Depuis l'antiquité, l'objectif premier des sociétés était la production et l'égalité. D'ailleurs, la production est la clé de la croissance économique et c'est cette dernière qui assure la force de l'économie nécessaire pour faire face aux envies expansionnistes des autres pays, pour assurer le progrès technologique de la société et aussi pour permettre son expansion et son épanouissement. Mais pour parvenir à ces objectifs vitaux à la survie des sociétés il faut imposer aux individus de consacrer une grande partie de leur temps au travail. Mais pour que les individus acceptent de vivre sous ces contraintes, il faut leur assurer en échange un certain degré de bien être. C'est donc pour cette raison que les sociétés essayent toujours d'augmenter le bien être des citoyens. Mais vu le penchant naturel de chaque individu à se comparer aux autres individus qui l'entourent, le degré d'inégalité contribue énormément à la détermination du bien être des individus. En plus, si le degré d'inégalité est trop élevé les individus défavorisés se trouvant dans l'impossibilité d'améliorer leur niveau de vie s'orientent, guidé par un sentiment d'injustice, vers la criminalité, la violence et la délinquance ce qui constitue un danger majeur menaçant la stabilité de la société.
Mais, comme le témoigne la présence dans la majorité des pays du monde de conflits entre les parties politiques de gauche, dont l'objectif principal est d'assurer le bien être des citoyens, et de droite, dont l'objectif est d'améliorer la force de l'économie, l'association de ces deux objectifs précédemment cités ne semble pas évidente.
Pour mieux comprendre l'origine de cette incompatibilité, il faut bien définir les notions en jeu. Kuznets définit la croissance comme « une augmentation à long terme de la capacité d'offrir une diversité croissante de biens. Cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'elles demandent ». Mais dans le contexte actuel, le progrès technologique nécessite la mise en œuvre de capitaux de plus en plus importants et donc nécessite l'existence d'individus dotés de grandes fortunes et qui emploient d'autres individus qui, n'ayant pas de fortune, offrent leur force de travail en échange d'un salaire leur permettant de subvenir à leur besoins. Ainsi la définition de la croissance implique nécessairement l'existence d'un certain degré d'inégalité dans la société.
Cette cohabitation qui semble inévitable des notions de croissance et d'inégalités apparemment non compatibles nous pousse à poser cette question : la réduction des inégalités est-elle défavorable à la croissance ?
[...] Ainsi, l'activité des syndicats incite les salariés à investir dans le capital humain puisqu'ils sont sûrs d'en cueillir les fruits. De ce point de vue, les grilles de salaires négociées par les syndicats peuvent être considérées comme une forme de redistribution efficace Les employeurs Par ailleurs, les employeurs peuvent aussi manipuler les salaires s'ils sont en position de monopsone (lorsqu'il n'existe qu'un seul employeur et donc un seul acheteur possible du travail). Cette situation est la conséquence de la spécificité du capital humain qui rend celui-ci inutilisable chez un autre employeur et conduit le salarié captif à accepter les conditions de l'employeur (cf. [...]
[...] Notons enfin que une réduction des inégalités de capital est plus bénéfique pour l'économie que la réduction des inégalités de revenu. En effet, dans le second cas on désinvite les gens à travailler en leur donnant de quoi vivre aisément ; mais dans le premier cas, on donne plus de chance aux gens pour investir ce qui fait augmenter leur revenu et par suite améliorer leur niveau de vie : le gain dans le second cas est donc double. La réduction de l'inégalité au niveau du capital humain est un exemple très illustratif du mécanisme décrit précédemment : les individus sont taxés, mais la somme de ces taxes n'est pas redistribuée en totalité au cours de la même période, mais investit en partie dans le domaine de l'éducation de façon de garantir une éducation minimale gratuite pour tous les enfants dans la population. [...]
[...] La réduction des inégalités est-elle défavorable à la croissance ? La nature crée des différences, la société en fait des inégalités Tahar Ben Jelloun Introduction 1 Modèles théoriques reliant redistribution et croissance Approche Kaldorienne Théorie de l'électeur médian Théorie du rationnement financier Les indicateurs et les formes d'inégalité Les Indicateurs d'Inégalités Propriétés des indicateurs Indice de Theil Le coefficient de GINI L'indicateur P90/P10 : Les limites des indicateurs Les Formes d'Inégalités Inégalité des salaires / Capital humain Inégalités de Patrimoine Inégalités des revenus Les Inégalités dans le monde Dans les pays sous-développés Dans les pays développés La redistribution: facteur d'efficacité économique? [...]
[...] Pourtant, la simple observation de l'état du monde montre que ces explications purement économiques ne suffisent pas. Si cela était si simple, le problème de la croissance serait d'ores et déjà résolu, ou en voie de l'être, par l'application des théories élaborées et en se basant sur les différentes observations fournies par les divers indicateurs de croissance et des inégalités. À l'évidence, il y a des raisons plus profondes qui tiennent, semble-t- il, à ce que l'aptitude à une mise en oeuvre efficace des facteurs de redistribution ne peut être, concrètement, séparée des caractéristiques sociales de la population qui accomplit cette mise en œuvre : aptitude à la contribution, altruisme. [...]
[...] L'éducation publique et les subventions accordées à l'enseignement public représentent un bon exemple de cette forme de redistribution. Les dépenses d'éducation qui apparaissent dans le budget de l'état remplacent les dépenses que les parents auraient effectuées pour la scolarisation de leurs enfants. Comme les impôts finançant ces dépenses sont progressives, les parents des familles aisées contribuent plus à cette procédure, alors que la population moins favorisée, nettement plus nombreuse, bénéficie plus de ces services. L'estimation du pouvoir redistribution des services fournis par l'état est un peu délicat, car ceci exige de connaître la valeur que chaque ménage tire de ces biens collectifs. [...]
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