Gérard Thoris est professeur de sciences sociales en classe préparatoire littéraire au lycée Henry IV et enseignant à l'IEP de Paris. Il s'intéresse à une particularité fondamentale de l'économie actuelle des Etats-Unis : ses déficits. Le monde est en effet depuis les années 1970 dans la situation inédite où la première puissance économique est également le pays le plus endetté, en déficit chronique et presque continu. Cette situation, qui alimente de nombreuses polémiques, est-elle effectivement préjudiciable à la stabilité économique mondiale ? A qui nuit-elle ? Selon Gérard Thoris, ce sont les partenaires commerciaux des Etats-Unis qui souffrent le plus de cette configuration économique spéciale et non les Etats-Unis eux-mêmes.
Avant de développer le propos de l'auteur, il est utile de définir les déficits ici évoqués : il s'agit de celui de la balance commerciale ou balance courante, qui signifie que les Etats-Unis importent plus en valeur qu'ils n'exportent, et le déficit de la balance budgétaire, qui indique que l'Etat américain perçoit moins de recettes qu'il n'effectue de dépenses.
[...] Qui a peur des déficits américains ? Gérard Thoris Gérard Thoris est professeur de sciences sociales en classe préparatoire littéraire au lycée Henry IV et enseignant à l'IEP de Paris. Il s'intéresse à une particularité fondamentale de l'économie actuelle des Etats-Unis : ses déficits. Le monde est en effet depuis les années 1970 dans la situation inédite où la première puissance économique est également le pays le plus endetté, en déficit chronique et presque continu. Cette situation, qui alimente de nombreuses polémiques, est-elle effectivement préjudiciable à la stabilité économique mondiale ? [...]
[...] Les effets sont similaires en régime de changes flottants, une devise remplaçant l'or, où le déficit engendre une dépréciation monétaire qui augmente la compétitivité du pays en question et stimule ses exportations, rééquilibrant automatiquement la balance. L'analyse économique pure affirmerait donc que la faculté auto-équilibrante des balances rend les déficits commerciaux impossibles sur le long terme. Cette acception théorique est contredite empiriquement par l'expérience américaine. Cette situation trouve son explication dans un facteur psychologique déterminant : la confiance dans une devise. On constate en effet l'existence chez les acteurs d'une préférence ou d'une aversion pour la détention d'une devise selon que le pays qui l'émet a une économie dynamique et stable ou non. [...]
[...] De toute façon, le stock d'euros aujourd'hui en circulation n'est pas suffisant pour fournir la liquidité nécessaire au monde et prendre la place du dollar. L'Europe n'a pas (et n'aura pas en vertu du pacte de stabilité) un déficit assez important. C'est donc une illusion de croire que le développement de l'euro pourrait rendre impossible les déficits américains conclut Gérard Thoris. Enfin, si l'on déplore la situation actuelle où la première puissance économique effectue une ponction considérable sur l'épargne mondiale et vit à crédit, force est de constater, ainsi que le souligne l'auteur, qu'il n'existe aucune alternative convaincante au système actuel. [...]
[...] Sans mécanismes monétaires rigoureux de régulation des déficits tels le Bancor que soutenait Keynes à Bretton Woods, les conflits commerciaux ont tendance à se multiplier. Ils opposent la première puissance mondiale à l'Europe reconstruite dès la fin des années 1960. Mais la réévaluation du mark enclenche un cycle vertueux qui en poussant le pays à améliorer sa productivité augmente sa compétitivité. En conséquence, le dollar est dévalué en 1971. Le même principe opère avec le Japon dont la monnaie sous- évaluée stimule les exportations dès les années 1970. [...]
[...] Ceux-ci modulent donc la valeur de leur monnaie en fonction de celle du dollar pour ne pas perdre au change. En Europe, la situation est différente. Dans cette zone où la priorité monétaire est la lutte contre l'inflation et la stabilité des changes, pratiquer un suivisme aussi radical que les Asiatiques n'est pas envisageable. Alors la baisse du dollar ne serait effective que vis-à-vis de l'euro ; celui-ci porterait tout le poids de l'ajustement des changes Epineuse situation. Qu'en est-il d'ailleurs des conséquences de cette nouvelle monnaie pour le système monétaire international ? [...]
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