"La nouvelle question scolaire, les bénéfices de la démocratisation", Éric Maurin

Résumé du document

Éric Maurin propose à travers ce livre une vision globale de la démocratisation scolaire. En utilisant de nombreuses études empiriques, concernant toutes les périodes de démocratisation, il cherche ainsi à démontrer que la démocratisation a bien joué un rôle positif pour l'ensemble de la société.
La première partie se penche sur la première vague de démocratisation (à partir de 1970), concernant les écoles primaires et collèges. La seconde partie traite de la deuxième vague de démocratisation scolaire celle-ci durant les années 1980 et 1990. L'auteur contredit certaines idées selon lesquelles la démocratisation scolaire n'aurait pas endigué le chômage, pire encore elle aurait entrainé une dévaluation des diplômes. Il explique que ce scepticisme viendrait donc du fait que la société n'en tire aucun avantage réel.

Extraits

[...] La plupart des exemples et études citées dans le livre sont très divers, prenant en compte tous les effets de la démocratisation scolaire. Eric Maurin est favorable aux études empiriques, la pertinence de certaines études rend ainsi les arguments défendus très convaincants. Dans la troisième partie, l'auteur ne se contente pas de proposer uniquement des voies d'amélioration, il note avec justesse les points à améliorer en France, comme dans le chapitre 8 où il évoque la montée des inégalités entre diplômés et non diplômés. [...]

[...] De plus, le taux de chômage des jeunes serait une illusion statistique puisqu'il ne prendrait en compte que les actifs (donc ceux qui ont eu des difficultés à continuer leurs études). Enfin, Eric Maurin critique la théorie du signal par le fait que le revenu d'un diplômé d'une grande école, par rapport à tout autre diplômé, a diminué. Cette théorie ne s'appliquerait donc pas. Les deux premières parties concluent que la démocratisation scolaire est positive pour la société. Mais elle ne reste pas sans question. Faut-il relancer l'effort de démocratisation scolaire, et si oui comment et par quels moyens ? [...]

[...] Le manque d'information ne permet pas de dire que la relation favorable entre la démocratisation scolaire et une plus grande égalité des chances est toujours vraie. La seconde partie comporte également quelques éléments discutables. Tout d'abord, ce n'est pas parce qu'une génération mieux formée possède en moyenne une meilleure situation professionnelle que les employeurs accordent une plus grande importance aux qualifications professionnelles. D'autres facteurs tels que le progrès technique peuvent influencer le choix des entreprises. Pour finir, dans la troisième partie, le simple fait que les plus diplômés s'intègrent mieux que les non-diplômés sur le marché du travail ne suffit pas à en déduire qu'il en faut plus. [...]

[...] Ensuite, la question du financement est primordiale pour assurer un plus grand nombre de diplômés du supérieur. L'auteur explique que l'Etat pourrait utiliser les fonds pour des grandes écoles pour le développement des universités, il propose également de faire payer les ex-étudiants arrivant sur le marché du travail, cette solution a été élaborée en Australie ou elle connait un grand succès. Pour finir, l'augmentation de diplômés passe par une lutte contre l'échec dans le secondaire et dans le supérieur. En effet, il existe des problèmes d'orientation dans le supérieur, puisque les seules formations gratuites et non sélectives sont à l'université, or celle-ci se consacre quasiment qu'aux études longues, qui peuvent être inadaptés pour certains élèves que l'université attire. [...]

[...] Cette solution est donc partielle dans la mesure où si certains étudiants refusent d'emprunter pour financer leurs études (ce qui peut expliquer leur choix pour les universités et lycées publics), ils ne se soumettront pas à cette forme de taxe après études. Cela se rapporte plus à une question de culture plutôt qu'à une question de principe de financement. D'un point de vue général, ce livre reste très convaincant et agréable à lire, avec des arguments forts, précis sur tous les points de la question. [...]