Karl Polanyi explique ce qui s'est passé dans l'économie britannique depuis le 17ème
siècle à partir du traité sur les enclosures. Il analyse le système de marché autorégulateur de sa
naissance jusqu'à sa mort. De ce système résulte la séparation de l'économie et de la société
qui se soumet alors au marché.
Il débute son ouvrage en présentant la situation politique du 19ème et du début du 20ème
siècle qu'il appelle « paix de 100 ans » et reposant sur quatre piliers : le système de l'équilibre
des puissances, l'étalon-or international, le marché autorégulateur et l'Etat. La matrice du
système est le marché autorégulateur. Le déséquilibre entre nations au sortir de la guerre fait
imploser le système.
Contrairement à Smith, Polanyi ne croit pas à la propension naturelle de l'homme à
échanger en vue de tirer un bénéfice, il parle de réciprocité et de redistribution là où Smith
parle de troc. L'échange par le marché est apparu progressivement. Quand le marché en vient
à maîtriser le système économique, la société subit une mutation importante. Le marché n'est
plus intégré dans la société, c'est la société et les relations sociales qui y sont encastrées. Le
marché autorégulateur suppose que tous les revenus soient issus d'une vente et donc la Terre,
le Travail et la Monnaie deviennent marchandises (fictives selon Polanyi car non produites
pour la vente). Si le travail est une marchandise, il y a soumission de la société au marché, on
ne peut vivre de son travail sans passer par le système. L'abrogation des lois sociales en 1834
marque la naissance de l'économie de marché. A partir de là, il y a tentative de mondialisation
du marché. Pourtant la non-adaptation des peuples colonisés au marché autorégulateur montre
que celui-ci n'est pas naturel. L'Homme n'est pas fait pour vivre dans un système de marché
autorégulateur. En effet, son installation requiert la destruction des sociétés traditionnelles où
il n'est pas menacé par la faim, car seule la faim incite à vendre son travail et non l'appât du
gain.
Pourquoi Polanyi est-il d'actualité ?
[...] A partir de là, il y a tentative de mondialisation du marché. Pourtant la non-adaptation des peuples colonisés au marché autorégulateur montre que celui-ci n'est pas naturel. L'Homme n'est pas fait pour vivre dans un système de marché autorégulateur. En effet, son installation requiert la destruction des sociétés traditionnelles où il n'est pas menacé par la faim, car seule la faim incite à vendre son travail et non l'appât du gain. La situation économique du début du 19ème siècle influence sur la politique. [...]
[...] Combien de temps la France pourra t'elle tenir ces positions ? A chaque fois que l'Europe a proposé de libéraliser, c'est à dire d'ouvrir à la concurrence, Paris a hurlé à la mort avant d'accepter ce qu'elle prétendait refuser la veille (télécoms, aérien, routier, poste ou rail, par exemple) (Libération 15/03/2002). La marchandisation de la société dans son ensemble paraît inexorable tant que le système économique néo-libéral contrôlera le système politique occidental, à moins que ce dernier ne soit déjà intégré dans la sphère marchande Polanyi portait comme condition à l'existence d'une économie de marché, l'existence dans le même temps d'une société de marché. [...]
[...] Cela ressemble fortement à une forme de paralysie politique que décrit Polanyi dans son livre. La paralysie économique est plus difficile à mettre en avant du fait de la totale souscription des entreprises, selon leur recherche d'efficacité, à une politique économique totalement dérégulée et non-étatique. Le fait que douze ministres de Berlusconi sur vingt-six soient des chefs d'entreprise révèle la dépendance de la politique par rapport aux décisions économiques qui risquent de primer sur les autres préoccupations qui touchent ordinairement un gouvernement. [...]
[...] Tous deux sont gouvernés par des coalitions composées entre autres de xénophobes ou de post fascistes. En Italie, outre la présence dans le gouvernement de Gianfranco Fini et d'Umberto Bossi tous deux d'extrême droite, c'est le contrôle des médias et donc de l'information par Silvio Berlusconi qui inquiète le plus le reste de l'Europe. Qui contrôle l'information contrôle la vie démocratique. Ce qui est également frappant quant on observe les politiques mises en place dans ces pays c'est l'adhésion très forte aux préceptes du néo-libéralisme. [...]
[...] Polanyi explique alors pourquoi ce nouveau statut conduit à l'anéantissement du travail et de la nature. Pour l'auteur inclure le travail et la terre dans le mécanisme de marché, c'est subordonner aux lois du marché la substance de la société elle-même Aucun des trois éléments n'est produit pour la vente, on ne peut donc les qualifier de marchandises. A notre époque, le travail, la terre et la monnaie étant inexorablement encastrés dans le marché, c'est de la naissance d'autres marchandisations dont on peut s'inquiéter : la culture, la santé, l'éducation, les services publics de manière générale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture