Il y a plus d'un siècle, Marx écrivait que « la base du mode de production capitaliste est constituée par le marché mondial lui-même ». Il n'est pas exagéré de dire que la constitution de ce marché mondial est l'essence même de ce que l'on nomme aujourd'hui mondialisation.
Il s'agit là d'un processus ni linéaire ni inachevé, et même en grande partie utopique. Il vise ni plus ni moins à construire un espace homogène de valorisation, autrement dit à établir des normes unifiées de compétitivité et de rentabilité à l'échelle planétaire, donc à mettre directement en concurrence les salariés des quatre coins du monde.
En ce qui concerne l'impact de l'ouverture internationale sur l'emploi, le cadre d'analyse traditionnel a été développé par Hecksher, Ohlin et Samuelson (HOS) dans les années 1970. L'intuition est dérivée de la théorie ricardienne des avantages comparés : l'ouverture au commerce international accroît la spécialisation d'une économie dans ce qu'elle fait de mieux. Or, les pays du Nord sont meilleurs dans les secteurs les plus intensifs en travail qualifié, car ils en sont relativement mieux dotés. Dès lors, le commerce international va renforcer leur spécialisation dans ces secteurs, et accroître le fossé qui sépare les salariés les plus éduqués de ceux qui le sont moins. Dans les pays du Nord du moins, le commerce international est donc créateur d'inégalités.
[...] Les échanges avec les pays du Sud-Est asiatique et avec les autres pays de l'Union Européenne s'avèrent créateurs d'emplois, tandis que ceux avec la Chine et le Japon sont destructeurs d'emplois. Quand la productivité du travail augmente alors, selon Krugman, les salaires augmentent. Il appuie son analyse sur des exemples historiques : le salaire moyen au japon représentait 10% du salaire moyen américain il y a 30 ans, à une époque où le Japon avait des niveaux de productivité très faibles par rapport aux niveaux américains. Aujourd'hui, après la phase de rattrapage rapide, les niveaux moyens de salaires au Japon atteignent 110% des niveaux américains. [...]
[...] Échanges extérieurs, mondialisation et emploi Échanges extérieurs, mondialisation et emploi Il y a plus d'un siècle, Marx écrivait que la base du mode de production capitaliste est constituée par le marché mondial lui-même . Il n'est pas exagéré de dire que la constitution de ce marché mondial est l'essence même de ce que l'on nomme aujourd'hui mondialisation. Il s'agit là d'un processus ni linéaire ni inachevé, et même en grande partie utopique. Il vise ni plus ni moins à construire un espace homogène de valorisation, autrement dit à établir des normes unifiées de compétitivité et de rentabilité à l'échelle planétaire, donc à mettre directement en concurrence les salariés des quatre coins du monde. [...]
[...] C'est la thèse défendue par Krugman dans son dernier livre, intitulé, La mondialisation n'est pas coupable. Selon lui, les véritables causes du chômage et du développement des inégalités sont internes. Il souligne en particulier le fait que la baisse des rémunérations des moins qualifiés aux Etats-Unis vient tout simplement d'une tendance structurelle de l'économie américaine à avoir une demande de main-d'œuvre peu qualifiée de plus en plus faible. Pour lui, cette tendance s'explique par le progrès technique et n'a que peu à voir avec les échanges commerciaux avec les pays d'Asie. [...]
[...] Les pays du Sud ne détournent à leur profit qu'une fraction limitée des emplois du Nord, et on ne peut faire porter à ce mécanisme la responsabilité principale du chômage. On peut citer les résultats très nets de deux études du National Bureau of Economic Research des Etats-Unis qui portent sur un gros échantillon de multinationales américaines. Le résultat principal est que la substitution entre l'emploi dans les filiales et l'emploi dans les maisons- mères est marginal, mais qu'il existe, en revanche, une forte substitution entre les différentes filiales. [...]
[...] L'argument de la concurrence abusive par les bas salaires reflèterait donc selon Krugman une méconnaissance des vertus du libreéchange fondé sur la spécialisation en fonction des avantages comparatifs. De plus, certaines études observent que en matière de délocalisations d'entreprises américaines, les bas salaires ne sont pas toujours le critère essentiel d'orientation des flux d'investissement, il existe d'autres critères comme la stabilité des prix, celle du taux de change, ou encore la stabilité politique. Les nouvelles formes de concurrence ne se font pas que par les prix, la compétitivitéprix n'est pas le seul élément explicatif et certains spécialistes du tiers monde évoquent un déclin de l'avantage par les coûts. [...]
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