L'apparition des nouvelles théories du commerce international remonte à la fin des années soixante-dix, mais elle se développe pour l'essentiel dans les années quatre-vingt, où le succès auprès du grand public est particulièrement retentissant. C'est notamment par les thèses de Krugman, favorables à l'intervention publique sur les flux commerciaux, que la nouvelle théorie fait écho dans certains milieux d'affaires et dont de nombreux autres journalistes assurent le relais par leurs nombreuses publications. Ce qui est essentiel, et c'est un premier apport, c'est que la nouvelle théorie du commerce international « a eu d'emblée un enjeu appliqué très important » (Rainelli), puisque au-delà des débats purement théoriques, cette nouvelle théorie met au premier plan le caractère souhaitable de l'intervention publique sur les flux commerciaux.
Dans le contexte d'une réaction à l'incapacité de la théorie traditionnelle de rendre compte de la réalité du commerce international, il s'agit d'apprécier la portée, à savoir les apports et les limites, de ces nouvelles théories dans leurs tentatives de mieux saisir le fonctionnement du commerce international.
Les nouvelles théories du commerce international s'efforcent de remédier aux limites de la théorie traditionnelle, avant tout en utilisant la notion d'économies d'échelle (I) ; mais aussi en incorporant les produits différenciés et les firmes multinationales dans l'analyse (II) ; enfin l'apport dans le domaine du protectionnisme contient des limites et amène à réfléchir au-delà de ces théories.
[...] Il se forme ainsi un commerce intra branche. Sur ces bases, calculant la part du revenu pour les habitants d'un pays sur les biens de l'autre pays, Krugman permet de rendre compte, de manière empirique, de phénomènes que la théorie traditionnelle ne permettait pas d'intégrer dans son schéma : la part croissante des échanges entre pays industrialisés résulte du goût des consommateurs pour la variété. De plus, par Krugman, la nouvelle théorie apporte une explication au commerce intra branche : les variétés produites à l'étranger et au niveau national n'étant pas les mêmes, il est compréhensible qu'il existe des flux simultanés d'exportations et d'importations pour un bien donné (Norel). [...]
[...] Enfin, sans le traiter, il est utile de mentionner la théorie de la demande représentative de Linder, selon laquelle la demande est une demande domestique représentative et dont les exportations sont un commerce de surplus par rapport justement à cette consommation intérieure. B. L'analyse des firmes multinationales constitue un apport essentiel Les firmes multinationales sont le point aveugle des théories traditionnelles (Aubin). C'est que dans la théorie traditionnelle, les nations étaient considérées comme des macro agents. L'hypothèse essentielle de la théorie traditionnelle était l'immobilité internationale des facteurs de production, et donc des capitaux. [...]
[...] C'est dans ce contexte d'insatisfactions devant l'incapacité de la théorie traditionnelle à expliquer les caractéristiques du commerce international que se sont développées les nouvelles théories du commerce international. Dans un article du milieu des années soixante-dix, Krugman relève les trois principales défaillances de la théorie traditionnelle. En premier lieu, le constat est que le commerce international est avant tout le jeu des nations développées qui détiennent des facteurs de production très peu différents les uns des autres. Ce commerce entre nations très peu différenciées va à l'encontre de la théorie classique, qui place les caractéristiques différentes des nations à la source de l'échange international. [...]
[...] La conséquence de la notion de facteur de technologie est que les échanges ne peuvent plus être expliqués par les avantages comparatifs, mais plutôt par une forme d'avantage absolu, qui n'existe que pendant un laps de temps donné, et qui résulte du monopole dans la production d'un bien pour la firme innovatrice (Norel). Ce schéma est repris dans les années 1960, notamment par Posner, et constitue déjà l'ébauche de la nouvelle théorie du commerce international. En effet, la R-D peut contribuer aux rendements d'échelle, à la différenciation des produits et à la naissance de monopoles ou duopoles, toutes trois des éléments essentiels de la nouvelle théorie. De plus, la R D peut être à l'origine d'externalités positives ou négatives, notions largement négligées dans la théorie traditionnelle. [...]
[...] D'où, les chercheurs vont simultanément privilégier la recherche dans les domaines de la concurrence imparfaite et du commerce international. Il en découle un mode d'approche nouveau du commerce international, fondé sur le cadre de l'équilibre partiel, où un modèle comme HOS, s'inscrivant dans le cadre de l'équilibre général, devient quelque peu obsolète. Les nouvelles théories se sont donc construites dans l'objectif de pallier les limites de la théorie classique et d'incorporer à l'analyse des éléments essentiels comme la différenciation des produits, mais aussi, et surtout, les rendements d'échelle. [...]
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