Richesse du monde, pauvreté des nations. D. Cohen

Résumé du document

Fiche de lecture: La réflexion de D.Cohen s'inscrit dans le contexte actuel de la crise de l'Etat-Providence, du développement des inégalités et d'un fort taux de chômage. D.Cohen part d'un constat simple : dans les yeux de l'opinion publique, la mondialisation est le coupable des maux économiques que connaissent les sociétés des pays riches

Extraits

[...] C'est justement cette idée qui a longtemps alimenté les craintes du Sud à l'égard de la mondialisation. A présent, ce sont les pays riches qui craignent la mondialisation en s'imaginant qu'elle sera la cause de leur propre désindustrialisation, or il est évident que ce processus n'est pas à l'œuvre. Cette crainte repose sur l'idée que la mondialisation contraint le Nord à une spécialisation des échanges, à la production de biens toujours plus riches en capital. De ce fait, se développeraient dans le Nord essentiellement des emplois très qualifiés et la structure du marché de l'emploi s'en trouverait modifiée. [...]

[...] Une seule personne incompétente déclencherait le processus issu de la théorie du O-ring, c'est à dire qu'elle mettrait péril toute la chaîne de production. Cette théorie du O-ring est ainsi à l'origine d'inégalités bien plus importantes que celles qui peuvent éventuellement découler de la mondialisation, dans la mesure où elle est à la source d'une très importante segmentation du marché du travail. Ainsi, on aboutit à des “appariements qui laissent la place aux pays du Sud dans les domaines qui requièrent peu de qualification. [...]

[...] Le conte de deux villes : A la fin du 18ème siècle, les écarts de revenu entre les différents continents sont de faible amplitude ; ainsi penser que le Nord a de tous temps étalé des richesses insolentes aux yeux du Sud serait une grave erreur historique. Ce n'est que la 1ère révolution industrielle qui vient amener des bouleversements considérables et creuser les inégalités entre les nations qui perdurent jusqu'à aujourd'hui (les nations les plus riches sont jusqu'à 50 fois plus riches que les nations les plus pauvres). Toutefois, il n'existe pas de fatalité de sous-développement. Les économistes ont ainsi mis en lumière les conditions qui peuvent mener à la convergence des différentes économies mondiales et qui sont : la scolarisation, l'investissement et l'ouverture commerciale. [...]

[...] Ainsi, c'est d'abord en elle-même qu'une société fragilisée doit trouver les moyens de lutter contre l'accroissement des inégalités. Dans ce sens, nous pouvons dire que l'ouvrage se veut aussi être une incitation à la prise en main de soi-même. Ainsi, si l'œuvre de D.Cohen présente bien des qualités, on ne peut toutefois se garder d'émettre quelques réserves face à certaines de ses hypothèses. En effet, si sa théorie des appariements sélectifs semble être un outil intellectuellement séduisant, elle semble manquer d'empirisme. [...]

[...] Ainsi, en Allemagne, on constate que dans les Lander les plus riches, en particulier en Bavière, la solidarité vis-à-vis des Lander les plus pauvres de l'ex-RDA est parfois contestée(contestation du système de péréquation financière). Un même mouvement de désaffection par rapport à une partie du pays, se produit en Italie où la Padanie aimerait ne plus entendre parler du Mezzogiorno, dont elle doit payer les retards de développement Cela dit, il faut admettre que ces exemples restent très ciblés et qu'on ne peut les multiplier à l'envi pour les besoins d'une démonstration. [...]