Inégalités, pauvreté et mondialisation, Christian Morrisson, pauvreté mondiales, inégalité des revenus, OCDE, économie internationale
Né en 1936, Christian Morrisson est aujourd'hui professeur émérite de l'université Paris I Panthéon Sorbonne. Spécialiste en sciences économiques, il est consultant auprès de la Banque Mondiale, du BIT et de l'OCDE. Il collabore à des revues scientifiques en rédigeant de nombreux articles, consacrés notamment à la répartition des revenus, à la croissance et aux réformes d'ajustement structurelles.
Selon ses détracteurs, la mondialisation aurait accru, ces dernières années, les inégalités et la pauvreté mondiales. Cependant, des études récentes témoignent de la stabilisation des inégalités de revenu entre 1950 et 2000 ; les inégalités auraient même faiblement diminué depuis 1990. Pour éclairer ce débat, crucial pour la poursuite de l'ouverture internationale des NPI, C.Morrisson, se propose d'étudier sur le long terme (1820-1992) l'évolution de la pauvreté et de l'inégalité des revenus, puis d'analyser le rôle joué par la mondialisation dans cette évolution.
[...] Les inégalités ne sont pas elles mêmes assimilables à la pauvreté, qui peut décroître alors même que l'on assiste à une hausse des inégalités. D'autre part, si des corrélations peuvent être établies entre évolution des inégalités mondiales et ouverture internationale, les causalités sont plus difficiles à mettre en évidence, d'autant plus que l'évolution des inégalités est également tributaire de facteurs institutionnels qui accompagnent la mondialisation (comme par exemple le système de redistribution) Cet étude souligne donc d'une part les obstacles méthodologiques qui rendent malaisée l'évaluation de l'évolution des inégalités et de la pauvreté mondiale. [...]
[...] Cette croissance ayant été consécutive à l'ouverture de ces pays, C.Morrisson s'interroge sur le rôle de la mondialisation dans l'évolution des inégalités et de la pauvreté. II est-elle imputable à la mondialisation ? Les effets de la première mondialisation (1820-1910) a)Une ouverture limitée : C.Morrison définit la mondialisation comme un processus d' ouverture des biens, des hommes et des capitaux rendu possible par la réduction des tarifs douaniers et des coûts de transport. Cette ouverture s'est limitée aux pays Ouest Européens, au Japon et à l'Amérique latine, dont elle a stimulé la croissance. Après 1890, les revenus des pays Ouest européens ont ainsi convergé. [...]
[...] De même, les 20% les plus pauvres disposent respectivement de 2,4 et du revenu mondial en 1950 et 1992. Toutefois, on observe des changements qualitatifs dans la composition des déciles : la stabilité est allée de pair avec une mobilité importante au bénéfice de tous les pays asiatiques et aux détriment des pays africains Résulte de la conjonction de deux facteurs Les inégalités internes se réduisent sur l'ensemble de la période : Depuis 1820, les inégalités internes tendent à se réduire dans les pays Ouest européens : entre 1820 et 1950, le poids des inégalités internes diminue de 80% à 40% de l'inégalité totale. [...]
[...] 2)La seconde mondialisation (depuis 1950) a)Un effet ambigu sur l'évolution des inégalités mondiales : La mondialisation s'est accélérée depuis 1980 : dans les pays s'étant ouverts les flux d'échange internationaux (NPI d'Asie, Chine, Inde, Amérique latine), on observe un processus de convergence avec les PTD, ce qui contribue à la réduction des inégalités mondiales. En revanche, le fossé se creusant entre pays bien insérés dans les échanges internationaux et pays laissés pour compte est responsable d'une augmentation des inégalités mondiales. b)Une tendance à l'augmentation des inégalités internes : En ce qui concerne les nouveaux pays participant à la mondialisation, le bilan est mitigé. [...]
[...] Elle montre surtout l'enjeu idéologique qui conditionne l'interprétation de telles évolutions, dans le débat contemporain entre partisans et opposants de la mondialisation, débat d'actualité qui conditionne les stratégies de développement des PED et les conseils que leur prodiguent les organismes internationaux. [...]
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