Tobin
[...] Tobin s 'inscrit en faux contre cette analyse. L'inflation des années 1970 est à ses yeux une inflation de guerre : la guerre froide, qui a dégénéré au Vietnam et au Proche-Orient en conflit armé, est à l'origine comme toutes les guerres d'une augmentation des coûts, notamment des matières premières, dont les chocs pétroliers sont l'aspect le plus spectaculaire. La bonne politique économique aurait été de mobiliser le pays dans la lutte contre l'inflation par la politique des revenus et d'assurer le plein emploi par le déficit budgétaire. [...]
[...] Le père est journaliste et la mère assistante sociale. James Tobin effectue un parcours scolaire sans histoires qui le mène à Harvard. C'est là qu'il lit, en ]937, la Théorie générale de Keynes, qui détermine sa vie. Après un PhD, un doctorat, il choisit l'enseignement et devient professeur à Yale de 1950 à 1988, ne quittant sa chaire qu'en 1961-1962 pour conseiller le président John Kennedy et en 1972 pour passer un an à l'université de Nairobi. En cette année 1972, le système monétaire international est en crise. [...]
[...] La taxe Tobin est née. Cette idée n'est pas pour autant le centre de ses préoccupations. En effet, ses travaux et ses écrits embrassent tous les aspects de la politique économique. Leur unité se fait dans une fidélité sans faille au keynésianisme. De Keynes il se souviendra que la rigidité des salaires nominaux interdit, en cas de baisse des prix, le retour spontané de l'économie à l'équilibre. Il retient également l'efficacité de la politique budgétaire. Lors de son passage à la Maison Blanche, forge les critères modernes d'anâyse de la politique économique: il parle de production potentielle») qui correspond à la production obtenue en situation de plein emploi et d'absence d'inflation. [...]
[...] James Tobin, un keynésien social-démocrate En cette rentrée, on ne peut qu'être pour, ou être désolé d'être contre. Pour quoi? La taxe Tobin, bien sûr Pourtant, il est un économiste qui hésite de moins en moins à dire qu'il est contre. Son nom ? James Tobin ! . Et, ce qui le désole, c'est de se voir transformé en slogan. Il est vrai que son oeuvre et ses idées méritent mieux que des approximations partisanes. [...]
[...] Il voit la confirmation de sa thèse dans les conséquences du reaganisme: le chômage dû à une politique monétaire assassine a imposé la discipline des revenus, le déficit budgétaire dû aux réductions d'impôts a créé la relance et la baisse de ce chômage. Pour Tobin, le succès économique attribué à l'administration Reagan est, en fait, celui d'un keynésianisme réel bien que nié Il reste donc favorable à une pratique cohérente du keynésianisme, c'est-à-dire à la discipline négociée des revenus et à des déficits publics finançant des investissements favorisant la croissance. Il ne ménage pas ses critiques à l'égard des monétaristes, convaincu que, si les politiques monétaires restrictives réduisent l'inflation, c'est par la pression sur les revenus due à la récession. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture