde. Cette spécialisation induit une grande vulnérabilité du secteur industriel russe aux aléas mondiaux et notamment à l'évolution du cours des matières premières. Alors que depuis l'année 2000, l'indice de la production industrielle n'a cessé d'augmenter, il a accusé en janvier dernier une chute de 16% sous l'effet de la crise économique mondiale.
Cette crise est salutaire pour la Russie. En effet, les périodes de croissance ne sont pas propices à des changements structurels à l'inverse des périodes de crise. En soulignant la vulnérabilité et les faiblesses du tissu industriel russe, cette crise pourrait éventuellement jouer le rôle d'électrochoc auprès des dirigeants du Kremlin. Si ce n'est pas encore dans les actes, le discours a au moins changé. Ainsi le président Dmitri Medvedev a affirmé en février dernier que la Russie ne peut pas « se permettre de maintenir la vieille structure économique , qui ne satisfait pas aux exigences modernes », appelant de ses voeux à « diversifier l'économie, développer les infrastructures et renforcer le système financier » (réunion du 20 février 2009 à Irkoutsk).
[...] Le rôle de l'Etat en question En fait, la reprise en main par l'Etat des secteurs stratégiques de l'industrie russe, qui furent privatisés dans le courant des années 90, n'a pas eu un réel effet repoussoir sur les investisseurs. L'impact de l'affaire Ioukos sur les IDE en Russie fut d'ailleurs très limité dans le temps. Les progrès dans le domaine de la lutte contre la corruption depuis 1999, avec notamment la rhétorique de la verticale du pouvoir et de la dictature de la loi qui symbolise le retour de l'Etat, ont rassuré les investisseurs étrangers, contribuant à une amélioration du climat des affaires et à une augmentation de 40% par an en 2004 et 2005 des IDE, d'après Rosstat. [...]
[...] Statistiques Site de la Banque Mondiale http://web.worldbank.org/ Site officiel du Service Fédéral des statistiques nationales http://www.gks.ru/wps/portal/ Site de la Banque centrale russe http://www.cbr.ru/eng/ A partir de 1995, l'Etat a mis aux enchères des grandes entreprises du secteur de l'énergie et des matières premières (comme Ioukos ou Norilsk Nickel, premier producteur mondial de nickel). Ces opérations peu transparentes et quasiment fermées aux investisseurs étrangers ont abouti à la concentration de la propriété de ces entreprises dans les mains d'une dizaine d'hommes d'affaires. [...]
[...] Il n'est même pas seulement question des investissements étrangers mais également des investissements locaux. En effet, du fait des défaillances de l'Etat et des difficultés à faire valoir les droits de propriétés intellectuelles, peu d'entreprises du secteur privé russe sont prêtes à supporter les risques inhérents à la qui nécessite de mettre en place un processus coûteux qui suppose sur le long terme un retour sur investissement. Dans ces conditions, l'industrie russe privilégie l'innovation au sens large plutôt que la recherche fondamentale ou la création de produits technologiquement innovants, ce qui nuit à la compétitivité de l'industrie russe. [...]
[...] Outre cette dépendance, l'industrie russe est victime d'un sous investissement inquiétant. Bien que la Russie possède un tiers des réserves mondiales de gaz, les gisements sont difficiles d'accès et nécessitent des investissements conséquents qui ont toujours été reportés jusqu'à maintenant, l'industrie misant sur sa rente. D'après les dernières estimations, le secteur des hydrocarbures aurait besoin d'un apport de capital de 40 milliards de dollars par an d'ici à 2015 pour maintenir le niveau de production actuel ce qui devrait obliger, à terme, à faire appel aux investisseurs étrangers vu l'énormité de la tâche. [...]
[...] Le corollaire de ce sous investissement est que l'exportation de produits russes à forte valeur ajoutée n'excède pas du total des biens manufacturés vendus aux pays de l'OCDE. Bibliographie CLOUET Louis Marie, Rosoboronexport, fer de lance de l'industrie russe d'armement Russie. Nei. Visions septembre 2007 DELLECKER Adrian, Caspian Pipeline Consoritum, baromètre du climat d'investissement en Russie? Russie. Nei. Visions juin 2008 KASTOUEVA JEAN Tatiana, Enseignement supérieur, clé de la compétitivité russe Russie. [...]
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