Adam Smith, in Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations (1776), distingue (reprenant une idée à l'origine d'Aristote) entre deux significations du mot valeur :
•valeur d'usage, procédant de l'utilité que le sujet a de l'objet ;
•valeur d'échange conférée par la faculté que donne la possession d'un objet de l'échanger contre d'autres biens.
Il remarque ensuite que certains objets – l'eau par exemple – sont très utiles (grande valeur d'usage), mais ont une faible valeur d'échange (on ne peut peu ou prou rien acquérir avec de l'eau), tandis que d'autres – le diamant – ont une faible valeur d'usage mais une grande valeur d'échange.
Ci-dessous le texte de Smith, d'après une traduction par Paulette Taieb, PUF, 12/1995, Paris :
« On doit observer que le mot valeur a deux significations différentes, et exprime tantôt l'utilité de quelque objet particulier, et tantôt le pouvoir d'acheter d'autres marchandises que la possession de cet objet transmet. On peut l'appeler l'une « valeur d'usage », l'autre « valeur d'échange ».Les choses qui ont la plus grande valeur d'usage ont souvent peu ou pas de valeur d'échange ; et, au contraire, celles qui ont la plus grande valeur d'échange ont souvent peu ou pas de valeur d'usage. Rien n'est plus utile que l'eau. Mais l'eau n'achète presque rien, on ne peut presque rien obtenir en échange. Au contraire, un diamant n'a presque aucune valeur d'usage, mais on peut souvent obtenir en échange une très grande quantité de marchandises. »
De cette théorie classique de la valeur naît ainsi le paradoxe de l'eau et du diamant : comment réconcilier ces deux conceptions apparemment antagonistes ?
[...] En revanche, un homme dont la soif est plus modérée n'en daignera payer que le tiers ou le quart. La valeur semble donc dépendre des circonstances, et pas seulement des qualités intrinsèques du bien. La résolution de ce paradoxe pourrait donc passer par une conception subjective de la valeur, afin de prendre en compte les facteurs relatifs aux sujets réalisant l'échange. La solution néoclassique au paradoxe La solution moderne du paradoxe nous vient de l'économiste britannique William Jevons (1835-1882), et passe par le concept néoclassique d'utilité marginale d'un bien. [...]
[...] De cette théorie classique de la valeur naît ainsi le paradoxe de l'eau et du diamant : comment réconcilier ces deux conceptions apparemment antagonistes ? II) Tentative de résolution du paradoxe Une solution classique insatisfaisante Pour résoudre ce paradoxe, Smith explique que la valeur d'échange d'un bien provient de la quantité de travail nécessaire pour l'obtenir (cette conception classique est également celle de Ricardo et Marx) : un besoin d'eau peut être assouvi par une faible quantité de travail (aller au puit ou à la source), tandis qu'un besoin de diamant nécessite une quantité de travail beaucoup plus importante. [...]
[...] Ci-dessous le texte de Smith, d'après une traduction par Paulette Taieb, PUF, 12/1995, Paris : On doit observer que le mot valeur a deux significations différentes, et exprime tantôt l'utilité de quelque objet particulier, et tantôt le pouvoir d'acheter d'autres marchandises que la possession de cet objet transmet. On peut l'appeler l'une valeur d'usage l'autre valeur d'échange ».Les choses qui ont la plus grande valeur d'usage ont souvent peu ou pas de valeur d'échange ; et, au contraire, celles qui ont la plus grande valeur d'échange ont souvent peu ou pas de valeur d'usage. Rien n'est plus utile que l'eau. [...]
[...] Pratiquement, si l'on reprend l'exemple de l'eau et du diamant, une fois le premier verre d'eau consommé, et un second voire un troisième, l'utilité marginale, très importante au premier verre, décroît nettement (l'homme avait déjà moins soif au second verre, et encore moins au troisième) si bien que le dernier verre (avant l'état de satiété où la consommation n'entraîne plus de satisfaction supplémentaire) n'a presque plus de valeur : on voit ainsi que l'utilité marginale est décroissante. La valeur dépend donc bien de la quantité du bien déjà acquise. A l'inverse le diamant connaît une utilité marginale de fin bien plus importante car il reste rare, et sa valeur s'en ressent. [...]
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