De plus en plus remis en cause par le développement du chômage, la croissance des inégalités socio-économiques, la fréquence des crises financières, l'hégémonie états-unienne ou encore la prise de conscience globale des déséquilibres écologiques, le modèle de croissance néolibéral souffre aujourd'hui d'une crise de légitimité sans précédent. De cette crise est né un « mouvement citoyen » à l'échelle mondiale, désireux de mettre en place de nouvelles formes de régulations économiques et démocratiques. Ce mouvement, dit « altermondialiste », s'impose sur la scène internationale de manière spectaculaire, en particulier lors d'évènements tels que les contre-sommets, manifestations diverses et forums sociaux mondiaux, européens ou encore africains. Les altermondialistes dans leur diversité ont fait leurs trois slogans : « le monde n'est pas une marchandise », « un autre monde est possible », « agir local, penser global », qui permettent de donner du mouvement une première définition. L'altermondialisme est donc d'abord un rejet de l'actuel processus de mondialisation et de ses principaux protagonistes, au premier rang desquels les Etats-Unis, les membres du G8, le FMI et la Banque mondiale, la Commission européenne ou encore les firmes multinationales, en vue d'une autre mondialisation plus juste, équitable, solidaire, respectueuse des droits de l'homme et de l'environnement. Le tout en connectant des luttes locales entre elles et à d'autres mobilisations supranationales. Contrairement à une idée reçue, bon nombre d'altermondialistes se définissent eux-mêmes comme internationalistes ou « mondialistes », leurs idées ne pouvant se concrétiser efficacement que dans le cadre d'une dynamique globale. Quoi qu'il en soit, les altermondialistes dans leur ensemble semblent enregistrer de nombreux succès depuis quelques années, et notamment depuis l'impressionnante mobilisation du premier Forum social à Porto Alegre en 2001, de la méfiance accrue des citoyens face au processus de mondialisation à une prise croissante de leurs propositions par les politiques. Dans cette optique, une interrogation se pose : les altermondialistes sont-ils les sauveurs de la mondialisation ?
S'il apparaît que les actions altermondialistes contribuent à donner à la mondialisation actuelle un « visage plus humain », les faiblesses inhérentes au mouvement limitent indéniablement son influence à l'échelle globale.
[...] L'influence croissante des altermondialistes sur les gouvernements et les institutions internationales contribue à donner à la mondialisation un visage plus humain A. La mouvance altermondialiste, plurale mais unie par les mêmes idéaux, est l'objet d'un intérêt croissant Le rassemblement de groupes aux horizons différents, unis par les mêmes idéaux L'altermondialisme est une nébuleuse. Ce terme regroupe en effet une multitude de groupes, principalement occidentaux, aux structures, objectifs et moyens d'action différents. On trouve ainsi dans cette catégorie les organisations politiques contestataires des pays du Sud telles que le Parti des Travailleurs brésilien, des groupes d'extrême gauche participant à la contestation comme la LCR française, des organisations défendant des intérêts spécifiques (syndicats, mouvements paysans, organisations de défense des sans : sans terre, sans-papiers Sont aussi considérés comme altermondialistes les organisations dont une partie des activités conteste certains effets de la mondialisation (ONG de défense des droits de l'homme, de protection de l'environnement, de promotion du commerce équitable), ainsi que des groupes de contestation issus de la société civile comme le Forum social mondial et ATTAC, et, enfin, des mouvements radicaux anticapitalistes favorables à la désobéissance civile. [...]
[...] Ce constat est en grande partie lié à l'action des médias, qui si elle sert à faire connaître les combats altermondialistes, véhiculent aussi nombre de clichés défavorables en insistant sur les tensions au sein de groupes comme ATTAC, ou encore sur les procès intentés contre José Bové. Au niveau mondial, on insiste beaucoup sur les prétentions françaises au sein du mouvement, ou encore sur l'idée d'un essoufflement de celui-ci. Les reportages sur l'altermondialisme ne sont donc pas flatteurs et contribuent bien souvent à présenter les militants comme des privilégiés venant contester une mondialisation dont eux-mêmes ne souffrent pas les effets négatifs. [...]
[...] De plus, elle semble pilotée par les membres les plus radicaux, d'où un risque de faire fuir du FSM les moins radicaux et de servir de tremplin à certains partis. Des méthodes divergentes et parfois opposées : rapport au pouvoir et usage de la violence On observe aussi de nombreuses tensions au sein de la mouvance altermondialiste dans les rapports au pouvoir politique : par exemple à Gênes, il y avait des groupes qui voulaient empêcher le G8 de se réunir, tandis que d'autres auraient souhaité être intégrés à la table des négociations en tant que représentants de la société civile. [...]
[...] Néanmoins, le mouvement altermondialiste est confronté à de graves faiblesses qui entravent sa capacité à faire aboutir ses revendications A. Une «alternative aux contours mal dessinés Des buts très différents : une diversité des approches enrichissante mais aussi handicapante L' »alternative altermondialiste n'est toujours pas correctement dessinée puisqu'au sein de la tendance les objectifs divergents. Toutefois, la plupart des altermondialistes ne prônent pas une révolution qui passerait par une prise du pouvoir étatique et une transformation radicale du système économique. [...]
[...] A Gênes en juillet 2000, les réunions du G8 ont été organisées sur un bateau et une grande partie de la ville bloquée, mais des manifestations massives avec de nombreux incidents ont été suivies d'une répression brutale de la police italienne. Les actes de vandalisme d'une certaine frange de la mouvance est facteur de conflits et conduit certains des groupes à refuser de participer aux manifestations où l'on anticipe des débordements. Il semble toutefois que cette violence se soit atténuée depuis le 11 septembre 2001, les altermondialistes voulant éviter l'amalgame possible entre terrorisme et anti-américanisme, violence et protestation. [...]
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