Dans son Traité d'économie politique (1803), Say ne consacre guère qu'une dizaine de pages à la loi des débouchés, mais ce sont ces quelques pages qui vont faire le plus pour sa renommée. La loi des débouchés finira ainsi par être connue comme la loi de Say, et va donner lieu à des débats virulents entre économistes, Keynes faisant même de l'adhésion à cette loi, dont il est le plus grand critique, le critère d'appartenance à l'économie "classique".
L'une des implications de la loi de Say étant l'impossibilité théorique des crises de surproduction, elle a été en fait très vite confrontée au démenti des faits. Dans quelle mesure survit-elle à l'épreuve de l'histoire ?
[...] - pour les classiques, l'identité de Say est préservée à long terme : Les classiques et les néo-classiques montrent cependant qu'il y a des mécanismes de retour à l 'équilibre sur le marché monétaire et sur celui des biens et des services, notamment l'effet d'encaisses réelles : la baisse des prix provoquée par la crise de surproduction, en revalorisant le pouvoir d'achat des encaisses monétaires des agents, les incite à dépenser une partie de ces encaisses pour assurer le maintien de leur niveau en valeur réelle, ce qui déclenche le processus de retour à l'équilibre. L'identité de Say reste donc valable à long terme. [...]
[...] Comme les besoins peuvent se multiplier à l'envie, la production peut rester durablement croissante. L'impossibilité théorique d'une crise de surproduction généralisée : - certains produits surabondent parce que d'autres manquent : Si certains produits n'arrivent pas à se vendre, c'est parce que d'autres productions ont été insuffisantes et ne peuvent donc pas leur servir de débouchés. Si des personnes ont moins acheté, c'est tout simplement parce qu'elles ont moins vendu, et ce en définitive parce qu'elles n'ont pas assez produit. [...]
[...] La loi de Say confrontée à l'expérience des faits : - les crises d'Ancien régime sont compatibles avec la loi de Say : Les cycles économiques de la première moitié du XIXème siècle, celle qu'a connu Say (qui meurt en 1832), sont encore essentiellement rythmés par les crises d'Ancien régime (notamment celle de 1810-1812, l'effondrement agricole de 1816-1832, la crise de 1838-1839, et surtout celle de 1845- 1846). Les dernières surviennent en 1853-1856, 1861-1862 et enfin 1867- 1868. Ces crises débutent généralement par une succession de mauvaises récoltes, qui se traduit par la baisse du pouvoir d'achat paysan. Or, les campagnes représentent encore à cette époque l'essentiel de la demande de produits manufacturés, en particulier sidérurgiques et textiles. La crise agraire débouche donc sur la baisse de cette demande, et donc rejaillit en définitive sur l'ensemble de l'économie. [...]
[...] Il introduit ainsi le concept de demande effective qui sera l'une des bases du keynésianisme. En fait, l'épargne est une entorse à l'idée que la monnaie est neutre : l'argent est conservé comme une réserve de valeur. Si comme Keynes on admet ainsi le rôle de la monnaie dans l'économie, alors la loi de Say est inacceptable. - il faut distinguer l'identité de Say et l'égalité de Say : L'identité de Say s'applique donc à une économie où la monnaie est sans influence sur le réel : elle n'est pas demandée en tant que telle, mais pour servir d'intermédiaire. [...]
[...] L'une des implications de la loi de Say étant l'impossibilité théorique des crises de surproduction, elle a été en fait très vite confrontée au démenti des faits. Dans quelle mesure survit-elle à l'épreuve de l'histoire ? La loi de Say : - la production ouvre les débouchés des produits : Le producteur doit trouver d'autres hommes ayant les moyens d'acheter sa production. Or, ces moyens ne peuvent provenir que d'autres produits résultants d'autres industries. Pour acheter, il faut donc produire, et toute production achète ainsi une autre production. [...]
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