L'analyse de la relation liant la productivité et le chômage fait souvent l'objet de positions tranchées. Il semble pourtant que ces positions reflètent plus des partis pris idéologiques que de réelles analyses scientifiques du lien reliant ces deux variables. On pourrait ainsi opposer deux principales visions du lien productivité – chômage : à une vision réfractaire aux gains de productivité qui y voit la source de destructions massives d'emploi et à laquelle correspond la vieille idée populaire de « la machine qui vole le travail de l'homme », s'oppose une vision favorable à ces gains de productivité qui seraient la principale source d'accroissement des niveaux de vie. Nous allons tenter dans ce mémoire de nuancer ces deux approches et de montrer que l'effet des gains de productivité sur le niveau du chômage est moins simple qu'il n'y parait.
[...] L'arrivée des TIC au début des années 1980 a fortement contribué à la croissance de la France et des Etats-Unis. En France, la part d'investissement dans les TIC serait passée d'environ 10% en 1980 à 14% en 1990 ce qui a permis aux TIC de contribuer d'environ par an à la croissance du PIB sur l'ensemble de la période 1980 à 1990[10]. Toutefois, la part des investissements dans les TIC par la France demeure inférieure aux investissements des Etats-Unis dans ce domaine. [...]
[...] Il se pose là un problème si on veut rendre compte de l'évolution des taux de chômage américains par le seul niveau des gains de productivité puisque même si les Etats-Unis et la France sont tous les deux confrontés à la baisse des gains de productivité, les Etats-Unis arrivent finalement à conserver un taux de chômage bas alors que la France sombre dans le chômage de masse. Il apparaît donc que contrairement à la France, les Etats-Unis ne vérifient pas la relation inverse entre les gains de productivité et le chômage comme le montre le graphique I.3b. En 1973 les gains de productivité américains baissent fortement (entre autres à cause du choc pétrolier) passant de en 1972 à - en 1973. [...]
[...] Autrement dit la flexibilité permet-elle d'augmenter le niveau de l'emploi ? Rien n'est moins sûr. Il convient tout d'abord de nuancer le caractère rigide du marché du travail français. En effet la France a intégré depuis le début des années 1980 plusieurs éléments caractéristiques d'un marché du travail flexible, en particulier en développant les FPE ou formes particulières d'emploi Ainsi la précarité ou la mobilité volontaire, souvent présentées comme des aspects clés du marché américain, doivent être nuancées. Par exemple l'emploi indépendant, le CDD ou l'intérim ont peu cours outre-Atlantique comparé à l'Europe. [...]
[...] Il y a entre les deux variables deux relations de sens opposés. La question essentielle pour déterminer lequel de ces deux effets l'emportera est de connaître le niveau de la croissance permise par l'accroissement de la productivité. Ainsi si on reprend en le complétant le schéma de la première partie on obtient le schéma 2. Suivant[15] : Schéma 2. La double nature de l'effet de gains de productivité sur l'emploi Les gains de productivité ne peuvent avoir un effet positif sur l'emploi que si le taux de croissance occasionné est supérieur aux gains de productivité. [...]
[...] Parienty, cahiers français nº p45 D'après L'innovation, S.d'Agostino, Cahiers français nº315, p89 Ibid. D'après Progrès technique et emploi, A. Parienty, cahiers français nº p45 D'après J.M. Albertini, E.Coiffier, M.Guiot, Pourquoi le chômage ? Scodel 1987. D'après S.Berstein et P.Milza, Histoire du XXe siècle tome Ibid. [...]
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