Daniel Cohen est né à Tunis, en 1953. Il a étudié à l'Ecole normale supérieure et à l'université d'Harvard. Il est professeur à l'ENS, membre du conseil d'analyse économique, directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP). Il est membre de l'association fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss Kahn, À gauche en Europe.
Son dernier livre, Trois leçons sur la société post-industrielle, est le résumé de trois conférences données en 2005 au Collège de France. Il a été publié par la République des Idées, une association présidée par P. Rosanvallon.
Dans ce livre, dont le titre est calqué sur un ouvrage de R. Aron, Dix-huit leçons sur la société industrielle, D. Cohen appréhende de façon globale les modifications du monde capitaliste européen à travers le prisme du passage de la société industrielle à une "société" post-industrielle. L'auteur commence par définir ce qu'il entend par société post-industrielle. Il est évident que ce terme est négatif, qu'il décrit la société par ce qu'elle n'est plus : elle n'est plus le lieu de la production, son activité économique est centrée sur la conception et la distribution. Mais il est également possible de décrire cette société de deux autre manières. En premier lieu comme une société de services, en se basant sur la typologie dressée par J. Fourastié, ou plus précisément un monde où les travailleurs sont de plus en plus en contact direct avec le client. (Face to Face, F2F). En deuxième lieu comme une société de l'information et de la connaissance (ex. du secteur pharmaceutique). Les entreprises ont intérêt à se concentrer dans des secteurs où la recherche et l'innovation permettent de créer des rentes technologiques très importantes.
[...] Le démembrement de la société industrielle rend essentiel la redéfinition d'un modèle social pourtant remis en cause. Cohen distingue deux causes au mal européen : son inadaptation globale aux défis de la société de l'information et de la connaissance qui se dessine et la divergence des modèles d'économies sociales qui la caractérise (le modèle français n'étant pas le plus performant). L'Europe craint la mondialisation car la plupart des échanges qu'elle connaît sont intra-européens. L'Europe fonctionne sur une division horizontale et non pas verticale de la production; elle ne fonctionne pas sur le modèle mondial. [...]
[...] Smith n'avait cru possible qu'une spécialisation là où existait un avantage absolu, alors que Ricardo aurait lui approfondi cette réflexion en montrant qu'elle l'était aussi quand un pays disposait d'un avantage comparatif. En réalité, Smith se préoccupait seulement des individus et non pas des nations, et Ricardo a étendu son raisonnement. La force de Cohen réside donc dans sa capacité à expliquer très simplement mais sans simplifier à outrance des théories qu'il relie entre elles pour expliquer le monde. La diversité des questions abordées est frappante : médias, communautarisme, terrorisme, pauvreté, écologie, éducation, téléchargement, gouvernance mondiale . [...]
[...] Comment faire pour que les pays du sud participent à la production immatérielle? Cohen oppose le Mexique à la Chine. Le Mexique est devenu l'usine des E.U, tandis que la Chine a su s'aider elle-même. La Chine a accumulé du capital par l'épargne, et est donc en mesure d'investir, et éduqué sa population. Les images de la mondialisation diffusent partout l'image de la prospérité, sans que celle-ci ne suive nécessairement le mouvement. Pourtant toutes les conséquences de cette diffusion ne sont pas négatives : l'aspiration à la prospérité a accéléré le contrôle de la fécondité par exemple. [...]
[...] Cohen s'appuie sur l'étude de P. Askenazy : les entreprises ont aujourd'hui besoin que leurs employés soient réactifs, adaptables, polyvalents et responsables, notamment parce qu'elles travaillent à flux tendus. Cette organisation existe depuis les années 1960 : Ohno avait mis en place un tel système dans les usines Toyota au Japon. Internet a néanmoins permis de radicaliser et d'étendre ce modèle. Quelles en sont les conséquences? Les nouvelles technologies permettent paradoxalement de rendre plus productif les travailleurs qualifiés et de déqualifier encore plus ceux qui ne le sont pas. [...]
[...] La troisième rupture est celle de la révolution culturelle de 1968. D. Cohen décrypte ce mouvement comme la révolte collective d'une génération contre la société encore fondamentalement holiste et standardisée de leurs parents, et les institutions qui la représente. Cette révolution a crée un malentendu entre étudiants et jeunes ouvriers qui se sont mis a envier le statut de ces derniers, et non pas à faire une révolution rouge. Cette contestation a également été a l'origine des découvertes technologiques comme Internet, issu du travail d'étudiants qui cherchaient à contourner un système payant. [...]
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