Notes d'observation - Relations de genre dans les transports en commun

Thèmes abordés

Construction de genre, transport en commun, espace public, relations de genre, manspreading, patriarcat

Résumé du document

Dans les transports en commun, la posture des passagers masculins, à priori anodine, trahit en réalité un rapport déséquilibré entre les genres. Le 'manspreading' (l'attitude consistant à être avachi sur son siège, genoux orientés vers l'extérieur) dépasse l'argument que les hommes ont besoin de plus d'espace que les femmes, ou bien que certains passagers manquent de savoir-vivre. La différence d'attitude dans les transports en commun entre hommes et femmes est suffisamment documentée pour montrer que cela relève d'un rapport genré à l'espace public que représentent les transports en commun.

Extraits

[...] Au-delà d'un effort conscient de domination genrée, le manspreading est la manifestation inconsciente d'une conjonction de facteurs socio-économiques qui assignent des attitudes différentes aux genres sur la manière de se comporter dans la sphère publique, et en particulier dans les transports en commun. Ces différences genrées contribuent à la fois à l'émergence d'incivilités propres à chaque genre, mais également à expliquer des comportements à priori anodins comme des manifestations d'une relation entre hommes et femmes plus complexe qu'on le croit. [...]

[...] Les observations rapportent un taux de manspreading parmi les passagers masculins des wagons de 9.1% lorsque le premier est vide ou quasi-vide - à horaires creux- contre seulement 2.9% lorsqu'il y a moins d'espace, notamment durant les heures de pointe. Ces résultats sont en contradiction avec l'analyse présentée par Yakas (2016). Ce dernier déconstruit l'argument selon lequel le manspreading est dû à la différence de physionomie entre les genres. Les données qui donnent raison à cette justification doivent cependant être interprétée dans le cadre des relations qu'entretiennent les individus avec les autres : le manspreading peut ainsi être interprété comme une manifestation du privilège masculin, qui consiste à occuper la surface la plus large possible en utilisant son propre corps. [...]

[...] On retrouve également que l'accroissement du trafic des passagers empruntant le réseau de transport NYC a décliné durant les années passées, reflétant une foule de facteurs exogènes, dont le plus important est probablement la dégradation de la qualité de l'expérience du transport. L'arrivée de modes de transports comme Uber ou Lyft, pousse les utilisateurs à diversifier leurs modes de transport. Le point commun à ces différentes sources d'insatisfaction est que l'accroissement du nombre de passagers force l'intimité entre individus, qui se retrouvent à partager un espace de plus en plus étroit. Cette situation exacerbe les effets négatifs des 'petites' incivilités, mais ce faisant ne fait que les mettre en relief. [...]

[...] Notes d'observation - Relations de genre dans les transports en commun Dans les transports en commun, la posture des passagers masculins, à priori anodine, trahit en réalité un rapport déséquilibré entre les genres. Le 'manspreading' (l'attitude consistant à être avachi sur son sièges, genoux orientés vers l'extérieur) dépasse l'argument que les hommes ont besoin de plus d'espace que les femmes, ou bien que certains passagers manquent de savoir-vivre. La différence d'attitude dans les transports en commun entre hommes et femmes est suffisamment documentée pour montrer que cela relève d'un rapport genré à l'espace public que représentent les transports en commun. [...]

[...] Lorsque le wagon est vide ou quasi-vide, la contrainte sociale à être courtois envers les autres passagers est moins forte. La sociologiste Raewyn Connell fait référence à un dividende patriarcal qui peut expliquer cette différence d'attitude entre hommes et femmes quant à l'utilisation des transports en commun, et le rapport avec les autres passagers. La volonté inconsciente d'imposer sa présence physique se fait certainement aux dépends des autres passagers, notamment féminin. A contrario, l'éducation inculquée aux femmes dès leur jeune âge met l'accent sur le refus de la confrontation et l'accommodation avec les autres individus. [...]