Financier du 18ème siècle. Un seul écrit reste : l'Essai sur la nature du commerce en général, ouvrage posthume, publié en 1755. Ce livre est composé de trois parties et constitue un exposé systématique du fonctionnement général de l'économie. Le mouvement est celui d'une complexification croissante.
Dans la première partie, il expose un modèle simplifié de l'économie avec un seul propriétaire terrien : le « grand domaine ». Puis il transforme progressivement cette économie fictive en une économie de marché ouverte, animée par des entrepreneurs.
Si d'autres auteurs se sont avant lui attacher à décrire les principes généraux qui régissent le processus économique, il est le premier à théoriser la façon dont ce processus se déroule entre les différentes classes sociales. Cantillon est le premier à décrire ce flux circulaire, sous une forme explicite, donnant ainsi une vision globale de la vie économique. En d'autres termes, il est le premier à construire un tableau économique, ce qu'on appelle aujourd'hui un schéma macro économique du fonctionnement de l'économie. Et ce tableau inspirera beaucoup F. Quesnay.
[...] Il explique alors la valeur intrinsèque d'un bien par la quantité de terre employée pour la production et pour l'entretien de ceux qui leur ont donné forme (le travail et son salaire) = théorie de la valeur-terre. Le raisonnement de Cantillon est le suivant [Jessua, 1991]. Il part de l'origine première de la propriété, remarque qu'elle repose sur la conquête et la violence. Il en déduit que les propriétaires de la terre ont pu faire travailler leur terre par une main d'œuvre servile. [...]
[...] On notera que Cantillon ne justifie pas cette stabilité de la valeur intrinsèque, ie ce qui la fonde. La seule solution : il s'agit d'un coût moyen sur la période considérée. La terre, principe d'unification La terre est la matière, et le travail la forme, de toutes les denrées et marchandises ; et comme ceux qui travaillent doivent nécessairement subsister du produit de la terre, il semble qu'on pourrait trouver un rapport de la valeur du travail à celui de la terre (ibid.)[2]. [...]
[...] La population des villes est supposée regrouper la moitié de la population totale et consommer la moitié du revenu agricole. Pour ce faire, elle doit donc modeler son offre de produit à ce que demande les propriétaires fonciers et les fermiers ; c'est la vente de ses produits qui lui fournit le revenu nécessaire à l'achat des biens agricoles dont elle a besoin (soit pour consommation directe soit comme matière première). Cantillon met ainsi en évidence les interactions entre revenu, produit et dépense : ou comment la dépense des uns (fermiers et propriétaires fonciers) forme le revenu des autres, par l'intermédiaire de la production de biens (manufacturés) et services. [...]
[...] Richesse et valeur intrinsèque A l'encontre des théories mercantilistes, Cantillon pose que la richesse intrinsèque découle de la terre et du travail qui la fait fructifier. Il la définit comme ce qui permet de satisfaire les besoins de l'ensemble de la société, c'est à dire : la nourriture, les commodités et les agréments de la vie La terre et le travail sont ainsi considérés comme les deux facteurs de production qui produisent la richesse (marchandises nécessaires ou de luxe) d'une économie. Sa théorie de la valeur en découle. [...]
[...] Ce schéma d'autoreproduction, basé sur l'hypothèse d'une absence d'épargne et de thésaurisation, inspirera le Tableau économique de Quesnay. Comme Cantillon, nous allons le voir, Quesnay pense que l'agriculture est de toute première importance et que la propension à consommer des propriétaires fonciers est fondamentale. Comme Cantillon, il montre le flux des revenus entre les différentes classes sociales. Le but de ces deux auteurs est néanmoins différent. Ce que cherche Cantillon, à travers ce schéma, c'est à déterminer la quantité de monnaie d'équilibre nécessaire à l'économie. [...]
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