La Cote d'Ivoire et le cacao

Résumé du document

La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Cette situation est le résultat d'un démarrage précoce de l'économie de plantation, mais surtout de sa forte croissance après l'indépendance en 1960. Largement suscitée par l'Etat, cette croissance a entraîné toute l'économie ivoirienne, au point qu'on ait pu parler de « modèle » ivoirien de développement. Mais depuis les années 1980, cette agriculture est entrée en crise, entraînant tout le pays derrière elle : le « miracle » ivoirien laisse place au « mirage » tandis que se développe l'ivoirité qui rend les migrants responsables de tous les maux dont souffre le pays. Dès lors, comment ont évolué la place et le rôle de ces derniers dans les systèmes de culture et de production du cacao en Côte d'Ivoire.

Extraits

[...] La Côte d'Ivoire et le cacao La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Cette situation est le résultat d'un démarrage précoce de l'économie de plantation, mais surtout de sa forte croissance après l'indépendance en 1960. Largement suscitée par l'État, cette croissance a entraîné toute l'économie ivoirienne, au point qu'on ait pu parler de modèle ivoirien de développement. Mais depuis les années 1980, cette agriculture est entrée en crise, entraînant tout le pays derrière elle : le miracle ivoirien laisse place au mirage tandis que se développe l'ivoirité[1] qui rend les migrants responsables de tous les maux dont souffre le pays. [...]

[...] La prééminence du cacao en Côte d'Ivoire est un phénomène récent. Sous la colonisation, la France avait légèrement favorisé le développement du café dans le but de réduire ses importations onéreuses d'Amérique latine. La tendance s'inverse après l'indépendance et le cacao connaît un essor fulgurant. Ceci est lié à une politique volontariste des autorités qui ont cherché à promouvoir cette culture en instaurant un système de commercialisation et en déclarant que la terre à appartient à celui qui la met en valeur Se met en place une véritable économie villageoise reposant sur une agriculture extensive ainsi que sur l'intégration des cultures arbustives et vivrières. [...]

[...] De plus, il conduit, grâce à l'extension des plantations, à une croissance du domaine foncier, l'arbre étant objet de propriété en Côte d'Ivoire comme souvent en Afrique. En outre, les défrichements de la forêt permettent aux plantations de bénéficier de sols productifs, de l'absence de maladies et de la faiblesse de l'enherbement, une véritable rente forêt au moins tant que restent des forêts à défricher Pour pallier à la rareté de la ressource travail et développer l'agriculture de plantation à l'échelle de la zone forestière, les autorités ont mis en place une politique de valorisation attractive de la main-d'œuvre étrangère (libre entrée sur le territoire, revenus rémunérateurs et transférables, emplois disponibles). [...]

[...] De même, la chute des cours des prix aux producteurs, résultant d'une surproduction relative de l'offre sur le marché mondial (suite à l'entrée en scène de nouveaux acteurs d'Asie du Sud-Est) et de la suppression de la Caisse de Soutien et de Stabilisation des Prix des Produits agricoles (sous la pression des institutions financières internationales), se répercute sur la diminution de rémunérations rendant moins attrayantes les migrations du travail. À cela s'ajoute la politique des cartes de séjour qui encourage au départ les étrangers au moment où il faudrait les protéger. [...]

[...] Quant aux autochtones du Sud qui subissent la pression foncière exacerbée par les retours au village (suite à la crise urbaine), ils revendiquent les terres qu'ils ont cédées aux migrants, et ce, au nom de l'ivorité alors même que les migrants ivoiriens (Baoulés, Dioulas etc.) ont légalement les mêmes droits qu'eux. Il y a donc d'une certaine manière alliance entre les autochtones du Sud et le pouvoir dans leur attitude face aux étrangers dont ils estiment que le nombre a dépassé le seuil de tolérance acceptable En réalité, le poids des étrangers dans l'économie nationale est déterminé par les structures de celle-ci et surtout par le modèle de développement choisi par la Côte d'Ivoire. [...]