Aujourd'hui Friedrich Von Hayek est plus connu pour sa pensée philosophique, où il lie économie et sciences politiques, que pour sa pensée économique. Pourtant il a profondément marqué l'école néo libérale actuelle et celle-ci lui est redevable d'une importante dette intellectuelle. Paradoxe supplémentaire pour une carrière contrastée qui en est marquée. Hayek après avoir connu une certaine notoriété avec l'école néo classique de Vienne, sous l'influence de Ludwig Von Mises, émigre à Londres. A la tête de la London School of Economics dans les années trente, il participe aux controverses contre les économistes keynésiens (cf. La route de la servitude) et même contre le courant néo classique marginaliste. Après guerre s'ensuit une longue traversée du désert, parti aux Etats-Unis, il voit son influence s'étioler. Hayek revient sur le devant de la scène dans les années soixante dix, reconnu par ses pairs tel en témoigne le Prix Nobel d'économie en 1974 et la direction de la Société du Mont Pèlerin. Si la carrière de Hayek a connu un destin contrasté il n'en reste pas moins que l'homme a toujours conservé ses convictions profondes dans le libéralisme.
Dans les années quarante, à l'heure où les démocraties occidentales sont fascinées par l'expérience soviétique, rares sont les voix qui font entendre un son différent. Pourtant Hayek continuera son combat de libéral intransigeant, débuté dans les années trente marquées par le nouvel interventionnisme de l'Etat, et créera une forte polémique en publiant en 1944 La route de la servitude où il accuse les puissances alliées de s'assimiler au national socialisme qu'elles combattent. Le totalitarisme économique dans lequel s'installent le Royaume Uni et les Etats-Unis est donc inutile mais aussi dangereux. Ce combat qu'il va longtemps mener de façon minoritaire témoigne bien de la volonté de celui que l'on a pu appeler le « pape du libéralisme » [Elleboode]. C'est dans ce contexte qu'il écrit en 1945 l'article L'utilisation de l'information dans la société (The Use of Knowledge in Society). Cet article reflète la thèse profonde de l'auteur quant à l'importance du marché en accord avec la théorie néo classique mais montre aussi les différences qu'entretient Hayek face au courant marginaliste. Dans quelle mesure l'aspect novateur - voire hétérodoxe - de la pensée hayekienne en comparaison à l'analyse néo classique marginaliste conduit-il à une conception particulière du marché et consécutivement du rôle de l'Etat?
L'intérêt de cet article se conçoit au travers la dichotomie entre une définition organique du marché (I) reposant sur la synthèse entre une remise en cause de la vision marginaliste (A) et l'ajout d'éléments novateurs (B) et une définition matérielle (II) dans laquelle l'efficacité intrinsèque du marché (A') exclut l'intervention de l'Etat (B').
[...] Enfin la dernière accusation hayekienne du marché tel que l'entendent les néo classiques réside dans la notion d'équilibre dont il se démarque. L'ajustement ne se fait pas linéairement à la manière du commissaire- priseur mais selon un schéma plus proche du ressort les gens tentent par tâtonnement de rendre leurs actions plus compatibles entre elles. Hayek s'inscrit dans le cadre d'un approfondissement de la pensée néo classique du marché en complétant le modèle traditionnel d'homo economicus et en introduisant des concepts plus concrets et plus proches de la réalité l'analyse en terme d'équilibre [ ] laisse de coté les phénomène sociaux (p.135). [...]
[...] Ainsi la transmission de l'information ne serait pas fonction unique du système des prix. Dans la fin de son article, Hayek se déclare heureux de voir que l'idéologie et les clivages politiques puissent quitter le débat actuel sur la planification. Ainsi il se réjouit des positions nouvellement tenues par certains économistes, tel que Léon Trotski qui soutient que la comptabilité économique est impensable sans relations de marché (p.133). Cependant il serait pour le moins peu objectif de ne pas souligner que la position de Hayek restera longtemps très minoritaire. [...]
[...] Pendant près de trente ans la conception d'une économie planifiée (dans une voie plus modérée que ne l'envisage Hayek) domine la pensée économique. Ce n'est qu'avec le renouveau du libéralisme sous l'école néo libérale que Hayek retrouvera du crédit, Margaret Thatcher le présentant comme son économise préféré. Ce dernier qui prédisait l'impossibilité d'un système alternatif où l'efficacité et surtout la liberté seraient préservées (p.133) avait tout de même exagéré la portée de sa pensée puisque cette économie mixte n'a pas empêché l'expression des libertés individuelles. [...]
[...] L'interventionnisme étatique que préconise ce dernier correspond à la planification par un organe centralisateur que condamne Hayek. Tout d'abord privilégier cette voie revient à raffermir le préjugé scientiste. Hayek dénonce avec force la préférence accordée aux experts, à la science et à la connaissance technologique. Si en ce qui concerne cette connaissance scientifique les experts sont plus qualifiés que le citoyen lambda, il n'en reste pas moins que cette distinction s'efface dans le cadre de l'économie. En effet celle-ci se fonde pour une large part sur une connaissance non scientifique relative à la connaissance de circonstances particulières de temps et de lieu (p.121) et qui n'est détenue que par un unique agent ou un groupe restreint d'agents. [...]
[...] "L'utilisation de l'information dans la société", F.A Von Hayek Aujourd'hui Friedrich Von Hayek est plus connu pour sa pensée philosophique, où il lie économie et sciences politiques, que pour sa pensée économique. Pourtant il a profondément marqué l'école néo-libérale actuelle et celle-ci lui est redevable d'une importante dette intellectuelle. Paradoxe supplémentaire pour une carrière contrastée qui en est marquée. Hayek après avoir connu une certaine notoriété avec l'école néo-classique de Vienne, sous l'influence de Ludwig Von Mises, émigre à Londres. [...]
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