Depuis une vingtaine d'années, la libéralisation des marchés mondiaux est activée : décloisonnement, déréglementation, désintermédiation des marchés financiers (les 3D de Bourguinat), les échanges de produits manufacturés sont de plus en plus libres, les barrières tarifaires et non tarifaires sont moins importantes, les zones et les accords de libre échange se multiplient.
[...] Si une réforme de ces régimes est envisagée, les pays bénéficiaires demanderont sans doute une indemnisation, tout comme le font en pareil cas les agriculteurs de l'UE. Dans la mesure où une telle indemnisation est envisagée sous forme de versements en espèces, les dépenses budgétaires à prévoir risquent d'empêcher une réforme des politiques. Par exemple, dans sa proposition d'octobre 2000 concernant des modifications (extrêmement modestes) du régime communautaire applicable au sucre, la Commission européenne a évoqué le manque à gagner prévisible de 250 millions d'euros dans les pays ACP intéressés pour expliquer pourquoi l'on ne pouvait pas envisager une réduction (hypothétique) de 25% du prix du sucre de l'UE (Commission européenne, 2000b). [...]
[...] Ainsi, il faut se demander quels sont aujourd'hui les obstacles qui entravent le commerce des produits agricoles? Et, dans quelles mesures ils entravent le libre échange ? Dans une première partie nous étudierons l'impact des arrangements préférentiels ou préférences commerciales accordées aux pays en voie de développement, sur le commerce mondial des produits agricoles. Puis dans une deuxième partie, nous examinerons les différentes politiques agricoles des grands pays industrialisés et leurs évolutions, afin de quantifier l'importance du soutien par l'Etat de l'agriculture et de voir quelles en sont les conséquences sur le commerce mondial. [...]
[...] Les préférences ont également des coûts pour des pays autres que les bénéficiaires. Pour les pays importateurs qui les accordent, il y a des coûts économiques directs sous forme d'une réduction des recettes douanières. Du point de vue de l'économie dans son ensemble, ces coûts budgétaires peuvent fort bien être moindres que les avantages (pour les consommateurs nationaux) résultants d'une augmentation du volume des importations et d'une baisse des prix intérieurs. Cependant, cela ne vaut que si les préférences en question résultent principalement d'une création plutôt que d'un détournement d'échanges. [...]
[...] Le deuxième objectif consistait, avant tout, dans la réduction de l'écart de niveau de vie entre les populations agricoles et le reste de l'économie. Une stabilisation des marchés permet de garantir les approvisionnements, mais non d'assurer des prix raisonnables aux consommateurs. En effet, elle implique une protection des marchés de la CEE vis-à-vis de l'extérieur ainsi que le maintien des prix plus élevés que ceux qui prévalent en l'absence de la PAC. Le dernier objectif n'était donc pas prioritaire, d'autant que l'interprétation de la notion de prix raisonnables est ambiguë car ceux-ci ne signifient pas les prix les plus bas possible. [...]
[...] Ainsi, il est assez difficile de dire que ces arrangements préférentiels sont des obstacles ou non à la libéralisation des échanges agricoles mondiaux. Enfin, il y a encore un autre argument démontrant que ces arrangements préférentiels n'ont qu'un faible impact sur le commerce des produits agricoles. En effet, les pays développés mènent des politiques agricoles assez contraignantes pour leurs économies, ainsi, il est difficile pour eux d'accorder des préférences tarifaires importantes en matière de produits agricoles aux pays en voie de développement. [...]
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