« Les Etats-Unis n'auraient pas pu vivre comme ils l'ont fait, au-dessus de leurs moyens, ils n'auraient pas pu drainer les trois quarts de l'épargne mondiale, s'ils n'avaient pas possédé la devise de référence (dans la composition des réserves des banques centrales, sur le marché des changes, du pétrole, des métaux, dans le commerce mondial) » En dressant ce constat, le journaliste du Monde, Pierre-Antoine Delhommais, touche le point central de l'actuel Système Monétaire International (SMI) : l'hégémonie du dollar à un moment donné – c'est-à-dire à la conférence de Bretton Woods en juillet 1944 – a permis d'en faire un étalon de référence, et d'aboutir à ce que de Gaulle appelait, « le privilège exorbitant de l'Amérique » en parlant de la monnaie américaine.
Pour saisir ce point d'aboutissement, un dollar roi, il est indispensable d'effectuer un retour à l'origine et à l'intérêt que comporte un SMI, de comprendre comment l'Occident a progressivement basculé d'un système où l'or était l'étalon de référence et les monnaies étaient reliées par un système de changes fixes à ce que nous connaissons aujourd'hui : un dollar qui n'a d'autre valeur que la confiance qu'on lui accorde et un système de changes flexibles, deux éléments centraux qui conduisent à une grande instabilité du système monétaire, financier et donc, in fine, économique et social.
Ce travail vise à reconstituer une généalogie générale du système monétaire depuis son apparition en 1871 jusqu'à aujourd'hui. Même si peu de commentateurs le soulignent, la crise que nous vivons aujourd'hui remet profondément en cause la configuration actuelle du SMI. Ainsi, le 23 mars 2009, le gouverneur de la Banque Centrale de Chine, Zhou Xiaochuan, a proposé ni plus ni moins de révolutionner le SMI : pour lui, le dollar ne remplit plus le rôle auquel doit répondre une monnaie de réserve mondiale. Selon cet homme fort de la Banque Centrale, il est nécessaire de créer une nouvelle monnaie de réserve qui n'appartiendrait à aucun pays, c'est-à-dire une monnaie supranationale, ce qui revient à faire du dollar une monnaie comme les autres et donc à mettre un terme à l'hégémonie américaine sur le monde.
[...] L'étalon-or, le dollar, Bretton Woods, l'euro, le FMI : le Système Monétaire International (SMI) et ses problèmes de 1871 a nos jours I. Qu'est-ce qu'un systÈME monÉtaire international ? A. dÉFINITION, intÉRÊT ET UTILITÉ B. pOURQUOI UN smi ? C. Les trois cARACTÉristiques d'un SMI II. 1871-1944 : Étalon-or A. [...]
[...] Au-delà de l'impact des échanges commerciaux sur la valeur d'une monnaie, des phénomènes de spéculation entraînent également d'importantes fluctuations des taux de change. Dans la mesure où ces mouvements de taux de change pénalisent fortement les échanges de biens et de services, certains pays ont jugé préférable de s'entendre pour assurer une certaine stabilité du taux de change entre les monnaies respectives. Là réside l'intérêt du SMI. Ainsi, un SMI permet une coopération économique entre les pays, à l'opposé des évènements qui ont marqué les années 1930 où chaque pays s'est replié sur lui-même en limitant la convertibilité externe de sa monnaie ce qui a entraîné un problème de liquidité international et contribué à faire baisser le commerce international. [...]
[...] Les accords prévoient des marges de fluctuations très larges entre monnaies européennes : elles peuvent atteindre plus ou moins et dans certains cas. Trois ans après, les accords de Bâle d'avril 1972 prévoient un rétrécissement des marges de fluctuation entre monnaies européennes à plus ou moins et officialisent la création du serpent monétaire européen. Le constat qui amène à cette création est simple : ces six pays ont une communauté d'intérêts économiques et sont à la fois fournisseurs et clients. [...]
[...] La même année, une nouvelle spéculation entraîne une seconde dévaluation du dollar, de cette fois-ci la première avait été de en 1971. Les banques centrales européennes refusant à être rattachées au dollar, le SMI de Bretton Woods implose et le flottement généralisé des monnaies est instauré les taux de changes flottants deviennent le nouvel horizon. Le système de parités fixes organisé autour de l'étalon-or est terminé : l'or est démonétisé, c'est-à-dire que les parités des monnaies ne sont plus définies par rapport à l'or. [...]
[...] La demande de monnaie nationale est supérieure à l'offre de monnaie nationale : le taux de change aura une tendance à la hausse et la monnaie va s'apprécier. Par exemple, la zone euro a un excès de sa balance des paiements : il y a donc un excès de demande de dollars par rapport à l'offre puisque le pays reçoit plus de revenus qu'il n'en dépense. L'euro va alors chuter. Ces deux exemples sont fidèles à ce que l'on a pu observer entre 2002 et 2008. [...]
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