Marché et société - les relations marchandes et non-marchandes

Résumé du document

Les marchés nous sont familiers (automobile, légumes, vêtements, travail, actions, devises...). C'est là que l'offre et la demande se rencontrent et que s'établissent les prix. Ils peuvent être locaux, nationaux ou mondiaux.

Adam Smith a mis en évidence que le développement du marché résulte de la division du travail, elle-même fruit du penchant naturel des hommes à échanger. Sur ces marchés, les individus sont motivés par leur intérêt personnel : l'enrichissement. Or Karl Polanyi a montré, en s'appuyant sur de nombreux travaux historiques et anthropologiques, que les marchés ne sont pas le résultat d'un processus naturel, ils sont toujours le résultat d'une construction sociale. Ils sont institutionnalisés, c'est-à-dire créés par la volonté des hommes et/ou des États. Ce n'est qu'à partir de la Révolution industrielle que les relations marchandes vont s'étendre, devenir dominantes, gagnant non seulement les biens et les services, mais aussi la terre, la monnaie et le travail, jusqu'aux activités politiques, intellectuelles et spirituelles.

Extraits

[...] La police et la justice doivent contrôler l'application de ces normes, et le cas échéant, exercer des sanctions. Dans certains pays en développement, la faiblesse des institutions et des contrôles favorise des conditions de travail indignes. Ces règles sont nécessaires pour que la confiance puisse apparaître. En effet, il ne peut y avoir de relations d'échanges sans un minimum de confiance, comme l'a particulièrement souligné Amartya Sen. Cette confiance résulte d'un processus de construction de règles, mais aussi d'apprentissage des comportements adéquats. [...]

[...] D'autres formes d'échanges non marchands ? Ainsi, même si la logique libérale qui domine aujourd'hui conduit à une extension de la logique marchande, tout ne se réduit pas à l'échange marchand. Les hommes sont capables d'inventer de nouvelles relations aux autres, en particulier sous la forme d'échanges non marchands, comme en témoignent les SELs ou les échanges d'appartements à l'occasion des vacances. Les SELs témoignent de la créativité des hommes qui, en situation de crise, inventent d'autres formes d'échanges où la valeur n'est plus estimée en unité monétaire, mais en temps. [...]

[...] C'est au nom de cette croyance que les relations marchandes s'étendent et gagnent de nouveaux domaines. Si l'école a longtemps été non marchande, elle devient de plus en plus marchande avec le développement des écoles privées, en particulier dans l'enseignement supérieur. Les entreprises comme les individus sont aujourd'hui prêts à payer pour acquérir de la formation et l'OMC favorise le développement d'un marché mondial de l'éducation. Les caractéristiques de la personne, la présentation de soi, entrent aujourd'hui dans la détermination du salaire. [...]

[...] Dans la construction du marché de permis négociables, la présence de l'État est très forte : il définit le montant des quotas alloués en fonction du niveau de pollution accepté, organise le marché pour que se réalise l'échange des droits et fixe les sanctions pour les contrevenants. Parfois ce sont des associations qui fixent de nouvelles règles comme dans la production et le commerce équitables. Donc l'élaboration des règles pose la question de la démocratie. La vitalité des relations non marchandes A. Le don, caractéristique des sociétés premières ? L'étude du don dans les sociétés premières» met en évidence que les relations entre les individus ne peuvent se réduire à des logiques marchandes. [...]

[...] Car au-delà des objets échangés, ce sont les positions sociales, le prestige qui se manifestera. B. Quelle est la place du don dans les sociétés modernes ? Cet aspect relationnel reste extrêmement important aujourd'hui dans nos sociétés comme le montrent les différentes formes de dons analysées par J. Godbout, du cadeau, à l'héritage, en passant par le don du sang ou d'organes, sans oublier les oeuvres d'art qui relève du don que l'on fait de son don (Godbout), le système Linux ou encore le bénévolat. [...]