Schumpeter
[...] Ses travaux l'incitent également à s'intéresser à la notion de concurrence et au fait qu'elle a tendance à s'autodétruire. Alors que les libéraux jugent cette évolution néfaste, considérant que seule la concurrence conduit à l'équilibre économique, et que les marxistes y voient l'annonce de la disparition du capitalisme, Schumpeter estime, au contraire, que l'apparition de monopoles est un moyen de prolonger la dynamique de l'entrepreneur. Pour se sauver en situation de concurrence, une entreprise doit sans cesse réduire ses prix, donc laminer ses profits et se priver, par conséquent, du financement de ses investissements. [...]
[...] Joseph Schumpeter naît en 1883, à Triesch, une ville austro-hongroise aujourd'hui tchèque. Sa famille de culture germanique y est propriétaire d'importantes usines textiles. Il se consacre à l'étude du droit, puis attiré par les mathématiques et fasciné par les cours de Böhm-Bawerk, un des économistes les plus en vue de l'université de Vienne, il s'oriente vers l'enseignement de l'économie. Auteur prolixe, bon pédagogue, il ne se contente pas d'être un théoricien. L'effondrement de l'empire des Habsbourg le pousse à s'investir dans la lutte pour la survie d'une Autriche réduite à sa plus simple expression géographique. [...]
[...] Son troisième apport ponte sur l'évolution à long terme de la société. Rendu profondément pessimiste par l'histoire européenne des années 30, il publie en 1942 Capitalisme, socialisme et démocratie, où il prédit l'avènement de l'économie planifiée. Selon lui, l'entrepreneur ne peut enrichir la société que s'il évolue dans un environne ment social et culturel favorable. Or il est en butte à l'envie suscitée et entretenue par les mouvements totalitaires, fasciste et bolchevique. Progressivement écœuré, l'entrepreneur finira par abandonner la partie, précipitant l'économie vers le déclIn et livrant la société aux extrémistes de tout bord. [...]
[...] Après avoir vainement tenté de créer une monnaie stable et d'endiguer l'inflation, il démissionne pour présider la Biedermannbank. La faillite de celle-ci en 1928 et le climat de violence politique qui règne en Autriche l'incitent à partir pour occuper une chaire à Bonn. La montée du nazisme l'oblige à quitter l'Allemagne en 1932 pour Boston, où il finira ses jours, après plusieurs années d'enseignement à Harvard. Ses cours portent à la fois sur l'histoire de la pensée économique à laquelle il consacre un énorme livre, véritable somme qui aujourd'hui encore n'a guère d'équivalent, et sur ses propres théories, dont l'originalité s'affirme autour de trois idées. [...]
[...] Perspicace sur les défauts du keynésianisme, Schumpeter s'est néanmoins laissé aveugler, comme beaucoup, par les prétendus succès de l'URSS. Le triomphe du planificateur qu'il avait cru définitif fut de courte durée. Ce dernier a quitté la scène historique, avec pour tout bilan une pathétique faillite économique et morale. Aujourd'hui, l'économie mondiale connaît de nouveau une forte croissance grâce au dynamisme de quelques jeunes gens férus de nouvelles technologies que les professeurs d'économie qualifient doctement entrepreneurs schumpétériens redonnant toute leur actualité à ses premières intuitions. [...]
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