Le rapport du CAE consacré aux inégalités économiques se consacre principalement au cas français, ponctuellement mis en perspective par des comparaisons internationales. L'objet de ce document n'est pas de constituer une fiche de lecture exhaustive du rapport mais de mettre en avant les différents indicateurs et problématiques de la question des inégalités. A ce titre, on se concentrera sur le premier rapport (rédigé par Tony Atkinson, Michel Glaude et Lucile Olier) car le second, écrit par Thomas Piketty, adopte une perspective à la fois séculaire et strictement française, tandis que les divers compléments soulèvent des problèmes très techniques relatifs à l'étude des inégalités par la science économique
[...] D'après cet indicateur, la France, avec 16% de pauvreté, se situe dans la moyenne européenne Le revenu moyen des ménages situés sous le seuil de pauvreté s'élève à 2900 francs, soit 83% du seuil : l'intensité de la pauvreté (le supplément de revenu moyen permettant aux pauvres de franchir le seuil de pauvreté) est donc égale à 17%. On peut noter l'importance des prestations sociales, puisqu'elles permettent de diviser par deux le taux de ménages actifs pauvres par rapport aux revenus initiaux. Le chômage constitue un facteur de risque, mais les travailleurs pauvres, notamment indépendants, sont également nombreux. [...]
[...] Peut-on y voir une relation de cause à effet ? Certains économistes ont ainsi mis en parallèle la hausse des inégalités de revenu aux Etats-Unis avec celle du chômage en Europe, pour les considérer comme les deux faces d'un même phénomène : la baisse structurelle de la demande de travail peu qualifié. Celle-ci entraînerait une diminution de la rémunération du travail peu qualifié, ou, là où un salaire minimum limite cette baisse, comme en Europe, une augmentation du chômage. Deux facteurs expliqueraient cette évolution : la concurrence accrue des nouveaux pays industriels et la part croissante dans l'économie des nouvelles technologies de l'information et de la communication. [...]
[...] L'influence de l'action publique La stabilité des inégalités économiques observée en France doit beaucoup à l'action de redistribution menée par les pouvoirs publics. Au cours des années 1980, les plus pauvres ont vu l'écart se creuser avec les classes moyennes et aisées, lorsque le marché du travail s'est dégradé. La polarisation de l'emploi s'est accentuée au sein des couples (il y a plus de couples bi-actifs et plus de couples chômeurs). La proportion de ménages d'une seule personne ou monoparentaux a également augmenté alors qu'il s'agit des ménages les plus touchés par le chômage. [...]
[...] Les indicateurs d'inégalités A. Les difficultés de l'évaluation des inégalités L'évaluation économique de l'inégalité rend nécessaire la multiplication des indicateurs, tant il s'agit d'un phénomène complexe. Ainsi il n'est pas possible de se limiter à un indicateur "photographiant" les revenus d'une population à un moment donné, au risque de sous-estimer le revenu des personnes entre deux emplois. Dans ce cas, on peut se focaliser sur les dépenses plutôt que les revenus car elles reflètent mieux le niveau d'aisance sur long terme. [...]
[...] La situation générale Avant de se livrer à une analyse plus fine à travers d'autres indicateurs, on peut présenter une vision générale de l'évolution des inégalités en France au cours des dernières décennies en comparant les salaires nets à plein temps dans le secteur privé et semi-public : le rapport interdécile témoigne d'une régression des inégalités au cours des années 1960, puis d'un ralentissement de cette évolution au cours des années 1970 (rapport interdécile = 4,2 en 1966, et 3,4 en 1976). Cet indicateur reste ensuite stable (légèrement au-dessus de dans les décennies 1980 et 1990. [...]
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