Robinson
[...] Elle donne ainsi son nom au théorème selon lequel une dévaluation réussit quand le pays dévaluateur exporte des produits dont la demande réagit fortement à une baisse des prix, des produits de consommation courante le plus souvent. Un pays producteur de matières premières, dont les débouchés sont contrôlés par quelques opérateurs mondiaux, n'a en revanche aucun intérêt à dévaluer. Xénophon, Aristote et Platon sont les compagnons de ses dernières années. Déçue de ne pas avoir eu le prix Nobel, elle se désintéresse de l'économie. [...]
[...] Sa contribution aux travaux du groupe porte sur trois domaines : la théorie de la concurrence, celle de la croissance et l'examen des dévaluations. Jamais pleinement satisfaite d'une théorie, elle se rend célèbre pour son esprit critique - que certains qualifient d'esprit de critique - qu'elle nourrit d'une vaste culture à la fois historique et philosophique. Elle publie son premier livre Economie de la concurrence imparfaite en 1933. Se référant aux oeuvres de Cournot, elle critique la théorie néoclassique de la concurrence. [...]
[...] Selon Joan Robinson, ces deux situations sont des extrêmes qui ne correspondent pas à la réalité. Une entreprise soumise à la concurrence cherche à se distinguer des autres pour accroître ses débouchés. Ne pouvant modifier ses prix, elle utilise d'autres moyens comme la publicité. Vouloir décrire le marché impose donc de dépasser le mécanisme de fixation des prix pour s'interroger sur l'impact des stratégies non tarifaires. En analysant cette capacité des entreprises à corriger la concurrence, Joan Robinson initie les théories de la concurrence imparfaite. [...]
[...] Elle implique que l'Etat intervienne, pour rétablir la concurrence. Reprenant les travaux de l'Italien Sraffa qui, dans les années 192O, a reformulé les théories classiques, Joan Robinson réfléchit également au rôle du profit. Ricardo, économiste classique par excellence, considérait que le profit, en servant au financement de l'investissement, détermine le taux de croissance. En revanche, pour les néoclassiques, ce taux dépend du taux d'intérêt auquel il est tendanciellement égal. A l'époque où Joan Robinson travaille sur les origines de la croissance, Roy Harrod, un keynésien, lie la croissance au taux d'épargne et au rapport entre le stock de capital et le montant annuel de la production. [...]
[...] Néanmoins, elle réfléchit toujours aux évolutions de la société. Elle fait partie de ceux qui, après la mathématisation de la fin du XIXe siècle, ont réintroduit en économie une dimension morale et politique. Elle joint à la réflexion théorique une analyse historique des faits, ainsi que de la personnalité des théoriciens. Très engagée à gauche, elle admire Marx mais déclare faire la part dans son oeuvre entre sa vision scientifique du capitalisme et ses discours haineux Outrée par l'opportunisme des travaillistes, elle mène ses derniers combats, comme celui contre la guerre du Vietnam, hors de toute structure militante. [...]
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