L'idée principale du texte est de montrer que le modèle néoclassique du marché avec une concurrence pure et parfaite ne s'applique pas dans la situation du funéraire. Dans le funéraire, comment se rencontrent l'offre et la demande ? Ce n'est pas autour de la formation d'un prix, mais c'est tout un procédé qui va amener à capter le client pour l'amener à procéder à l'échange. L'économie de la qualité est un concept de Karpik (cf. « L'économie de la qualité »).
On trouve un cas de rencontre d'économie de la qualité lorsque l'incertitude sur la qualité de l'offre implique que le marché, pour s'ajuster, recourt à différents types de dispositifs permettant aux demandeurs d'avoir des informations sur l'offre et de s'adapter au marché.
[...] L'opacité du marché empêche d'accéder à des informations sur les différentes offres, d'autant que le demandeur est dans une contrainte de temps, puisqu'il doit agir dans l'urgence. Pour Pascale Trompette, il y a trois caractéristiques de la demande : l'émotion, l'urgence et l'ignorance. On a donc affaire à la figure sociale du client égaré dans l'économie de la qualité. L'hypothèse de Trompette est que l'offre et la demande vont passer par des dispositifs sociaux qu'il convient de décrire. Il y a une importance de la confiance : on ne passe pas par un jugement sur la qualité des biens. [...]
[...] L'image qui montre le mieux la captation : les parents arrivent à l'hôpital et le croque-mort est déjà dans la chambre mortuaire. Evolution des formes de la concurrence du marché du funéraire et le lien avec l'économie de la captation Au départ, c'est-à-dire au début du siècle, on a un monopole des mairies : ce sont elles qui décident à qui elles confient les corps, comment elles organisent la cérémonie, etc. Dans les années 60, les croque-morts se déplacent dans l'hôpital, ils se rapprochent du client, et développent les chambres funéraires : ils vont à la conquête des cadavres C'est un moyen de mieux contrôler la circulation des morts. [...]
[...] Enfin, l'économie de la captation est liée au tabou culturel. La mort dans nos sociétés est un sujet tabou, ce qui fait qu'on ne lie pas automatiquement la mort et la rationalité de marché. La captation marche aussi pour cette raison, car un client peut culpabiliser d'avoir à rechercher de l'information pour enterrer un proche au meilleur coût. [...]
[...] Dans une économie de la captation, les offreurs remontent pour éliminer le choix du client. On va donc trouver ce type d'économie dans les industries où il y a une offre technique qui les place en situation de monopole (communication, chemin de fer, etc.) : les individus sont alors obligés de prendre telle ou telle compagnie. Par exemple, les agents funéraires fournissent une chambre funéraire. Techniquement, ils permettent aux médecins et aux infirmières de se débarrasser d'un corps mort pour ainsi libérer une chambre. [...]
[...] L'opacité des informations sur l'offre disponible est un autre élément de l'économie de la captation. Il est alors difficile pour un client de revenir en arrière. Les agents funéraires en enlevant le corps n'informent pas les familles sur les autres offres du marché, c'est donc à lui d'aller chercher l'information. Mais la recherche d'informations a un coût en argent et en temps. Or dans le cas d'un décès, on se trouve dans une situation d'urgence et de désarroi. Ainsi, pour le client, renoncer au contrat mis en place en amont par la maison funéraire, sous-entend d'aller ensuite prospecter et de passer du temps à s'informer. [...]
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