L'année 2005 a vu des pays industrialisés réagir face à des tentatives étrangères de prises de contrôles ou d'OPA (Offres Publiques d'Achat) hostiles et mettre en avant les intérêts économiques nationaux. En France, la notion de patriotisme économique fût invoquée pour justifier cette posture nouvelle dans les relations internationales privées. L'affaire débuta en France durant l'été 2005. Le 19 juillet, le cours de l'action Danone s'emballe en raison d'une rumeur d'OPA du groupe américain Pepsi Co. Le gouvernement réagit immédiatement en annonçant qu'il entendait « tout faire pour déjouer l'offensive de Pepsi Co ». Le 27 juillet, relayant les propos tenus par le Président de la République le matin même lors du Conseil des ministres, le Premier Ministre Dominique de Villepin déclara vouloir « rassembler les énergies autour d'un véritable patriotisme économique ». Une nouvelle idée-force de la politique économique française était ainsi dévoilée, dans l'urgence, et sur une affaire très circonstancielle. Puis au début du mois de janvier 2006, Mittal Steel lança une OPA hostile sur Arcelor, ce qui provoqua une nouvelle levée de bouclier des responsables politiques. Mais l'affaire est plus complexe, l'entreprise est européenne, bien que détenue et verrouillée par un milliardaire d'origine indienne installé en Grande-Bretagne. En février 2006, ce fut au tour de l'italien Enel de prétendre pouvoir s'emparer du groupe Suez. Le gouvernement français riposta par un contre-feu en annonçant la fusion GDF-Suez, en privatisant au passage bonne part du gazier français, malgré la loi d'aout 2004 qui prévoyait que la part de l'Etat ne descendrait pas en dessous de 70%. Pour justifier cette rupture par rapport à une attitude jusque là très permissive envers les investissements étrangers en France, il fallut développer une argumentation nouvelle. Celle qui fut imaginée sur la base de ces affaires ne semble ni convaincante ni capable d'asseoir une doctrine pour des cas similaires futurs. Le hasard des calendriers met en lumière d'une part une contradiction dans la logique des pouvoirs publics français qui affirment vouloir défendre le patrimoine (privé et très partiellement français) économique national, tout en mettant sur le marché le capital de Gaz de France (juin 2005) et d'EDF (novembre 2005) ; et qui découvrent soudainement des synergies évidentes entre un gazier français et un électricien belge, alors qu'EDF et GDF avaient été découplés au motif qu'ils opéraient dans des métiers « radicalement différents ».
Cette phase historique a intronisé le terme de « patriotisme économique » dans le discours officiel français et nous incite à poser toute une série de questions :
Quelles sont les racines du patriotisme économique à la française et comment a-t-il évolué au cours du siècle dernier?
Quelles sont les explications au retour en force des opérations de F&A qui donne tant de fil à retordre aux défenseurs du patriotisme économique aujourd'hui ?
Comment les organismes nationaux et communautaires appréhendent ce retour en force des F&A et pouvons nous ouvrir la porte à un nouveau patriotisme dans ce nouvel ordre mondial ?
Pour cela, dans un premier temps, nous tenterons de mettre en perspective les origines du patriotisme économique, de quelle manière il s'est traduit depuis le siècle dernier, ainsi que les fondements théoriques qui le soutiennent. Nous analyserons également de quelle manière, dans un contexte d'après-guerre, le patriotisme a perdu de sa vigueur et en quoi s'est opérée une réelle panne de pensée de la part de nos décisionnaires à cette époque. Puis nous mettrons en relief dans un contexte international renouvelé, le nouvel argumentaire du patriotisme économique et essaierons de voir dans quelle mesure il est intéressant de développer une réelle stratégie de défense des intérêts de long terme au niveau de l'Etat.
Dans un second temps, nous analyserons le retour pressenti des OPA et tenteront de voir quels sont les facteurs tant bien internes qu'externes qui favorisent leur montée en puissance ces dernières années.
Dans un troisième temps, nous aborderons dans un contexte international de plus en plus ouvert aux échanges et mondialisé, face à des postures semble t-il inadaptées des haut décisionnaires communautaires et nationaux ; dans quelles mesures il est possible d'imaginer un nouvel ordre du patriotisme économique, plus réfléchi et qui trouverait son origine non plus dans un interventionnisme désordonné de l'Etat, mais dans l'implication de chaque français aux affaires économiques nationales.
[...] Le ministère des affaires étrangères est une seconde fois alerté lorsque ces deux mêmes fonds tentent de prendre le contrôle de la société Eutelsat. Les pouvoirs publics réussissent après plusieurs remises en causes à limiter la participation des fonds dans ces sociétés. En juin 2003, alors que le thème de l'intelligence économique reste moribond, le député Bernard Carayon remet au Premier Ministre un rapport intitulé Intelligence Economique, Compétitivité et Cohésion Sociale S'en suit la nomination d'un Haut Responsable à l'Intelligence Economique en la personne d'Alain Juillet dont le parcours professionnel, même s'il apporte une forte crédibilité, est assez éloigné du domaine de l'Intelligence Economique. [...]
[...] Le Colbertisme Les idées de Colbert sont simples & efficaces. A l'instar des contemporains de son époque, il pense que la richesse d'un pays réside dans l'abondance du numéraire métallique (monnaies d'or & d'argent). Ainsi, son but sera de favoriser et d'attirer une quantité maximale de numéraire dans le royaume et d'en empêcher, dans la mesure du possible, les sorties. A cette fin, il convient de vendre et d'exporter le plus possible en achetant le moins possible à l'étranger, la conséquence attendue étant d'obtenir une balance des paiements des plus excédentaires. [...]
[...] Antoine, J. & Capiau-Huart, M.C., [2006]: Dictionnaire des marchés financiers Edition Broché. Barro R. et Sala-i-Martin X. [1995], “Economic Growth”, New York, Mc Graw Hill. Coase, R., [1937], Nature of the Economica 386-405 Coase, R., [1937], Nature de la Firme Revue française d'Economie, vol. II/1 (1987), pp.133-163 (Première traduction française) Harbulot, C., [1992] : La machine de Guerre Économique Economica, octobre. Jagdish Bhagwati, [2005], Eloge du libre-échange Editions d'organisation Jensen M. [...]
[...] supra page p.14). Elle peut s'expliquer aussi par la montée en puissance de nouveaux compétiteurs et par un contexte de hausse des coûts des matières premières qui tend les relations compétitrices des entreprises intra sectorielle. Toutefois, il faut noter l'effet fidélisateur des politiques de forts dividendes auprès des actionnaires. Elles assurent une forte capitalisation boursière (au moins à court terme), ce qui reste en soi une bonne méthode de défense contre les OPA hostile. Une dimension réglementaire favorable Enfin, la dimension réglementaire européenne tient aussi son rôle, même si les gouvernements nationaux essaient d'interagir, la libéralisation des services permet aussi d'ouvrir de nouveaux marchés à la concurrence et offre des opportunités d'extension horizontale aux entreprises des secteurs. [...]
[...] Il fonctionne pour l'instant très bien (pour combien de temps encore Par exemple, la tentative de prise de contrôle de l'allemand Puma par l'américain Nike avait échoué suite à la décision de la famille Herz d'augmenter sa participation dans le capital de l'entreprise. Courant 2006, le groupe Porsche a volé également au secours du groupe Volkswagen alors confronté à une offensive extérieure. L'Allemagne a rejeté le protectionnisme et s'en est remise à la loi des marchés. Néanmoins, il existe quelques exceptions à la règle. qui opèrent dans les secteurs stratégiques de l'économie allemande. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture