Afrique, sous développement, mal développement, contexte post-colonial, économies de rente, barrage des chutes d'Inga, corruption généralisée, éléphants blancs, crise d'austérité, Plans d'Ajustement Structurels (P.A.S.)
« L'Afrique est mal partie », écrivait-on au début des années 1960, soit peu de temps après les indépendances. Il est vrai qu'à cette époque, le continent africain apparaissait comme nettement en retard : manque d'infrastructures, institutions fragiles, économies peu performantes et faiblement diversifiées, alphabétisation et espérance de vie insuffisantes … Bref, tout ce qui faisait entrer l'Afrique dans la catégorie des pays sous-développés, définie par M. Truman au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. La notion de développement, peu évidente, réouvre un paradoxe temporel : pour l'étudier, on a l'habitude d'effectuer une photographie à un instant précis de la situation d'un Etat, ou continent
[...] Les choix de développement économique se portent donc sur la priorité à donner à l'exportation des matières premières minières et agricoles : pétrole au Gabon, café et cacao en Côte d'Ivoire, développement de l'arachide au Sénégal Le problème est que ces économies deviennent rapidement des économies de rente, dépendantes du marché, et peu diversifiées. Parallèlement, des sommes pharaoniques sont investies par l'État pour développer les infrastructures et enclencher le développement économique et humain. C'est surtout dans ces politiques que se manifeste l'échec de l'État africain. Ces projets aboutissent souvent en éléphants blancs coûteux et inutiles. Un exemple : le barrage des chutes d'Inga, en République Démocratique du Congo. [...]
[...] En effet, les crises économiques ont accompagné l'affaiblissement de l'Etat, cependant que les conditions de vie semblent s'empirer. En raison de l'endettement excessif des Etats, dû notamment à la politique du ventre et aux investissements désastreux (les éléphants blancs des Plans d'Ajustement Structurels (P.A.S.) sont imposés par le FMI à de nombreux États (dont le Sénégal) africains pendant les années 1980. Il en résulte une crise d'austérité sévère : les coupes dans le budget des États signifient une baisse des subventions agricoles ; une réduction du nombre de fonctionnaires et une diminution des dépenses sociales. [...]
[...] Mais des difficultés demeurent. Djibril Diop, géographe sénégalais, a analysé la décentralisation au Sénégal et ses conséquences sur le développement, notamment rural. La première décentralisation date de 1972, mais c'est surtout en 1990 et en 1996 que sont conduites de grandes réformes, impliquant une plus forte dotation financière des collectivités locales et une plus grande autonomie. D. Diop note certaines réussites, mais pointe le manque de moyens financiers et la trop forte tutelle exercée par Dakar. De plus, la formation des acteurs locaux est insuffisante, et les structures mentales (le manque d'habitudes dans l'exercice des responsabilités) et les faibles connaissances des populations handicapent le développement des projets. [...]
[...] Bayart), mais désiraient simplement accaparer la rente. Ainsi, au début des années 1980, un constat d'échec s'impose. La croissance, due aux matières premières, n'a pas enclenché de développement humain (les conditions de vie n'ont guère varié), ni la diversification de l'économie. Endettée, l'Afrique se voit imposer brutalement d'entrer dans l'ère du libéralisme, par des États étrangers qui ont pourtant entretenu les difficultés africaines par la corruption (la Françafrique) et les rapports économiques asymétriques, de type néo-colonialiste. C'est cette entrée dans la mondialisation qui exacerbe les préexistants. [...]
[...] En plus de ces échecs économiques, la corruption généralisée des décideurs a empêché la redistribution de la manne financière à la population. Les Etats ont très peu investi dans le social et dans l'amélioration du niveau de vie (plus inquiétant, seuls de l'Aide Publique au développement lui sont consacrés). C'est ce que J.F. Bayard nomme politique du ventre un système de corruption et de clientèles à toutes les échelles du pouvoir, impliquant dettes et dépendances. Mobutu, dictateur du Congo-Brazzaville, disposait d'une fortune personnelle de plusieurs milliards de dollars, alors que nombre de ses compatriotes manquaient de nourriture. [...]
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