Au cours du XXe siècle, l'industrie du disque a connu plusieurs crises lors de périodes marquantes telle que l'arrivée de la radio dans la majorité des foyers. Sans remettre en cause leurs stratégies, les maisons de disques ont souvent préféré expliquer que les avancées technologiques telles que la radio ou la cassette enregistrable étaient de véritables freins pour l'industrie compte tenu de la concurrence que cela représenterait pour le support physique.
Malgré ces crises, il est important de souligner que de nombreuses opportunités ont favorisé le développement des maisons de disques, agissant de manière très positive sur les ventes, lors par exemple de l'arrivée du rock n' roll ou du 33 tours. De plus, l'effet négatif de ces crises était relatif, compte tenu du fait qu'à terme de nombreux leviers soient apparus, comme la radio, devenue le média favori des maisons de disques, étant donné la visibilité offerte aux artistes.
Depuis 2002, les résultats de l'industrie du disque chutent. Ce qui était considéré comme un passage à vide les deux premières années s'est confirmé en une véritable crise. Désormais, le disque est menacé et les majors de l'industrie en tiennent pour responsable les échanges illégaux effectués par l'intermédiaire des logiciels peer to peer, dont l'évolution et la diffusion ont été favorisées par le développement d'Internet. Cet argument est fréquemment mis en avant par la majorité des acteurs du marché, alors qu'il n'est pas prouvé que la crise que traverse l'industrie musicale soit liée avec la popularisation du téléchargement illégal. En effet, seule une petite part de responsabilité peut être imputée à ce phénomène, puisqu'il est utile de rappeler que la contrefaçon physique existait bien avant l'apparition d'Internet, et que les effets négatifs du téléchargement illégal ne sont pas mathématiquement démontrés. De plus, l'échange illégal de fichiers entre internautes favorise la visibilité des artistes, permettant au plus grand nombre d'avoir accès à un répertoire très étendu.
Plus que l'effet relatif et contesté du téléchargement illégal, l'effondrement des ventes de disques peut trouver d'autres explications.
En effet, au vu des récentes évolutions technologiques, il est très probable que les nouveaux besoins des consommateurs ne correspondent pas à ce que les producteurs proposent d'offrir au moyen du disque compact. Avec l'apparition des lecteurs MP3, et le besoin de mobilité grandissant des individus, le disque devient petit à petit un produit appartenant au passé et n'apporte pas assez d'avantages comparatifs face à la musique numérique.
Ces besoins n'ont donc pas été saisis à temps par les majors, qui n'ont pas fait évoluer le disque en utilisant Internet comme support complémentaire, et ils n'ont, de plus, pas pu s'entendre sur une stratégie commune visant à proposer de la musique sous forme numérique, peut-être dépassés par les rapides changements technologiques, ayant également des réticences à imaginer une dématérialisation du produit.
Les maisons de disques n'ont donc pas su voir le potentiel que représentait Internet, et n'ont pas su prendre le virage numérique que ces nouveaux besoins ont naturellement imposé. Internet, depuis le début, est en effet considéré comme un frein par les maisons de disques. L'attitude qu'ils ont alors adopté n'a pas été bien perçue des consommateurs, puisqu'au lieu de bâtir une solution de vente de musique légale adaptée au numérique, ils ont préféré mettre en place une stratégie répressive, afin de dissuader les internautes d'acquérir des fichiers musicaux illégalement. L'industrie du disque a souhaité une aide de l'appareil judiciaire pour réprimer les internautes malveillants, mais l'adaptation du législateur aux nouveaux modes de communication a pris du temps, compte tenu de la rapidité avec laquelle le phénomène s'est étendu dans le monde entier. En France, la loi DADVSI a été adoptée en 2006 pour trouver des solutions, mais certains détails de cette loi font encore débat.
En prenant en compte l'évolution constante d'Internet et des possibilités que ce média offre aux internautes, on peut penser que l'avenir de la musique se construira sur la toile. Que cela soit pour le disque à court/moyen terme ou pour la distribution de musique numérique à long terme, Internet offre de nombreuses opportunités qui doivent être saisies par les acteurs du marché pour mettre fin à cette crise.
Ces nombreuses opportunités favoriseront la communication et le développement des réseaux de distribution, et permettront également un élargissement du paysage musical, donc de l'offre. Les leviers favoriseront de plus la distribution du disque, avant d'opérer une transition logique vers la distribution numérique.
Les majors et les plates-formes de distribution en ligne devront alors s'accorder et mettre en place une stratégie réfléchie afin de saisir au mieux ces opportunités.
Malgré la forte croissance du marché de la musique dématérialisée, il est important de mettre en exergue le fait que les politiques de vente de fichiers numériques ne correspondent malheureusement pas totalement aux attentes des consommateurs. En effet, une certaine immobilité des offres accompagnée d'une politique de prix mal adaptée, le tout dans un espace aux nombreuses limites, risque de ralentir le développement de la distribution de musique numérique.
En plus du retard qu'ont acquis les maisons de disques dans l'exploitation de ce nouveau marché, elles risquent donc de mal s'adapter à la demande.
Il est pourtant possible de penser à la mise en place de systèmes rentables, qui seraient en adéquation avec les évolutions futures d'Internet. Pour plaire au plus grand nombre, il serait intéressant d'adapter le fonctionnement et l'interface des logiciels peer to peer aux offres des maisons de disque en adoptant le système de la Licence Globale pour rémunérer les artistes. Ce système plus libre et plus souple favoriserait de plus l'entrée sur le marché de nombreux artistes, qui auront profité des avancées technologiques et des opportunités que la toile offre aux musiciens.
Le marché du disque est donc vraisemblablement voué à s'éteindre progressivement pour laisser place, à terme, à un marché exclusivement dématérialisé. Même s'il est difficile de concevoir la disparition totale du disque, le numérique continuera à rémunérer les auteurs grâce à l'application de nouveaux modèles. Les investissements publicitaires sur Internet deviendront de plus en plus importants comptes tenus de l'audience grandissante de ce média, et pourront constituer une source annexe de rémunération pour les artistes. Enfin, il est important de prendre en compte le phénomène du spectacle vivant, qui était la seule source de rémunération des artistes avant l'invention du gramophone. En effet, il est probable que ce phénomène prenne de plus en plus d'importance, les internautes ayant accès plus facilement aux œuvres des artistes grâce notamment au phénomène de la vidéo sur Internet, mais il est difficilement concevable que le spectacle vivant devienne le seul moyen de rémunération pour les artistes, même si certains auteurs prédisent qu'à long terme, la musique sera gratuite.
[...] Certains musiciens amateurs qui se sont aussi lancés sur la toile en communiquant sur leur site Internet ou par l'intermédiaire de plates-formes spécialisées, ont réussi à se faire connaître du grand public, donc des maisons de disques. En effet, les producteurs ont pu saisir le phénomène de la musique sur Internet en donnant une chance à quelques artistes issus du web. Il est alors intéressant de citer les cas de Lorie et Kamini en France, et des Arctic Monkeys au niveau international. [...]
[...] La seconde réticence est celle de l'offre proposée aux internautes. Comme nous l'avons vu plus tôt, les consommateurs ont le choix entre l'achat des morceaux à l'unité ou bien sous forme d'abonnement, leur permettant d'acquérir, de manière illimitée des fichiers numériques, mais il s'avère que ce n'est rien d'autre qu'une offre de location, puisque lorsque l'internaute met fin à son abonnement, il n'a plus accès aux fichiers téléchargés, puisque ceux-ci sont protégés par des verrous fonctionnant dans le temps. Ce système existe également en streaming par l'intermédiaire de plates-formes telles que Rhapsody qui permettent aux internautes, contre un abonnement mensuel payant d'écouter des morceaux de façon illimitée sur Internet. [...]
[...] En octobre 2006, le géant Google a décidé de racheter pour 1.6 milliard22 de dollars, le numéro 1 de la vidéo en ligne : Youtube. Ce site a un succès phénoménal, et de plus en plus de musiciens amateurs proposent, en ligne, des vidéos mettant en scène leurs propres compositions musicales ou des reprises d'artistes professionnels. Youtube a décidé, au début de l'année 2007 de rémunérer les contributeurs les plus populaires en fonction de l'audience de leurs vidéos. La publicité avait rapporté en 2006 à Youtube la bagatelle de 15 millions de dollars23. [...]
[...] Les reproches faits à la radio et la télévision ne s'appliquent pas à Internet. En effet, Internet est un média libre, dans le sens où les utilisateurs ont toujours utilisé la toile comme un espace où les restrictions ne sont pas légion. Il n'existe pas de police ni de C.S.A pour Internet, tous les genres de contenus sont accessibles par les internautes. C'est dans ce sens aussi que le téléchargement illégal et l'échange de fichiers ont été organisés et connaissent beaucoup de succès. [...]
[...] La loi devait donc devenir une alliée de poids auprès des majors. Par l'intermédiaire de la loi DADVSI (Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la société de l'Information), l'assemblée se devait de clarifier la loi à propos de toutes les questions qui font débat depuis l'apparition des réseaux d'échange illégaux. Adoptée par l'Assemblée Nationale et le Sénat le 30 juin 2006, cette loi propose, entre autres, de préciser les peines de prison pour les internautes créant ou distribuant un programme qui met à disposition du grand public des œuvres protégées. [...]
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