[...]
Il existe une explication traditionnelle du chômage : trop de charges pèsent sur les entreprises. Les allocations sont trop généreuses pour inciter à accepter des emplois mal payés. Delors explique ainsi en 1993 que le chômage est lié au manque de compétitivité des pays européens face au Japon et aux USA. La solution réside dans des programmes d'investissement dans les hautes technologies et dans l'infrastructure. Cela repose sur l'idée que les états sont en concurrence sur le marché mondial (hypothèse qui est fondée sur l'analogie entre un état et une firme). On dit d'une firme qu'elle est compétitive lorsqu'elle ne risque pas de faire faillite car son marché n'est pas menacé. Or un état ne peut pas faire faillite et sa compétitivité ne se mesure pas avec sa balance des paiements. Le Mexique, dans les années 80 maintient une balance commerciale excédentaire pour payer les intérêts de la dette extérieure car la situation intérieure est trop mauvaise pour attirer les capitaux. Dans les années 90, le solde devient déficitaire quand les investisseurs étrangers qui ont repris confiance prêtent abondamment au Mexique.
Laure d'Andrea Tyson définit la compétitivité comme "notre capacité à produire des biens et services qui passent le test de la compétition internationale pendant que nos citoyens jouissent d'un niveau de vie qui est à la fois en progression et durable".
Le taux de croissance du niveau de vie est à peu près égal au taux de croissance de la productivité intérieure et non pas la productivité par rapport aux pays concurrents. Les USA sont à 90% une économie produisant des B&S pour sa propre économie. Si l'économie européenne se porte bien ce n'est pas aux dépens des USA, au contraire, cela l'aide en lui ouvrant un marché étendu en vendant plus de produits. Si on dit que la compétitivité est de l'ordre de la compétition internationale, que les importations privent les travailleurs d'emplois, alors il apparaît plus facile de la restaurer que si elle tient de la productivité interne. Raisonner en termes de compétitivité peut poser des risques. Cela peut favoriser une mauvaise allocation des ressources de la part de l'état (dans l'industrie ou la concurrence règne aux dépens des services où elle est moindre et qui regroupent la majorité des emplois) et des conflits commerciaux (protectionnisme).
Cette idée est développée par Lester Thurow dans The coming battle among America, Japan and Europe et qui influencera la politique de Clinton (...)
[...] Ce qui est faux, c'est la vision de la monnaie comme saine et le refus de toute politique monétaire active. Ainsi, le Canada qui en 1990 fait une alliance commerciale avec les USA voit la même année son taux de chômage augmenter ; mais la véritable raison est la politique monétaire très restrictive de l'époque. Pour continuer son développement, le Mexique dans les années 90, la Chine aujourd'hui doit dévaluer sa monnaie. Chapitre 9 : L'ALENA, des vérités difficiles à dire Les partisans de l'ALENA affirment que, cela permet d'amplifier la taille du marché mexicain, donc que cela offre plus de débouchés aux exportations américaines. [...]
[...] Si la productivité s'accroît dans les pays du Sud dans les biens de faible technologie, la force de travail du Sud produira des biens de faible technologie encore meilleur marché (ce qui augmente le salaire réel du Nord). Si la productivité progresse dans les produits de moyenne technologie, les salaires relatifs progressent dans le Sud. Comme la productivité n'a pas changé dans le secteur de la faible technologie, les prix de ces biens vont augmenter ce qui se traduit par une baisse du salaire réel au Nord. Si la productivité progresse de manière égale dans les deux secteurs, les salaires relatifs progresseront mais cela sera compensé par la hausse de la productivité. [...]
[...] En effet, étant relativement plus doté en travail plus qualifié, la demande de ce travail est importante, elle tend à s'accroître, alors qu'à l'inverse, la demande du facteur travail faiblement qualifié aura tendance à diminuer. Ce faisant, cette hausse de la demande de travail qualifié et cette baisse de la demande de travail peu qualifié va aboutir à une hausse des salaires des plus qualifiés et à une baisse des salaires des moins qualifiés. (conformément à la loi de l'offre et de la demande). Le processus est inverse chez les pays pauvres. [...]
[...] Ce faisant, la mondialisation serait coupable aux USA de diminuer les salaires des emplois industriels et d'accroître les inégalités. Or selon Krugman, ce processus s'explique de manière interne. C'est plus le déversement de l'emploi, la valorisation des emplois plus qualifiés correspondant aux exigences de productivité et de savoir-faire dans une société incorporant plus de progrès technique qui explique ces variations au sein de l'emploi aux Etats- Unis. La mondialisation n'est donc pas coupable des inégalités, ni de la baisse des salaires de l'emploi industriel mais elle peut certes jouer dans le même sens que les évolutions internes. [...]
[...] Plus généralement, il y a la peur que la productivité (qui dicte le rythme de la croissance) soit plus faible aux USA que dans d'autres pays. La concurrence extérieure peut réduire le revenu intérieur par le mécanisme des termes de l'échange, la concurrence forçant le prix des produits américains à la baisse. C'est notamment le cas de la dévaluation du dollar : cela entraîne un renchérissement des prix à l'importation, d'où une baisse du salaire réel puisque les Américains vont payer plus cher leurs exportations et vendre leurs produits moins cher. [...]
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