Article paru dans la revu des Deux Mondes, écrit par Nicolas Baverez. Commentaire et analyse.
C'est à des erreurs graves de politique économique que la France doit imputer la récession que connaît son économie et le cycle déflationniste consécutif. Cette situation, partagée par d'autres pays européens dont l'Allemagne, tranche avec la vigueur de la croissance de l'Amérique du nord et des pays asiatiques.
En effet la politique économique exerce des effets dissymétriques. Si les résultats en terme de croissance d'une politique économique viable sont souvent décalés, les conséquences de mesures gouvernementales en matière économique, et surtout monétaire, sont souvent immédiates. La monnaie reste en effet l'instrument d'intervention le plus puissant aux mains des dirigeants et une mesure négative, dans un contexte difficile, peut transformer une morosité passagère en crise profonde.
La surévaluation du franc et la stratégie d'ancrage du franc sur le mark ont, à cet égard, des conséquences extrêmement négatives, qu'elles aient eu lieu dans les années 30 ou dans les années 90. En outre, l'effet de la concurrence exacerbée, les politiques monétaires restrictives, les innovations constantes exercent un mouvement fort à la baisse des prix. Les tendances inflationnistes sont aujourd'hui enrayées et les dévaluations compétitives ont retrouvé toute leur actualité.
[...] La France doit donc lever deux verrous : tout d'abord le verrou monétaire en diminuant brutalement les taux courts, qui financent de l'économie en France, qui devront être maintenus à O % en termes réels jusqu'au retour d'une croissance de Le verrou fiscal, par la baisse de la TVA, de l'impôt sur le revenu et des droits de mutation, la baisse des cotisations sociales en échange de l'augmentation des salaires directs etc. Ce programme serait financé par la poursuite des économies budgétaires. La réduction des déficits publics suivra la reprise de la croissance et la sortie de la déflation, mal absolue qui entraîne la destruction de richesses. [...]
[...] La France se transforme progressivement en économie de rente. La récession et le chômage ne sont pas plus la conséquence directe de la mondialisation ou d'une préférence française pour le chômage, mais la suite logique de deux erreurs de politique économique. Pendant que la France avait profité pleinement de la croissance des Trente Glorieuses, par la réintégration dans le commerce international et la régulation keynésienne de l'économie, trois déséquilibres se sont creusés : - le déficit commercial - l'inflation - la prégnance d'une économie administrative 1. [...]
[...] La France s'est alors engagée dans la lutte contre l'inflation, tardivement, en lui donnant la priorité. La politique monétaire prit alors une nouvelle dimension : dans l'ordre interne, la libéralisation des circuits de financement et le passage à une régulation par les taux, qui supplanta en 1986 l'encadrement du crédit, permirent un net ralentissement de l'inflation. Dans l'ordre externe, le cycle des dévaluations compétitives céda la place à la recherche d'une convergence franc-mark. Conséquence : -l'inflation est ramenée à du Pib en 1990 - le déficit commercial reste élevé - le chômage augmente La politique du franc fort est une nouvelle rupture dans la politique économie française. [...]
[...] Puis les réformes structurelles permettent de conduire la France sur les chemins d'une croissance durable. C'est le chemin suivi par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. La France fait pour l'instant le chemin inverse en s'essayant aux réformes structurelles alors que l'on est en déflation et en attendant la reprise pour lever le verrou monétaire. Aujourd'hui, si la politique demeure la même, le taux de chômage augmentera encore de en 1997 et la croissance ne s'établira qu'à en 1997. Le PLF pour 1997 surestime donc les recettes d'au moins 20 milliards de francs, via une prévision d'activités irréaliste de et sous-estime les recettes, tout en recourant à des artifices, tel la comptabilisation en produits courants de la soulte de France-Télécom correspondant aux retraites des agents de l'Etat (37,5 milliards de francs). [...]
[...] Relancer l'activité et diminuer le chômage sont des préalables à la monnaie unique. Il faut donc suivre les autres pays d'Europe ou du monde qui, en pleine récession mondiale, ont su relancer la croissance en : assouplissant la politique monétaire par un ajustement réel des parités monétaires et une baisse des taux resserrant la politique budgétaire pour permettre une réduction des déficits réformant les structures de l'économie, notamment par l'allégement de la fiscalité. Il y a donc deux temps dans cette politique : le glissement de la monnaie relance la croissance rapidement et rétablit les finances publiques. [...]
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