La question de l'émergence du capitalisme en est une éminemment politique. En effet, s'interroger sur ce processus c'est affirmer à la fois l'historicité et la spécificité d'un système socio-économique souvent posé comme éternel et universel. Nous nous pencherons ici sur une partie des travaux de K. Polanyi, penseur marxien qui s'est attardé à la question de l'émergence du capitalisme, notamment dans son ouvrage La Grande Transformation (1944) au cours duquel il analyse la transition de la société traditionnelle anglaise à une société de marché, caractérisée par l'apparition simultanée de l'économie de marché et l'État-nation.
Notre analyse portera principalement sur son texte «Le sophisme économiciste», dans lequel il s'attarde à définir, premièrement, ce sophisme, résultat selon lui de l'esprit marchand, et deuxièmement, à expliciter les deux définitions du mot économique, soit formelle et substantive. Après avoir résumé le propos de Polanyi, nous analyserons son texte et particulièrement la conception de l'économie qui la sous-tend. Par la suite, dans une perspective plus critique, nous tenterons de confronter certaines thèses polanyienne, notamment en ce qui concerne sa définition de la marchandise.
[...] En effet, celle-ci est problématique car en affirmant qu'il existe des marchandises fictives la terre, le travail, l'argent la théorie polanyienne affirme indirectement qu'il existe des marchandises réelles, c'est à dire des marchandises qui existeraient en elles-mêmes, des objets produits directement pour l'échange. De ce fait, en mettant l'accent sur le caractère «fictif» de certaines marchandises, Polanyi naturalise la marchandise. Or, il s'agit là selon nous d'une erreur puisque la marchandise n'est pas un simple produit du travail, mais la forme sociale du produit du travail dans les rapports de production capitalistes. En effet, tel que le démontre K. Marx, la marchandise n'est pas un fait naturel, c'est un rapport social. [...]
[...] Cette adéquation entre naissance du marché et «découverte» de l'économique est fondamentale pour Polanyi car c'est elle qui est à la base du sophisme économiciste. Au départ simple confusion, l'identification de l'économique au marché devient rapidement une exigence concrète, particulièrement avec l'émergence de la société industrielle moderne. En fait, pour Polanyi, à travers le développement des marchés qui se désenclavent pour se généraliser ce sont les fondements mêmes de la société qui seront bouleversés. Ainsi, l'institutionnalisation du marché «impulsa alors une autre transformation encore plus considérable : une société tout entière encastrée dans sa propre économie une société de marché.»[2] Dès lors, l'économicisme devient la capacité théorique à unifier marché et société. [...]
[...] C'est en effet la thèse de N. Postel et R. Sobel, qui affirment en fait que si Polanyi critique l'économicisme inhérent à la définition de l'économie formelle fondée sur le triptyque «marché-rareté- rationalité», sa propre proposition d'une définition de l'économie substantive selon le triptyque «besoin-nature-institution» retombe en fait dans l'économicisme. En effet, selon les auteurs, la définition polanyienne de l'économie substantive en tant que triptyque intégrant celui de l'économie formelle, est certes un avancement mais n'est pas satisfaisant. En cherchant à remplacer la fausse universalité de l'économicité par une nouvelle universalité basée sur le besoin sans tenir compte du fait qu'il est socialement institué, Polanyi tombe de nouveau dans l'économicisme, bien que cette fois cela soit contre son gré. [...]
[...] Fiche de lecture : Le sophisme économiciste - K. Polanyi SOC3052 gr Sociologie économique Université du Québec À Montréal 19 octobre 2010 La question de l'émergence du capitalisme en est une éminemment politique. En effet, s'interroger sur ce processus c'est affirmer à la fois l'historicité et la spécificité d'un système socio-économique souvent posé comme éternel et universel. Nous nous pencherons ici sur une partie des travaux de K. Polanyi, penseur marxien qui s'est attardé à la question de l'émergence du capitalisme, notamment dans son ouvrage La Grande Transformation (1944) au cours duquel il analyse la transition de la société traditionnelle anglaise à une société de marché, caractérisée par l'apparition simultanée de l'économie de marché et l'État-nation. [...]
[...] S'il s'agit du second, il y a universalisation d'un comportement créé par la société de marché. Finalement, Polanyi examine l'évolution de la définition de l'économique de Menger. Dans un premier ouvrage celui-ci la définit comme l'étude de l'allocation des ressources limitées afin de combler les besoins de l'homme. Or, en tenant d'appliquer cette définition à d'autres sociétés, Menger se heurte à un mur et réalise la confusion qu'instaure cette définition. Ainsi, dans la réédition de ses Principes, il proposera une distinction entre l'économie de marché et celles non-marchandes. [...]
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