Le système bancaire africain est malade. Depuis 1987, la crise qui frappe les banques des pays de la zone subsaharienne est si aiguë que la restructuration des institutions bancaires est devenue, au même titre que le problème de la dette et que la chute des cours des matières premières, une priorité en Afrique noire, particulièrement dans les pays de la zone franc. La conjonction d'un environnement international défavorable, de choix politiques inadaptés aux problèmes posés et d'erreurs de gestion flagrantes ont mis à mal la plupart des institutions bancaires de la zone franc. Sur les quelque quatre-vingt-dix banques existantes dans l'U.M.O.A. (Union monétaire de l'Ouest-africain) et dans l'U.M.A.C. (Union monétaire d'Afrique centrale).
[...] Aujourd'hui, seule la banque centrale des Comores a un solde positif. C'est précisément ce changement de situation qui a incité la France à intervenir. Les causes de la défaillance du système bancaire Miroir de l'économie d'un pays et de la qualité de ses cadres, les banques sont le reflet de la crise économique et financière qui secoue le continent noir depuis une décennie. Mais, dans une Afrique rurale dominée par les sociétés traditionnelles, où tout va si lentement, les conséquences des erreurs ne se traduisent jamais aussi rapidement que dans les pays industrialisés. [...]
[...] Au Sénégal, par exemple, les États-Unis et la Banque mondiale ont décidé d'apporter leur aide à cette opération. Au Sénégal encore, la B.C.E.A.O. tente de recouvrer les créances de personnalités politiques qui n'ont jamais eu l'habitude de rembourser leurs emprunts. Une tâche délicate à mener sur le plan politique ! Enfin, les autorités financières françaises souhaiteraient trouver des partenaires étrangers aux banques africaines, or les banques françaises sont réticentes. En 1988, la reprise, à la demande du gouvernement français, de la B.I.A.O. [...]
[...] Ainsi, les encours de crédits distribués par les établissements bancaires de l'U.M.O.A. sont passés de 542,5 milliards de F.C.F.A. en 1976 à près de milliards en 1986, soit une augmentation de 213,4 p L'Afrique est alors en pleine euphorie. Anticipant sur la poursuite du boom économique, les banquiers se lancent, avant la fin des années 1970, dans une politique d'investissements intensifs : multiplication des agences, construction de sièges sociaux opulents, recrutement inconsidéré de personnel. Au début des années 1980, les banques se sont informatisées, améliorant ainsi leur productivité à un moment où la chute des cours des matières premières entraîne un fort ralentissement de l'activité économique. [...]
[...] permet, en quelques mois, d'accélérer le processus d'assainissement des systèmes bancaires de l'U.M.O.A. Un expert français explique : Pour réussir cette restructuration, il faut réunir plusieurs conditions : trouver les solutions techniques, pour l'assainissement, obtenir l'acceptation politique des Etats, disposer de moyens financiers importants, considérer que cette remise à neuf prendra du temps. Les réponses seront donc différentes selon les pays. Les solutions techniques existent pratiquement partout dans la zone U.M.O.A. Pour des raisons politiques, la restructuration semble au contraire beaucoup plus difficile à mener dans les pays de la zone franc d'Afrique centrale, en particulier au Cameroun. [...]
[...] Un seul remède : la restructuration Envoyé de toute urgence en juillet 1987, auprès des chefs d'État africains par Jacques Chirac Premier ministre, Pierre Mesmer est chargé d'une double mission : rassurer les chefs d'État africains en les persuadant que les rumeurs de dévaluation sont malveillantes et tirer la sonnette d'alarme en ce qui concerne la situation catastrophique du secteur bancaire sur le continent. En 1988, Paris fait clairement connaître sa position : il n'est pas question de dévaluer le franc C.F.A., mais la France ne peut pas se permettre de financer les déficits sans limite de ses partenaires africains. Elle s'engage donc à participer à la restructuration du système bancaire de la zone franc, mais durcit ses positions en matière de gestion. [...]
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