L'économie est souvent critiquée comme une « science funeste » depuis le 19ème siècle. Que dire dès lors de la branche spécifique de cette matière qu'est l'économie de la santé ? Cette discipline récente, dont la naissance remonte à un article de Kenneth Arrow en 1963 intitulé « Uncertainty and the welfare economics of medical care », est en effet au centre des préoccupations alors que la maîtrise des dépenses de santé est devenue un impératif. La compréhension des mécanismes particuliers de l'économie de la santé permet en effet de mener des politiques adaptées à ce secteur. Mais les nécessités éthiques entrent en conflit avec les stricts principes économiques. Cette question se pose quand sont mises en avant des notions telles que le coût de la vie, l'utilité d'une année de vie supplémentaire, etc. Ainsi, l'économie de la santé n'obéit pas aux règles de la concurrence pure et parfaite chère aux économistes classiques ; cette spécificité conduit à formuler des recommandations de politiques économiques particulières...
[...] L'offre de soins ne répond pas non plus aux critères de la concurrence pure et parfaite. En effet, il existe bien évidemment des barrières à l'entrée ; par exemple les professions paramédicales sont réglementées ; de même, ont été instaurées une carte pharmaceutique, un numerus clausus ou une carte sanitaire. La concurrence ne se fait pas par les prix puisque le prix des actes est fixé par l'administration. Les gains de productivité et les économies d'échelle bénéficient donc exclusivement aux praticiens (sauf intégration dans le cadre d'une renégociation du prix des actes). [...]
[...] La régulation par les prix : - aboutit à l'exclusion de la demande non-solvable des moins de 65 ans ne sont pas assurés aux Etats Unis). - Ne conduit pas à une allocation optimale des ressources (au sens médical et non parétien) : il y a une surconsommation de soins par les agents solvables, ce qui génère une utilité plus faible que la désutilité induite par la détérioration du niveau sanitaire des agents non solvables. Les effets d'une telle régulation sont limités néanmoins par un système d'assurance ; le caractère obligatoire du rattachement à la sécurité sociale réduit notamment les phénomènes d'antisélection et de passagers clandestins. [...]
[...] Par exemple, en Allemagne le système forfaitaire de capitation au lieu du paiement à l'acte. - développer les incitations : stimuler la concurrence tout d'abord en créant par exemple des filières et des réseaux sur le modèle des Health Maintenance Organization et ensuite en recherchant des gains de productivité (au sein des hôpitaux par la mise en place d'outils d'information et de gestion, ainsi que par rééquilibrage des pouvoirs en faveur des gestionnaires par exemple). [...]
[...] Le praticien ajuste ses prescriptions en fonction du revenu cible qu'il s'est fixé. - Il y a des stratégies de réduction de cette asymétrie d'information (nomadisme médical) - Il y a des stratégies de gestion de la relation d'agence par le praticien d'où un surcalibrage du traitement par rapport à ce qui serait scientifiquement nécessaire pour minimiser les risques d'échec et rassurer le consommateur. - Il y a une extension de la couverture complémentaire du risque santé d'où une neutralisation du rôle du ticket modérateur. [...]
[...] Arrow a souligné le comportement tutélaire de l'Etat en matière de santé. Ceci s'explique à la fois par l'ampleur des market failures, par les problèmes de répartition des ressources entre prévention et politique de soins ou l'impureté des soins médicaux en tant que biens publics (les externalités et le principe de non-exclusion qui les régissent le prouvent). Il est à noter que la simple fixation d'enveloppes budgétaires globales aboutit à une répartition sub-optimale des ressources. Une régulation budgétaire sans régulation de l'offre risque en effet d'entraîner un rationnement de l'offre de soins, sur des critères aléatoires et non médicaux. [...]
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