Comment concilier l'initiative individuelle et l'évolution du contexte économique, de plus en plus structuré par les grandes firmes ? Nous nous proposons de montrer que l'entrepreneur, loin d'être un agent naturel du capitalisme, est une construction sociale destinée à légitimer la théorie économique libérale européenne.
En Europe, les économistes libéraux (R. Cantillon, J.B. Say et J. Schumpeter) soutiennent que l'entrepreneur est le moteur de l'économie. Cette conception est critiquée par les économistes s'inspirant de la démarche marxiste, qui mettent en avant la logique d'ensemble du développement capitaliste, caractérisée par l'émergence, puis la domination des grandes firmes. Ce phénomène illustre le processus de socialisation de la production capitaliste (intensification des échanges marchands, généralisation de la division du travail, socialisation du capital des entreprises). Dans un contexte d'approfondissement et d'élargissement de la socialisatrion de la production, que devient l'entrepreneur ? L'entrepreneur héroïque fait place à l'entrepreneur socialisé, s'inscrivant dans les structures économiques pré-existantes du capitalisme. En Asie, la critique de l'entrepreneur s'enracine dans la tradition confucéenne. Dans des sociétés organisées selon des principes collectivistes, le marchand est critiqué pour son individualisme. La mauvaise image de l'entrepreneur se maintient pendant l'industrialisation, largement impulsée par l'État : l'entrepreneur apparaît surtout comme le commis des fonctionnaires. Il n'y a guère que depuis les années 1980 que l'entrepreneur s'est imposé dans la pensée asiatique, dans la mesure où la main-mise de l'État est largement critiquée par les économistes libéraux, qui soutiennent que les économies asiatiques souffrent de nombreux dysfonctionnements, qui n'existeraient pas s'il était fait une place plus grande à l'initiative individuelle.
Dans les faits, les grands groupes, et non l'entrepreneur, sont à l'origine de la prospérité économique asiatique : dès le départ, les conglomérats privés sont les partenaires privilégiées des fonctionnaires cherchant à impulser l'industrialisation. Cependant, malgré la structure concentrée des économies asiatiques, l'entrepreneur émerge, sous une forme socialisée, crise oblige
[...] L'État garantit leur protection contre la concurrence des grandes firmes dès 1972 avec une loi qui empêche l'accès des grandes firmes aux secteurs artisanaux. À l'heure actuelle, c'est plutôt l'entrepreneur de type 1 qui fait l'objet d'une attention particulière de la part des grandes firmes, multinationales et nationales, qui souhaitent se servir du personnel scientifique formé dans les universités indiennes, notamment à Bangalore, pour diminuer leur coût, tandis que l'État facilite la création d'entreprises par les scientifiques dans le but de réduire le chômage des diplômés. [...]
[...] Les passages de ce rapport que nous citons maintenant montrent comment l'État promeut une intégration plus grande entre chaebol et PME : "Le Bureau des petites et moyennes entreprises encourage les grandes firmes à s'engager délibérément dans l'aide aux PME. Il cherche également à donner aux compagnies sous-traitantes accès à l'assistance technologique et managériale des grandes firmes. À titre d'exemple, le projet "Développement commun de pièces détachées" a grandement contribué à réduire la dépendance vis à vis des importations et à améliorer la balance des paiements. [...]
[...] Entre ces deux positions, les tenants de l'école autrichienne cassent l'hypothèse de l'information parfaite. L'entrepreneur ne dispose pas d'une information plus complète que les autres agents économiques. Il dispose simplement d'une capacité de jugement qui, bien utilisée, peut lui permettre de réaliser d'habile paris sur l'avenir. De toutes les manières, qu'il échoue ou qu'il réussisse, l'entrepreneur aura contribué à faire reculer l'ignorance en diffusant l'information auprès des autres agents économiques. Grâce aux tentatives réalisées par l'entrepreneur, le marché n'atteint l'équilibre que de façon tendancielle L'entrepreneur, agent subjectif La subjectivité de l'entrepreneur provient de la marge de manœuvre dont il dispose par rapport aux informations que le marché lui transmet. [...]
[...] L'usage de la monnaie, renchérit B. Kamazawa, contribue à enrichir les marchands les plus puissants. Sorai Ogyu (1666-1728) dénonce également les pratiques des marchands. Philosophe et enseignant, il devient à l'occasion le conseiller des seigneurs. Il possède une vision des problèmes économiques détachée des contraintes de la réalité, et donne la priorité à des considérations éthiques. Pour lui, le développement de l'usage de la monnaie et l'urbanisation est à l'origine du pouvoir renforcé des marchands. Les samourai quittent la campagne et refusent de recevoir leurs revenus directement en riz. [...]
[...] Il maniait la carotte et le bâton vis-à-vis des travailleurs : le niveau de vie des Coréens s'est sensiblement accru au prix d'une répression féroce des mouvements sociaux. Mais la mondialisation et la crise financière asiatique, affectent la cohérence du modèle coréen. La structure du tissu économique organisé par l'État, la politique de promotion des exportations et de protectionnisme, le paternalisme des grandes familles dans la gestion de la main d'œuvre, sont désormais contradictoires avec le "régime FMI" imposé par les organismes financiers internationaux, et mis en œuvre par le président Kim Dae Jung. [...]
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