Les blocages des négociations du Round de Doha de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) persistant, de nombreux observateurs s'interrogent sur les modalités de la poursuite de la baisse généralisée des préférences, orchestrée depuis la création du GATT en 1947. Les revendications des pays en développement sur les questions agricoles ou encore environnementales ainsi que les contre-manifestations « altermondialistes » ont fait émerger la nécessité de redéfinir les contours de l'ouverture commerciale internationale. La promotion inconditionnelle du libre échange ne fait plus consensus. Par libre-échange, on entend une forme de commerce international avec des droits réduits ou nul sur les marchandises étrangères, selon les principes de réciprocité (pas de concession unilatérale) et de non-discrimination (clause de la nation la plus favorisée étendue à tous les partenaires et traitement national des marchandises étrangères).
Les principales critiques du libre-échange portent sur son caractère présenté comme inégalitaire (le pot de terre et le pot de fer) et favorisant uniquement les forces du marché et les entreprises multinationales, au détriment des économies locales. Se pose dès lors la question de l'impact du libre échange sur le développement des pays parties prenantes de l'échange. Le libre-échange suffit-il à garantir le développement ? On entendra ici le développement d'un pays comme l'amélioration des conditions de vie de sa population, au niveau matériel, social (santé, éducation) et politique.
[...] Le processus de DIPP créé un biais en défaveur du travail peu qualifié dans les pays développés. On peut l'expliquer par la spécialisation qu'ont opérée les économies occidentales sur le modèle de la théorie HOS, fonction des dotations factorielles des pays parties prenantes de l'échange : la délocalisation des activités de faible valeur ajoutée a libéré une grande quantité de main d'œuvre peu qualifiée tandis que la tertiarisation et la scolarisation de masse font pression à la hausse sur la demande de travailleurs qualifiés. [...]
[...] Cette analyse permet d'expliquer pourquoi les IDE vers les pays en développement concernent en 2002 à 60% les pays de la zone Asie-Pacifique (fort capital humain) et seulement à ceux de l'Afrique Sub-Saharienne (problèmes criants de gouvernance) Régulation et effets pervers du libre échange De nombreux pays en développement souffrent clairement de leur déficit en termes de capacité d'absorption la majorité d'entre eux ne possédant pas une économie assez solide pour une ouverture immédiate et totale. Des dérogations dans le régime douanier du GATT ont par conséquent été mises en place dans les années 70 suite à la création de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce du développement) en 1964. [...]
[...] Si le libre échange semble dans la théorie pouvoir être favorable au développement, il n'en reste pas moins réel que son impact dépend fortement de la capacité de l'économie concernée à en tirer avantage et à se protéger de ses effets potentiellement néfastes. II. Un développement sous conditions économiques et politiques 1. Capacité d'absorption Dans la littérature économique, le consensus n'est pas absolu sur la corrélation entre ouverture commerciale et croissance économique. Tous les auteurs mettent notamment en exergue le rôle d'un élément appelé capacité d'absorption qui correspond à la faculté que possède le pays à tirer profit de l'ouverture commerciale. [...]
[...] De plus, la structure des économies des pays en développement change très vite, notamment pour les pays émergents. Leur statut de pays à bas salaire est éphémère et ils évoluent vers des économies à fort potentiel technologiques, sur le modèle japonais des vols d'oies sauvages (production locale puis délocalisation vers pays à encore plus bas salaires). Cette stratégie fut notamment celle des dragons asiatiques (Singapour, Corée du Sud, Hong Kong et Taïwan), dont les investissements technologiques et en capital humain les ont rendus très compétitifs sur le plan de la nouvelle économie de la connaissance. [...]
[...] Bibliographie - Paul. R. Krugman, La mondialisation n'est pas coupable, La découverte 1998 - Jean-Marie Cardebat, Le libre-échange est-il inégalitaire Ecoflash 167, avril 2002 - Alain Nurbel et Ibrahim Ahamada, Investissements directs étrangers entrants et développement : l'enjeu de la capacité d'absorption, De Boeck Université, Monde en développement, 2008/3 - 143, pages 79 à 96 - Bernard Lassudrie-Duchêne et Deniz Ünal-Kesenci, L'avantage comparatif, notion fondamentale et controversée, L'économie mondiale 2002, Repères, La Découverte, p. 90-104 - Cours d'Economie Internationale, Henri Regnault, Université de Pau et des Pays de l'Adour, Licence 3 Economie-Gestion, année 2007-2008, Semestre 2 - http://www.banquemondiale.org/ David Ricardo, Principes de l'économie et de l'impôt Daniel Cohen leçons sur la société post-industrielle, La République des idées Grossman, G.M., Helpman, E Innovation and Growth in the Global Economy. [...]
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