Il s'agit pour E.Todd de montrer en quoi le retour à un cadre national dans le commerce mondial est le seul moyen raisonnable de faire face à ce qu'on nomme la 'mondialisation'. Cette mondialisation est en fait à la fois une illusion et une réalité : une réalité parce qu'il existe bien évidemment une logique économique planétaire qui, faite de liberté de circulation des marchandises, des capitaux et des hommes pousse à une baisse des salaires des emplois non-qualifiés puis qualifiés, à une chute du taux de croissance et finalement, à une stagnation. Mais c'est aussi une illusion car elle n'est elle-même que la conséquence d'un déploiement de forces qui agissent beaucoup plus en profondeur, au niveau des structures sociales et mentales
[...] C'est dans cette situation que naît "antipopulisme" des élites françaises. Comme les valeurs anthropologique qui dominent la partie centrale de la France sont fondamentalement égalitaires, celui qui rejette explicitement l'idéal d'égalité est mis à l'écart du système idéologique national. De la sorte, les classes culturelles dirigeantes se tournent vers la figure de l'immigré. "Dans les classes cultivées, la combinaison d'un subconscient inégalitaire et d'un inconscient égalitaire conduit à se sentir solidaire des immigrés et détaché des ouvriers d'origine française plus ancienne." On s'émeut, rive gauche, pour les problèmes des sans-papiers et pour la défense des droits des immigrés, mais on n'arrive pas à s'intéresser au peuple des provinces asphyxié par une politique européenne et économique désastreuse De là découle l'une des idées-pivots du livre : la décomposition apparente de la nation est un phénomène endogène, résultant de la dissociation des strates culturelles. [...]
[...] "Le libre-échange crée un univers ( ) dans lequel l'entrepreneur n'a plus le sentiment de contribuer, par les salaires qu'il verse, à la formation d'une demande globale d'échelle nationale". La masse salariale devient alors un coût que l'entreprise a intérêt à comprimer autant que possible. Cette "mise hors nation" de l'économie ramène le capitalisme à un stade pré-keynésien (et pré-national) dominé par le seul jeu des forces micro-économiques. La société de consommation est morte ; vive la société d'exportation société inévitablement minée par une tendance de long terme à la stagnation. [...]
[...] Todd (Emmanuel), l'illusion économique "Le mot République n'est que le nom de gauche de la nation" Emmanuel TODD Auteur : Emmanuel Todd est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris. Il est docteur en histoire de l'université de Cambridge et il est également anthropologue et démographe de formation (il par exemple, été membre de l'Institut nationales d'études démographiques (INED)). Universitaire atypique, sa méthode originale consiste à appliquer les cadres de l'anthropologie (essentiellement les structures familiales primitives) à l'analyse historique et politique. [...]
[...] Une illusion tragique, dont la puissance a conduit à l'incohérence économique du monde développé, à travers les expériences désastreuses que sont le libre-échange intégral et la construction monétaire de l'Europe." B - L'utopie libre-échangiste Aujourd'hui, le protectionnisme est officiellement considéré par les élites occidentales comme une doctrine dépassée, économiquement et politiquement néfaste. Mais les données globales son là : l'économie mondiale va de moins en moins bien. On peut expliquer cela assez facilement. Dans une société fortement consciente de son unité (comme les sociétés occidentales au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, par exemple) une entreprise ne considère pas la diminution de sa masse salariale comme une priorité. Elle sait que les salaires qu'elle verse sont une fraction de la demande globale donc de ses débouchés. [...]
[...] Dans le premier cas la nation homogène se dissout, se "déshomogénise", mais la stabilité du système politique n'est pas mise en péril. En revanche, dans le second cas, le modèle intégré a jusque là résisté, les nations concernées ne se considérant certes pas comme homogènes mais plutôt comme constituées de groupes sociaux complémentaires. Il est cependant impossible de prédire si ces sociétés continueront à résister longtemps au processus de fragmentation. Le cas de la France, nation hétérogène sur le plan anthropologique est plus complexe. Le subconscient culturel produit, depuis les années 1970 des affirmations élitistes. [...]
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