Quels sont les indices qui attestent de la permanence de l'État social ?
Il n'existe pas d'indicateur global pour cette démonstration. Dès lors qu'il est entendu au sens large, l'État social ne se laisse pas saisir par un indicateur unique, par une mesure simple susceptible de rendre compte de l'ampleur tout à la fois de la protection sociale, de la régulation des rapports de travail, des services publics et des différentes politiques économiques
[...] Les controverses ont culminé avec le projet d'étendre la formule aux jeunes de moins de vingt-cinq ans, via le Contrat première embauche (CPE). Ce dernier a été retiré en 2006 en raison d'une imposante mobilisation sociale. Le contrat nouvelles embauches ne lui a pas survécu longtemps. Suite à un recours syndical, l'Organisation international du travail a jugé, en novembre 2007, que la période d'essai de deux ans était manifeste ment déraisonnable. Ce contrat en conséquence, été abrogé en 2008, et ce, dans une quasiindifférence générale en dépit de l'ampleur des controverses antérieures. [...]
[...] Ces deux indicateurs sont fragiles et contestables. Ils gonflent artificiellement la part de la richesse monétaire affectée au secteur public, en ajoutant aux ressources qui servent effectivement à payer des services publics et d'autres qui sont immédiatement redistribuées aux ménages sous forme de prestations sociales en espèces (retraites, allocation chômage, etc.) ou en nature (remboursement des consultations, allocations familiales, etc.). La notion de prélèvements obligatoires véhicule de surcroît l'idée que le secteur public serait improductif et qu'il devrait par conséquent être financé par un prélèvement sur le secteur privé, lequel créerait seul de la richesse. [...]
[...] Il faut donc préciser le constat pour chacun des quatre piliers. Quelles sont ici les tendances lourdes repérables sur la longue période? La protection sociale s'est plutôt développée depuis les années 1980, la régulation des rapports de travail n'a pas disparu, les services publics font de la résistance et il en va de même pour les politiques économiques, dont la crise a signé le grand retour. Au final, le bilan est clair: l'État social s'est sensible ment développé au cours de la seconde moitié des années 1970, soit pendant la première phase de l'onde longue de crise ouverte en 1973- 1974 et dont nous ne sommes toujours pas sortis; il s'est au contraire contracté à la suite du tournant néolibéral initié à la fin des années 1970 aux ÉtatsUnis et au Royaume-Uni (en 1983 en France), les effets de ce tournant étant particulièrement sensibles à compter du milieu des années 1990; mais cette contraction n'a pas annulé le mouvement précédent de sorte que l'État social demeure bien pré sent. [...]
[...] C'est vrai des pays développés. Cela l'est plus encore, si l'on élargit le champ d'analyse aux pays émergents : la Chine, dont tout indique qu'elle marquera de son empreinte le monde à venir, est ainsi restée très éloignée des canons de la finance de marché et de son analogon qu'est le capitalisme actionnarial. Non sans lien avec la double libéralisation financière et commerciale, la politique industrielle a été largement délaissée à compter des années 1980, même si certains pays, la Chine bien sûr, mais aussi les États-Unis, ont continué dans les faits à soutenir massivement nombre de leurs secteurs et filières. [...]
[...] Galbraith (2009) évoque en ces termes la politique de G. W. Bush junior durant son premier mandat : « En fait, au fil de la présidence Bush, sa signature macroéconomique est devenue un keynésianisme de plus en plus agressif.» Remarquant que ce sont surtout des démocrates qui ont protesté en 2003 et 2004 contre cette politique de relance et ont plaidé pour une politique d'équilibre budgétaire, James K. Galbraith fait un constat sans appel, qui s'adresse explicitement à une partie de la gauche européenne: « L'ironie [ . [...]
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