Dans le langage courant, l'entrepreneur est fréquemment assimilé au chef d'entreprise, au producteur. On ne peut pas estimer qu'il s'agit d'une erreur: une telle affirmation est vraie au sein du paradigme néo-classique. Cependant, les développements plus récents de l'analyse économique tendent à donner une définition plus précise de l'entrepreneur. Il s'agit alors d'un « agent économique qui prend des décisions dans un environnement incertain » (Boutillier & Uzudinis), à l'aide de capacités de jugement supérieures, et dont le comportement non-conformiste constitue le moteur de l'innovation. Cette définition montre qu'une distinction sémantique nette s'est installée entre le simple chef d'entreprise et l'entrepreneur.
Dès lors, qu'est-ce qui différencie l'entrepreneur du simple chef d'entreprise ?
L'entrepreneur se distingue du simple chef d'entreprise du fait de sa relation avec les notions d' « incertitude », de « risque » et d' « innovation » (I), ce qui conduit à une différenciation marquée de leurs motivations respectives (II).
[...] Les entrepreneurs peuvent donc avoir un rôle positif pour leur entreprise. Leur comportement est tout aussi vertueux à l'échelle de la collectivité. . ces dernières pouvant être renforcées par l'intervention des pouvoirs publics L'innovation correspond à la concrétisation d'une invention sous la forme d'un bien ou d'un service nouveau. En osant, on l'a vu, innover, l'entrepreneur se fait le vecteur du progrès technique. Celui-ci, selon les études macroéconomiques de Dubois, Carré et Malinvaud, explique jusqu'à 60% de la croissance économique. [...]
[...] Cependant, elles n'excluent pas tout approfondissement du concept d'entrepreneur. C'est en revanche le cas avec le paradigme marginaliste. Sous l'influence de l'analyse néo-classique, la notion d'entrepreneur va se confondre avec celle de chef d'entreprise. L'entrepreneur ne va plus être envisagé que comme un gestionnaire, un producteur qui tente de maximiser son profit sous contrainte de ressources. Etant donné qu'il y a Concurrence Pure et Parfaite, l'entrepreneur n'exerce aucune influence sur le marché (position de price taker), son profit est nul sur le long terme. [...]
[...] Ainsi, l'entrepreneur utilise ses capacités de jugement supérieures pour défier des situations d'incertitude et de risques. Il est de fait logique que l'entrepreneur devienne vecteur de l'innovation, au vu de tous les risques que comporte ce rôle. L'entrepreneur s'oppose ainsi aux simples chefs d'entreprise, qui se contentent d'imiter l'entrepreneur qui réussit. Il peut dès lors poursuivre des objectifs inaccessibles pour la plupart des producteurs, en raison de la trop forte aversion pour le risque de ces derniers. Parmi ces objectifs, on retient l'espoir de conquérir une situation de monopole temporaire grâce à une innovation. [...]
[...] Ce mode de fonctionnement des entrepreneurs peut par ailleurs être encouragé par l'Etat, lorsque celui-ci voit en eux l'une des clefs explicatives du progrès technique Bibliographie ( Paul A. Samuelson, William D. Nordhaus, Economie, Economica ( Sophie Boutillier, Dimitri Uzudinis, L'entrepreneur : une analyse socio- économique, Economica ( Alexis Karklins-Marchay, Joseph Schumpeter : vie, œuvres, concepts, Ellipses ( Jean-José Quilès, Schumpeter et l'évolution économique : circuit, entrepreneur, capitalisme, Nathan ( Israël M. [...]
[...] Cette incertitude laisse une place à l'entrepreneur. Les connaissances des agents économiques étant imparfaites, il va avoir pour rôle de cerner les occasions inexploitées, c'est-à-dire exercer un jugement critique sur le coût des inputs et le prix des outputs, ainsi que sur l'efficacité technologique. L'entrepreneur fait ainsi preuve de vigilance, soit de propension à pressentir où chercher l'information (Kirzner). Il reste cependant à déterminer qui sont ces entrepreneurs, capables de prendre des décisions avisées en situation d'incertitude. Knight les décrit comme étant motivés par le profit pur, ayant confiance en la supériorité de leur jugement (on rejoint ici les thèses de Mark Casson) et une faible aversion pour le risque. [...]
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