Pour parvenir à l'amélioration de la compétitivité de l'offre, quatre types de réformes ont été mises en œuvre :
La privatisation des entreprises, selon des modalités variables ; leur rythme optimal a fait l'objet d'un débat : la rapidité (souvent préférée) facilite la déréglementation des prix, élimine les distorsions de concurrence et accélère la libéralisation complète du marché, mais en fait la faiblesse des capitaux disponibles conduit à mettre en œuvre un processus plus graduel, les grandes entreprises étant privatisées en dernier, souvent avec un système de bons distribués à la population.
L'amélioration de la gestion des sociétés : elle peut se faire par la restructuration des entreprises et par l'assainissement de leur structure financière (limitation des crédits interentreprises). Elle nécessite également la constitution d'un réseau bancaire efficace, dont l'essor a été freiné par l'accumulation de créances douteuses.
La création d'un véritable marché du travail ; les fermetures d'entreprises ont provoqué une plus forte mobilité du facteur travail et une hausse du chômage nécessitant la mise en place de systèmes d'indemnisation.
L'ouverture économique : l'organisation des échanges au sein du Conseil d'assistance économique mutuelle (COMECON) a été démantelée en 1990, provoquant un choc régional en 1991 ; puis les échanges ont fortement crû (de 10% en 1994 et de 23% en 1995, pour les exportations en volume des PECO).
Des instruments de politique économique ont dû être restaurés :
La libération des prix a souvent amorcé le processus de réforme. Elle suppose la suppression des systèmes de subventions de certains produits. Ces deux mesures conduisent dans un premier temps à une très forte augmentation des prix. L'inflation est maîtrisée lorsque les mesures de restriction monétaire (abandon d'un financement monétaire des déficits publics…) sont correctement mises en place.
Des politiques budgétaires restrictives ont été adoptées après la mise en place de véritables systèmes fiscaux (se substituant aux prélèvements réalisés auparavant sans cadre juridique sur les fonds des entreprises d'Etat).
L'ensemble du cadre juridique a dû être repensé (propriété privée, régime des faillites, etc.), avec une efficacité inégale (cf. Russie).
Ces réformes ont entraîné dans un premier temps une forte contraction de l'activité. La Pologne a été le premier de ces pays à retrouver (en 1995) le niveau de production du régime d'économie planifiée. Pour l'ensemble des pays anciennement membres du COMECON, le coût et les difficultés de la transition ont été plus élevés que prévu. R. Portès l'explique par plusieurs erreurs de politique économique :
Les politiques monétaires ont été trop restrictives afin de contenir l'inflation excessive induite par des dévaluations trop brutales.
La capacité des anciennes entreprises d'Etat à s'adapter aux règles de la concurrence a été surestimée.
Le secteur bancaire, trop tardivement restructuré, manque des capitaux nécessaires au financement de l'économie.
La dissolution précoce du COMECON a contribué à l'effondrement des échanges régionaux (déstabilisation de la production énergétique).
[...] Les réformes économiques de la Pologne et de la Russie I. Aspects généraux Pour parvenir à l'amélioration de la compétitivité de l'offre, quatre types de réformes ont été mises en œuvre : La privatisation des entreprises, selon des modalités variables ; leur rythme optimal a fait l'objet d'un débat : la rapidité (souvent préférée) facilite la déréglementation des prix, élimine les distorsions de concurrence et accélère la libéralisation complète du marché, mais en fait la faiblesse des capitaux disponibles conduit à mettre en œuvre un processus plus graduel, les grandes entreprises étant privatisées en dernier, souvent avec un système de bons distribués à la population. [...]
[...] Le modèle polonais de transition est résolument libéral : contrôle des déficits publics et réduction de l'inflation (cf. réforme monétaire allemande de 1948), ouverture extérieure rapide et expansion du nouveau secteur privé (l'une des sources principales de création d'emplois et de renouvellement et de la spécialisation sectorielle de l'économie). Ce libéralisme n'est pas de type anglo-saxon, mais plutôt " à l'allemande " : les dépenses publiques se sont stabilisées à des niveaux proches de ceux observés dans les économies mûres de l'UE (et supérieurs à ceux des économies émergentes de pays comme le Chili, l'Argentine, etc.). [...]
[...] Pour pallier la faiblesse du système bancaire, les entreprises ont d'abord accrû leurs capacités d'autofinancement ; l'évolution du partage de la valeur ajoutée a été favorable au capital jusqu'en 1995. Depuis, l'évolution du partage de la valeur ajoutée est plus équilibrée (expansion parallèle de l'offre et de la demande). La réinsertion dans la division internationale guide les ajustements microéconomiques et permet un déplacement progressif vers des segments à valeur ajoutée croissante. Sur le plan microéconomique : une stratégie gradualiste Les réformateurs polonais ont adopté une démarche graduelle pour conduire les entreprises à répondre positivement aux incitations et opportunités de la libéralisation. [...]
[...] La Russie n'a pas profité de la dislocation de l'URSS pour abandonner le rouble soviétique ni même le principe d'une zone rouble, entrant ainsi dans la transition avec " la plus mauvaise constitution monétaire du monde " (S. Fisher). La libération des prix, l'une des premières mesures prises, en janvier 1992, a provoqué le déclenchement brutal d'une vague inflationniste. L'inflation s'est maintenue au-delà du fait d'une politique d'expansion du crédit menée pour mettre fin à la crise soudaine de liquidités. Les banques centrales des nouveaux Etats de la zone rouble ont également contribué à l'inflation par l'émission de monnaie. Les anticipations d'inflation ont ruiné l'efficacité des interventions de la Banque centrale russe sur le marché des changes. [...]
[...] Des bases microéconomiques défavorables à une reprise de la croissance L'écart entre l'activité réelle et son potentiel, creusé par la brutalité de la chute initiale, semble promettre une reprise économique forte. De plus, des facteurs structurels comme la main-d'œuvre qualifiée, l'ampleur du marché national et l'éventuel retour de la recherche et développement devraient permettre théoriquement une expansion durable (même s'ils ne suffisent pas nécessairement, comme le montre l'exemple de la Russie soviétique). Le développement des institutions efficaces de marché semble plus déterminant pour dynamiser l'économie russe, autant que peut l'être la stabilisation macroéconomique. [...]
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