Kuznets
[...] Pourtant, elle ne fait pas recette chez les économistes. Sur les quelque cinquante prix Nobel d'économie décernés, seuls deux l'ont été pour des travaux sur la croissance, à Robert Solow et à Simon Kuznets. Ce dernier a consacré toute une vie de chercheur à cet unique sujet. ANALYSE DE LA RÉALITÉ Il naît le 30 avril 1901 à Pinsk en Ukraine, dans une famille juive qui rêve de fuir aux Etats-Unis les pogroms tsaristes. Il s'installe à New York en 1922, y obtient son doctorat en 1926 et rejoint en 1927 le National Bureau of Economic Research, l'Insee américain. [...]
[...] Pour accélérer la croissance, l'Etat doit contribuer à cette diffusion : une politique de formation augmente les savoir-faire et les compétences de la main-d'œuvre, transformant les innovations en gains de productivité du travail ; le financement de la recherche scientifique favorise les découvertes et l'émergence du progrès technique ; le libre-échange accroît les débouchés qui garantissent la rentabilisation à long terme des nouvelles technologies. RÉGULATEUR CONJONCTUREL Son deuxième constat est que, à court terme, la croissance est cyclique. Récession et surchauffe, déflation et inflation se succèdent, selon un rythme déjà identifié par certains économistes du XIXe siècle comme le Français Clément Juglar. L'Etat doit chercher à lisser ces cycles. [...]
[...] Une telle politique n'aurait que des avantages : les salariés seraient satisfaits du pouvoir d'achat supplémentaire, les entreprises des débouchés nouveaux, et les chômeurs des emplois trouvés grâce à la croissance induite. Si l'on ne le fait pas, c'est peut-être parce que le lien entre consommation et croissance n'est pas automatique. Les politiques économiques du XIXe siècle ont lié épargne et croissance. Elles eurent à gérer des crises répétées de déflation. Les politiques économiques du XXe siècle ont lié consommation et croissance. Elles eurent à gérer une inflation, concomitante au chômage. [...]
[...] Elle n'est possible que dans un environnement culturel favorable, qui encourage le risque et reconnaît les fonctions entrepreneuriales, au même titre que les fonctions publiques ou artistiques. Pour sa part, Kuznets ne fait pas partie des audacieux économiques. La complexité du monde que lui montrent ses études le fait souvent douter et renforce sa modestie naturelle. C'est avec surprise qu'il apprend qu'il est lauréat du prix Nobel 1971, aboutissement d'une carrière qui se clôt officiellement cette année-là, mais qui ne s'achève en fait qu'avec sa mort en 1985. [...]
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